Ecocho, un moteur de recherches tendance bio, lancé dans 14 pays, dont la France depuis une semaine.
Ecocho convoque l’esprit de la forêt (ici Daintree Rainforest, la plus grande forêt tropicale d’Australie). © DR
< 23'04'08 >
Le marketing écolo d’Ecocho, c’est du grand arbre !

Après les yaourts bios, le Mac vert, la crème de jour eco-friendly, et tant d’autres choses de la vie glacées d’un vernis vert, Ecocho, le premier moteur de recherche écolo a vu le jour en France la semaine dernière. Il nous vient d’Australie et vient d’être simultanément lancé dans 14 pays, dont la France.

Ecocho n’a rien de sorcier : il s’appuie sur les technologies de recherche de Yahoo et Google. Rien de sorcier, mais ça ne l’empêche pas de vouloir jouer aux bonnes fées de la planète. « Vous cherchez, nous plantons un arbre », plastronne le site. Toutes les 1000 recherches, les fonds récoltés grâce aux liens publicitaires fourniront de quoi planter un ou deux arbres. Dans l’inconscient collectif, planter un arbre revient à aider la planète. Mais ce n’est pas si simple.

Un clic pour sauver la planète ?

Dans un communiqué, Tim Macdonald, fondateur d’Ecocho, déclare : « Rien qu’en Australie, près de 800 millions de recherches Internet sont effectuées chaque mois. Si un pour cent de ce trafic pouvait transiter par notre moteur de recherche, nous apporterions une contribution notable à la réduction de l’impact néfaste des gaz à effet de serre. » En réalité, ils pourraient planter 8000 à 16 000 arbres par mois, soit 96 000 à 192 000 arbres par an. Est-ce que ça vaut vraiment le coup ?

Ecocho prétend compenser les émissions de carbone en plantant des arbres qui vont absorber le carbone de l’atmosphère pendant leur croissance. Mais il faut y regarder de plus près. Dans le monde de la compensation carbone, la plantation d’arbres apparaît souvent comme un fausse bonne idée. Elle a pour elle de sacrés atouts en termes d’image : chacun sait qu’en poussant, un arbre capte du CO2, stocke de l’eau et relargue de l’oxygène. L’arbre est inoffensif, il procure de l’ombre et de la fraîcheur l’été, du bois l’hiver, un abri pour des dizaines d’espèces préservant en cela la biodiversité. En prime, pour l’aspect « générations futures », quoi de plus attendrissant qu’un grand-père grisonnant plantant une graine avec son petit-fils au fonds du jardin ? Le symbole de l’arbre-ami-de-l’homme est idéal quand on veut « sauver la terre » de l’inaction humaine.

Stress climatique

Mais les plus grands experts du climat, réunis au sein du Groupement intergouvernemental des experts sur le climat, le Giec (prix Nobel de la paix avec Al Gore en 2007) ne sont pas si sûrs que cela de l’effet de la croissance des arbres sur le climat. Exemple : en 2003, en pleine canicule, les forêts européennes ne se sont pas du tout comportées comme on le pensait. Au lieu de continuer à absorber le CO2 de l’atmosphère, elles en ont relargué en masse. « Les arbres stockent le CO2 lors de leur croissance grâce à la photosynthèse, mais la connaissance du cycle du carbone au niveau des végétaux reste incomplète », prévient Isabelle Rappart du site de compensation Climat Mundi. « Ainsi, il n’est pas possible de savoir si les forêts ne deviendront pas à terme des émetteurs nets de CO2 en cas de stress climatique, comme ça a été le cas par exemple lors de la sécheresse de 2003. » Aïe, aïe, aïe, on plante des forêts, et hop, on contribue à l’effet de serre que l’on pensait combattre, c’est ballot.

Pour l’instant, le site compte planter en Australie, dans l’état du New South Wales en achetant des crédits carbone auprès du programme de réduction des gaz à effet de serre du gouvernement, le GGAS. Cette bourse au carbone a échangé plus de 20 millions de certificats en 2006, pour une valeur totale de 173 millions d’euros (autant vous le dire de suite, c’est peu au regard de n’importe quelle place de marché au monde), se plaçant en deuxième position derrière la bourse européenne d’échanges de crédits carbone.

Planter des arbres en cherchant sur la Toile, ça ne mange pas de pain. Mais quand Tim Macdonald conclut, dans son communiqué, que « le moteur de recherche est l’une des méthodes les plus faciles pour inciter les gens à changer leur comportement quotidien, avec un impact positif sur l’environnement », on se gondole d’effroi. En réalité, le moteur de recherche est la plus simple des solutions pour ne rien faire. Il n’y a qu’à cliquer sur sa souris pour se donner bonne conscience. Un peu léger, vu l’ampleur des changements de comportement qu’il faut mettre en place, ou aurait fallu mettre en place depuis longtemps déjà.

laure noualhat 

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< 2 > commentaires
écrit le < 23'04'08 > par < mister.n 8Tv laposte.net >
Pourquoi ne pas parler des autres sites qui utilisent ce principe de financement et où on peut choisir son association écolo ou pas. Cela aurait été parfait d’élargir votre papier à ce biz de la bonne conscience lié toujours et encore à Google !
écrit le < 24'04'08 >
ils auraient eu une bonne idée en se mettant en version noire par défaut. il parait que si la page d’acceuil de google avait un fond noir, les ordis consommeraient moins et on réduirait la destruction de la planète de quelques années...