Astropolis, 13ème édition, jusqu’au 5 août, à Brest.
Astropolis au matin, ça danse encore... (archives 2006). © DR
< 03'08'07 >
« La force d’Astropolis, c’est qu’on y fait la fête »

« Historique » des festivals électro, Astropolis entamait jeudi soir sa treizième édition, en douceur mais fermement coachée par Miss Kittin. L’édition 2006 avait attiré 12000 spectateurs, cette Voodoo Edition en espère 15 à 18 000 (plus de lieux de concerts). A l’extrême pointe Ouest de la Bretagne, le festival issu de la mouvance des raves des années 80, n’a pas grossi comme les Nuits sonores de Lyon, mais n’a pas non plus disparu comme d’autres précurseurs. Est-il pour autant devenu une institution ? Poptronics a posé la question à Matthieu Guerre-Berthelot, organisateur de cette petite entreprise (la dizaine de permanents gonfle jusqu’à 500 personnes, intermittents et bénévoles, pendant le festival).

C’est pas un peu dur d’avoir un rôle de pionniers à assumer ? Comment faites-vous pour ne pas vous laisser rattraper par les petits nouveaux sur la scène sans pour autant céder aux sirènes du revival rock ?

On était parmi les pionniers, mais pas les premiers. A l’époque, nous étions sous influence des Transmusicales de Rennes, de Tribal Gathering britannique ou du Sonar barcelonais. On est peut-être les plus vieux, mais certainement pas les plus gros puisque les Nuits sonores à Lyon font déjà plus d’entrées que nous pour leur troisième édition. Mais nous n’avons jamais eu vocation à être le Midem de la Techno. Astropolis est avant tout une grosse fête : nous sommes issus de la culture rave, une culture festive, avec une histoire puissante, du before jusqu’à l’after, où il ne s’agit pas de présenter les artistes du moment. La force d’Astropolis, qui fait qu’on a un public fidèle (un tiers de gens du coin, un tiers du grand Ouest et un tiers du reste de la France et de l’étranger), c’est que les gens viennent y faire la fête.

Même pas peur de la concurrence alors ?

Non pas du tout, on se donne des coups de main, on fait du lobbying ensemble, et puis, on n’est pas si nombreux en France... Lyon était une ville sinistrée pour la techno. Heureusement, les maires ont vu avec Barcelone qu’il s’agissait d’une culture jeune qui rameutait du monde. Du coup, avec le soutien politique financier d’une grande ville qui n’a plus peur de la techno, les Nuits sonores ont pu exister. Quant aux autres festivals, qui ont des affiches parfois très proches, ils aident à construire une autre image de la techno : les gens savent qu’ici, on se couche tard. Plus que la techno, ce qui nous fédère c’est une autre culture, plus proche du clubbing.

Et vous ne cédez pas aux sirènes de la surenchère, en invitant cette année Justice, dont le premier album a déclenché un raz-de-marée médiatique ?

On les avait bookés en octobre de l’an dernier, avant que ça explose et c’est tant mieux pour eux. Astropolis ne peut pas être que novateur, on a eu Bangalter (des Daft Punk, ndlr) qui est venu faire un bœuf en 1999… Et puis, moi qui suis depuis quinze ans dans la musique techno, je peux affirmer que le côté médiatique n’a rien à voir avec l’authenticité de la musique. Un Laurent Garnier par exemple, a su rester vachement intègre. Ce qui nous plait, c’est de venir faire jouer Justice dans un dance-floor un peu zarbi, entre Dj Hell et Nathan Fake (le 4/08), avec leur musique un peu easy qui plait à tout le monde. On aime la pop grand public de Justice, oui.

Comment concilier le grand écart entre Justice ou Miss Kittin d’un côté et la scène hardcore autour de Manu le Malin de l’autre ?

Les Nuits sonores pas plus que les Transmusicales ne programment de hardcore, qui nous a toujours plu. Depuis les premiers Tecknivals dans les bois, en Bretagne, ces sons assez durs sont d’autant plus bienvenus à Brest qu’ils ne sont pas joués sur d’autres scènes.

annick rivoire 

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