Après-coup sur Fundbüro au Lux à Valence=3&tx_ttnews[tt_news]=5996&tx_ttnews[backPid]=7]. Du 4 au 7 novembre 2013, le laboratoire flexible d’artistes et chercheurs DatAData de l’école des beaux-arts de Lyon et de la Wits School of Arts à Johannesburg a organisé sa deuxième session publique (performances, workshop), sur une proposition de Catherine Beaugrand et Georges Pfruender.
"I Had a Dream", l’un des projets en cours du laboratoire flexible Fundbüro, en workshop au Lux de Valence, dessin de Georges Pfruender pour prototypage. © Georges Pfruender
< 08'11'13 >
Les “machines en état de rêve” de Fundbüro Valence

Fundbüro est un labo d’expérimentation artistique et numérique, qui travaille la question de la distance, des outils collaboratifs, de l’édition, du différé en posant (entre autres) cette question : “Depuis l’ère numérique, qu’est-il arrivé à l’art et à la poésie, à la plasticité et à la textualité, à la conception et à la réalisation ?” Fundbüro est activé entre Lyon et Johannesburg, par l’équipe de recherche DatAData dirigée par Catherine Beaugrand aux Beaux-Arts de Lyon et par des artistes de la Wits School of Arts de Johannesburg réunis par le directeur George Pfruender. Lancé à Lyon en février, ce “laboratoire flexible” qui prototype, performe, écrit, publie en ligne (e-pub, net, blogs…) pour questionner les outils et notre présence au numérique, était de retour du 4 au 7 novembre au Lux de Valence.

Poptronics a choisi d’être le partenaire “média” (guillemets de rigueur...) de cette expérimentation au long cours. Pour rendre compte de l’effervescence des projets, conférences, actions menées à Valence, et alors que le Net était (paradoxalement) le parent pauvre de ce workshop, nous avons envoyé (par mail) quelques questions ouvertes. Poussant ainsi Fundbüro à réfléchir à la diffusion et la médiation ! La version brute des réponses est à consulter ici. Ci-dessous, une version retravaillée-intermédiée-filtrée (on peine encore à définir notre rôle dans l’affaire). Nous avons conservé les langues d’origine des interlocuteurs, puisque l’échange, la distance, sont aussi linguistiques.

Le Lux à Valence, après le réfectoire des nonnes aux Subsistances de Lyon en février, est un espace physique, où vous proposez des présences à distance et des expérimentations sur les formats et les process à l’ère numérique. En quoi l’in situ est-il indispensable à l’expérience ?

Georges Pfruender : Le Lux comme lieu : une expérience ethnographique fort intéressante. Un espace qui se veut haut-lieu de l’art digital… et nous travaillons avec des projecteurs d’avant-guerre et du matériel digne d’écoles primaires. Un retour aux sources ? Se rencontrer, se mettre en dialogue les uns avec les autres –même les conversations Skype prennent une forme physique par rapport à leur mise en scène, nous sommes dans un moment de travail qui permet, selon Simondon, "to fall out of step with ourselves."

Cynthia Kros : I experienced an interesting transition when I went up to the front to talk to Berhanu on Skype as opposed to when I was sitting among the general audience (Berhanu Ashagrie est un artiste africain, directeur de l’école des Beaux-arts d’Addis Abeba, ndlr). It was suddenly possible to strike up almost the same level of intimacy as when I’m face to face with him –or perhaps it’s just that the clarity of the image from a short distance away created a powerful illusion ? In a way I felt further away from my real time/life colleagues in the same room. He was also hyper aware of his own surroundings and the visual impressions.

Catherine Beaugrand : La question du lieu pour nous rencontrer renvoie à la question de la distance, qui est la thématique générale de notre recherche. Comment préserver de manière non dogmatique le fait d’éprouver cette distance physique, en ne cherchant pas à la réduire ? Fundbüro Lyon a été la première rencontre entre les deux groupes, avec l’idée d’une seconde rencontre avant la fin de l’année. Ces périodes de quelques jours sont des moments d’intensification et permettent de poursuivre, relancer les projets engagés tout en discutant du terrain de travail constitué par le groupe et les outils employés. En ce sens, oui, il y a la nécessité de rencontres in situ pour que l’engagement mutuel devienne signifiant. Les expérimentations à distance sont possibles par la confiance générée dans ces moments intenses. Enfin, le fait de nommer géographiquement les lieux est une sorte d’ironie face à la multiplication des biennales comme politique d’image des villes.


