Sortie de « Nous, les vivants » (« You, The Living »), film de Roy Andersson, en salles le 21/11, 1 h 34.
« Nous, les vivants » : une comédie douce-amère et ultra plastique.
< 21'11'07 >
Les contes cruels de Roy Andersson

« Nous, les vivants » (« You, The Living » en VO) est le quatrième long métrage et très certainement l’aboutissement du cinéma de Roy Andersson. Atypique, le réalisateur suédois l’est, qui, après ses premiers faits d’armes dans les années 70, s’est tourné vers les films publicitaires, s’assurant une certaine indépendance économique et surtout toute latitude pour peaufiner un style et une démarche résolument persos. Il a créé sa société et production et construit lui-même le Studio 24, immense bâtiment situé au cœur de Stockholm, écrin de tous ses décors imaginés tel un architecte ou un plasticien, dans la lignée directe du style Tati période « Playtime ». L’esthétique d’Andersson est aussi celle d’un cinéma du faux, des lumières dénaturées qui rappellent les peintres flamands ET les années 70 ( ! ) et, partant, d’une comédie (humaine) désenchantée et ultra-esthétisée.

Après le drôle de film mosaïque « Songs From The Second Floor » en 2000, Andersson radicalise le procédé dans « Nous, les vivants ». Une cinquantaine de scènes courtes y sont chevillées les unes aux autres avec un effet marabout-bout de ficelle très déconcertant. On y voit des petits employés de bureau, des couples, une ado, un psychiatre, une maîtresse d’école, une rock-star, tous plus ou moins reliés et embourbés dans des crises existentielles, amoureuses, professionnelles. Des anti-héros absolus (auxquels on peut désormais accoler l’épithète « anderssoniens ») qui parfois rêvent de mariage ou d’un ailleurs moins sépia.

Très marqué par le cinéma vénéneux de Luis Bunuel et les comédies slapstick, Andersson part de situations en apparence anodines pour pointer avec un humour très noir des blocages de communication au sein d’un couple ou d’une entreprise. Il fait du plan-séquence fixe la grammaire de son film : le dispositif de « Nous, les vivants » place en effet littéralement le spectateur au cœur de chacune de ces petites unités narratives indépendantes les unes des autres, mais qui font sens au final, le cadre agissant comme un bocal dans lequel s’agite tout ce petit peuple désabusé. Reparti bredouille du dernier festival de Cannes, son film est une pièce d’orfèvrerie, plastique à l’extrême et doucement anar. Il ne passe que dans cinq salles en France, malheur, courez-y !

Bande-annonce du film de Roy Andersson « Nous, les vivants » :

benoît hické 

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