Fundbüro à Valence, occupation de l’espace du Lux. © Samuel Dématraz

Fundbüro interroge les formes, les formats, les processus de collaboration et de recherche en art avec la distance. A Valence, quels points avez-vous soulevés, quelles interrogations avez-vous levées ?

George Pfruender : Once again the process of collaborative research and then the whole question of what it means to do research through art projects/experiments is really coming into focus. Related to that –what are the fields we are working in ? How do we document our methods and our findings ? Does the analogy of the anthropologist hold ? As projects evolve, the types of possible interactions between researchers also shift : we can discuss in far more nuanced ways the types of “fieldwork” we undertake, and compare the various methods developed in each project, defining some meta spaces. The fact that a substantial part of the research team (participants from South Africa) could not participate in Fundbüro Valence left us with the need to organize in more consequent ways exchanges and dialogues via Skype. This fact offers a number of interesting possibilities of “distant talking”, but also presents new challenges regarding the ways we meet and contribute as stakeholders, how to meet at eye level.

Catherine Beaugrand : Le dispositif spatial et temporel imaginé pour Valence en trois zones pose des questions fondamentales. Ces trois zones correspondent à trois temporalités que nous avons nommées pour l’instant ainsi : une scène d’assemblage, là où se présentent les différents projets selon leurs formats choisis, une scène d’anticipation, là où sont proposés des éléments assemblés spécialement pour être là, présentant des pièces ou textes liés au projet de recherche des participants du lendemain sur la scène d’assemblage, et enfin une scène résiduelle qui montre des matériaux reconfigurés provenant de ce qui a été discuté les jours précédents sur la scène d’assemblage. Ce mode “3D” permet de considérer une temporalité publique –on peut venir à n’importe quel moment, ne pas tout suivre dans la mesure où on peut avoir accès sous une forme réalisée pour cet in situ, de manière individuelle ou en petit groupe à ce qui s’est passé ou se fera. Les travaux présentés sur la scène d’assemblage se mettent aussi en relation de manière non formatée, offrant des relations impromptues avec des versions temporelles différentes du même projet.

Pourquoi la 2e manifestation publique de Fundbüro n’a-t-elle pas de “fenêtre ouverte sur le Web” (via une webcam par exemple) ?

Fundbüro : En fait, nous ne nous sommes pas posés la question d’être immédiatement consommés dans un flux. La transmission pose la question de ce qu’on veut retransmettre. Pour tenter quelque chose de signifiant, il faudrait d’abord mettre en réseau toutes nos webcams. Mais il manquerait ce qu’on fait, ce qu’on produit, les annotations… La question du simultané se pose d’une manière non technique. Se soumettre au protocole d’une webcam, avec ses questions sécuritaires, n’est pas neutre. Ce travail poserait déjà a priori la question du filtre et par conséquent la notion même de temps réel, qui évacue celle du présent.
Ce n’est pas anecdotique d’avoir une caméra qui transmet des choses dans un monde dans lequel on n’a aucun contrôle. Une webcam ne peut pas capter le dispositif spatial des trois scènes. On ne peut pas filmer une captation, prendre des notes, retransmettre et être concentré ou prendre la parole.

Aniara Rodado : C’est la fiction du temps réel, cette illusion des expériences en direct grâce aux technologies, où il s’avère difficile de libérer des morceaux d’expérience particuliers à chacun. Twitter oblige à la synthèse et engage la personne.

Fundbüro est un “laboratoire flexible”, en quel sens : élastique, reconfigurable, modifiable ?

George Pfruender : Le terme de “laboratoire flexible” permet le travail à constellations variables. Chaque projet propose des types de collaborations et d’interactions précises qui peuvent concerner l’ensemble ou une partie du collectif. Le retour critique offert par les collègues non contributeurs à chaque proposition permet d’avancer. “Flexible” concerne aussi les conditions d’organisation et les diverses possibilités de cadrage de chaque instant de rencontre. Chaque laboratoire est pensé comme instant précis, sous des conditions précises, informé par les expériences antérieures.

Cynthia Kros : But don’t you think that maybe there’s some fundamental contradiction between the notion of a laboratory (demanding scientific protocols) and that of flexibility –suggesting (at its most extreme) wavering, being too quick to abandon a fixed position ?
Wavering might be a quality, as it provokes shaking, possibly even shaking, which again produces energy, and can bring foundations into new instabilities. To be flexible on moving ground might be the only way to survive ?

George Pfruender : Les trois termes sont acceptables : élastique dans un double sens, celui de l’espace élastique comme dans certains projets de Marcos Novak ou deCOi mais aussi celui de la performance de l’élastique, si on peut dire, à savoir que ça fait mal quand l’élastique se remet en place ou se rompt à force d’être manipulé ; reconfigurable car le groupe lui-même est sujet au repositionnement de ses contributeurs selon leurs choix et implications ; modifiable selon les avancées des projets ou recherches et les rencontres –certains projets peuvent se considérer comme achevés ou être poursuivis sous d’autres formes selon les rencontres par exemple.


Intervention de Rudy Vavril sur la science des rêves en Chine. © Samuel Dématraz

Vous préférez le terme de “constellation” à celui de “collectif”. Pourquoi ?

George Pfruender : Le terme “collectif” renvoie à une histoire certes fort intéressante des collectifs des années 1960, qui, dans un contexte politique trouvaient une formule adéquate d’action. Notre désir de penser et d’agir ensemble est informé par une recherche qui se veut transdisciplinaire et ose poser des questions concernant la fluidité des rôles de chaque contributeur –auteur, facilitateur, assistant, etc. Le terme “constellation” propose aussi l’image de points qui sont connectés, par l’imaginaire ou concrètement, et qui ne se réalise qu’en forme de projection : se projeter dans l’imaginaire de la configuration, et la configuration comme projection abstraite, à multiples entrées et lectures. Intéressante dans ce contexte est aussi la vision de deux points de vue : celle de l’hémisphère du Nord et celle du Sud, les deux permettant des lectures radicalement différentes d’images.

Cynthia Kros : Yes, I agree –collective does have a slight stalinist or maoist connotation despite its more progressive uses in the more recent past. The idea of constellation seems much more productive, allowing for different configurations and –as you say– different readings of the configurations –some resolving themselves into easily decipherable shapes and others not.

Qu’appelez-vous “traduction augmentée” ?

George Pfruender : Pour bien saisir cela, il faudrait juste prendre compte des textes existants et en devenir : nos réponses en deux langues acceptent le fait de “reprise”, mais avec le but de se projeter plus loin. At times the use of specific English terms allows us to operate with more precision –referencing our thinking to texts in the original language. Moving from one language to another creates a concrete possibility to push borders of our thinking, and to augment/intensify texts.

Catherine Beaugrand : C’est aussi l’idée qu’il y a des effets de transition chaotique dans les passages entre les langues… La notion d’augmentation peut être prise un peu ironiquement par rapport à l’usage de ce terme du côté “réalité augmentée” mais plus sérieusement, c’est aussi une façon de manifester comment les contributions et échanges s’ajoutent les uns aux autres au lieu de se retrancher et s’appauvrir pour une version consensuelle qui oublie les qualités du sujet parlant.

Où en est le projet “I had a Dream” de rêves “traduits” en objets 3D ? Comment dépasser l’opposition entre prototypage (processus semi-industriel) et rêverie (processus cognitif inconscient) ?

Nicolas Baduraux : Mettre des machines en état de rêve… Lors de la dernière rencontre de Fundbüro au réfectoire des nonnes à Lyon, nous nous étions attachés à éprouver le protocole en matérialisant les premiers prototypes des rêves. À Valence, j’ai présenté un outil, le “collecteur de rêves” qui nous permettra de mener notre recherche sur une quantité importante de rêves. Il s’agit d’une mallette que son porteur amène dans un endroit choisi (espace public ou autre) qui contient des échantillons de rêves (récits, dessins et prototypes) et des formulaires permettant une négociation entre la personne qui transmet son rêve et celle qui lui demande.

Voir ici une version du collecteur de rêves.


Détail de la performance "I Had a Dream", Khutjo Green, Tshego Khutsoane. © Naadira Patel et Maddy Dymond

Dans notre cas, l’imprimante 3D est assez peu utilisée en tant que machine d’une chaîne semi-industrielle. Je la pense comme une main augmentée. Il y a une phase de création, d’improvisation au moment de l’impression (pas seulement à la création du fichier) et la fascination exercée par la machine sur celui qui la regarde fonctionner n’est pas étrangère à la rêverie. De plus, il y a bien aussi une phase de création lors du dessin 3D.


Georges Pfruender, détail installation "I Had a Dream". © Samuel Dématraz

Nous croyons que le rêve peut avoir une dimension collective. La prochaine étape sera la création d’un paysage, d’une cartographie ouverte à partir des rêves collectés. Fundbüro permet des échanges Nord-Sud et j’espère que les pratiques collectives de rêves d’autres cultures pourront servir à construire ces paysages ici. Le grand nombre (même s’il n’est pas industriel) ne nous fait pas peur même si nous avançons avec beaucoup de précautions lorsque nous prenons le rêve comme objet de recherche.


"I Had a Dream", détail de mise en place du prototypage par Nicolas Baduraux. © Samuel Dématraz

Donna Kukama, you said in a recent interview that ‘the temporary moments and situations (you) create exist in various forms and take place mostly in public spaces’. Is it different with Skype ? How do know what your audience is experiencing ?

Donna Kukama : I do think of Skype as a public space. In my repeated interventions for Valence, I saw the difference between the sending of a video (the initial gesture to launch the series) and the space of direct interaction/performances. The performance I created for Valence was part of my “Public space performances”, and the scenario I had imagined was fashioned for this purpose.
I need to have a sense of audience to shape my intervention (the scenario is clear, but the performing realities each time have differing colours). When, on Wednesday, sound did not function in our Skype performance, I had to adjust my work, as I could not gain a sense a audience –even if in the former “Dingbat” performance, I had perceived the audience only through sound...
Skype contains for me the possibilities to encounter others, and is also a process of framing. This is a different way of working, which I look at as a set of interesting tactics for an artist from the Global South : cheap and mobile. This type of performance has its own life and challenges : I mainly look at projection and frame as spaces of performance.
When sound was cut off I was projected into a differing space : one which allowed me concentration on the acts I was performing, and an awareness of the computer as a mirror device.


Performance Donna Kukama / Mathilde Penet, Fundbüro Valence. © Samuel Dématraz

En quoi la participation à l’expérience Fundbüro de Berhanu Ashagrie et son école des beaux-arts d’Addis Abeba est-elle intéressante ?

George Pfruender : Berghanu Ashagrie s’intéresse à une collaboration artistique inter-africaine, qui a le soutien financier du Goethe Institut sub-Sahara. Dans son travail personnel, il questionne les notions de “locatedness” (localisation, ndlr), de “space” (espace) qui se transforme en “place” (lieu), dans le contexte d’une réflexion sur Addis Abeba. En tant que directeur de la Alle School of Fine Arts (l’école des beaux arts d’Addis Abeba), il cherche à mettre en place un nouveau pôle de recherche à l’intérieur de son institution, et considère cette première interaction avec Fundbüro comme le début d’un dialogue plus soutenu.

Comment le fablab (et ses promesses) transforment-t-ils la pratique artistique, en Afrique, en Europe ?

Berghanu Ashagrie (par Skype) : Le fablab est à placer à la fois dans un processus éducatif mais aussi professionnel et économique. Il permet de mettre l’accent sur l’importance d’avoir la chance d’utiliser ces technologies, bien qu’artistiquement les résultats soient plus du côté de la distorsion. Et cela donne la possibilité à l’école de recueillir des fonds. Quelle est la différence entre la pratique d’un artiste et celle de tout un chacun, c’est plutôt ça qui est à discuter.

Addis Abeba, Lyon, Valence, Johannesburg : pour les artistes, la géographie a-t-elle la même signification que pour le commun des mortels ?

Berghanu Ashagrie (par Skype) : Faire avec la distance… la géographie sert à être nomade et à donner des limites dans la vie de tout à chacun. Pour un artiste ce n’est pas particulièrement quelque chose en plus, sauf à être conscient de la localisation, de la présence.

Cynthia Kros, you are a specialist in ‘theory and practice of archives and representations and rerepresentations of history’. Is Fundbüro an active experimentation of rerepresentation of artistic forms (if not, what is it from your point of view ?) ?

Cynthia Kros : Yes, certainly –I’ve been enjoying the way it has allowed me to explore representations of distance, collections, the relationship people have with objects and so on. You’re allowed to make more imaginative leaps here than you are when you’re writing history –all of which is of course a question of representation. Or perhaps that’s not true –or not quite true. Of course you couldn’t write history without quite a few leaps into the void but you do have to obey certain rules and especially those of logic and rational progression.

Question subsidiaire : Avez-vous modifié l’approche des outils numériques (e-book, iPad, Skype, etc.) depuis les révélations Snowden (où on peut avoir la preuve que les grands groupes Google, Apple, Skype, travaillent en étroite coopération avec la NSA) ?

Cynthia Kros : No, although I still experience a shock when I look at the notes I’ve been taking on my iPad and see that it has accurately pinpointed my location here on the Boulevard du General de Gaulle in Valence.

Florent Lagrange et Aniara Rodado : Pour répondre très simplement à la question, nous ne cryptons pas encore nos messages et nos données en GnuPG et nous ne déplaçons pas nos serveurs dans nos sacs à dos... Le flux des informations est travaillé sous forme d’écritures collaboratives dans un premier temps. Puis nous tentons de les mettre en perspective pour l’étape suivante. Etape qui prendra des formes d’éditions numériques ou de pages sur notre site internet. Même si l’utilisation d’une Piratebox n’est pas toujours évidente dans la pratique pour centraliser toutes les informations, nous souhaiterions utiliser ce dispositif puis le déplacer et l’augmenter au fur et à mesure des rencontres et de nos déplacements (Lyon, Valence, etc.). Comme si la survie des documents était contenue dans cette petite boîte.
Pour le stockage des données et la construction de nos textos et autres éléments de recherche collective, nous utilisons une plateforme appelé n-1.cc, réseau social libre et autogeré, qui permet de travailler en groupe, de poster des documents, de travailler sur des piratepads. Nous avons la possibilité d’installer cette plateforme sur nos propres serveurs.
Une relation critique vis-à-vis des outils technologiques semble nécessaire pour pouvoir les intégrer à notre travail, car ce ne sont pas que des moyens de communication, mais des “entités performantes” qui nous préforment à leur tour. Et peut-être n’a-t-on pas envie de se faire façonner par Microsoft, Google et la NSA…

Au delà de la question de l’espionnage et de l’esclavage qu’on nomme souvent “digital labor”, il s’agit aussi de maintenir une certaine autonomie d’action et de création dans ces temps de standardisation technologique. Comme le dit Ken McKenzie Wark : “Quel que soit le code que nous hackons, serait­il langage de programmation, langage poétique, mathématique ou musique, courbes ou couleurs, nous sommes les extracteurs des nouveaux mondes. Que nous nous présentions comme des chercheurs ou des écrivains, des artistes ou des biologistes, des chimistes ou des musiciens, des philosophes ou des programmeurs, chacune de ces subjectivités n’est rien d’autre qu’un fragment de classe qui advient peu à peu, consciente d’elle ­même.” Ce qui nous renvoie à la question du pourquoi ne pas poser une webcam qui transmettrait un flux des quatre jours, etc, etc.

Recueilli par annick rivoire 

votre email :

email du destinataire :

message :