Magnum photos à l’affiche, 60 ans/60 kiosques, du 5 au 25 juillet, à Paris.
60 ans de Magnum, Rencontres d’Arles, Arles, Magasin Électrique, du 3 juillet au 16 septembre.
New York, 1969, Femme regardant son reflet. © Richard Kalvar/Magnum Photos
< 09'07'07 >
Magnum s’exhibe en pleine rue

Ce qui est chouette avec les 60 ans de Magnum, c’est que l’Agence photo a la grande classe de les fêter directement dans la rue, à dos de kiosque et gratuitement. Certes, les privilégiés des Rencontres d’Arles le festival de la photographie qui bat son plein, ont eu droit, eux aussi, à leur exposition. A Paris, toutefois, l’Agence fondée en 1947 par Henri Cartier-Bresson, Robert Capa, George Rodger et David Seymour et qu’on ne présente plus tant ses images ont marqué les rétines, du Vietnam à New-York, s’expose tout au long du mois de juillet sur les dos de 60 kiosques parisiens. Il faut dire que le hasard fait plutôt bien les choses, les NMPP (nouvelles messageries de la presse parisienne) fêtant elles aussi leur 60 ans d’existence cette année... Prenez un mois de juillet traditionnellement calme pour les campagnes d’affichage presse, donc un partenariat qui ne coûte pas trop aux NMPP, ajoutez un mécène, la banque HSBC, qui finance les quelques 4800 tirages (à raison de 80 tirages par kiosque en moyenne), et la générosité des photographes qui ont cédé leurs droits et vous obtenez une exposition de rue pas banale, dont on peut visualiser l’emplacement sur le mini-site créé pour l’occasion (carte cliquable et quelques explications).

Magnum, la seule agence internationale qui soit restée indépendante (60 photographes en sont membres, tous à parts égales de la coopérative), a choisi vingt d’entre eux, tous excellents, pour fêter cet anniversaire. Raymond Depardon, Martin Parr et Paul Fuisco, Abbas et Jim Goldberg (que des hommes, mais la photographie d’actualité reste largement masculine) présentent chacun un thème. « Nous n’avons pas mis le Maghreb à Barbès, dit en riant Alain Frilay, le directeur éditorial de Magnum, mais nous avons privilégié des photos qui aient une matière durable, ni clichés de guerre ni clichés d’actualité trop sanglante ».

Et comme tous les kiosques parisiens ont leur propre format, il a fallu adapter les tirages aux espaces d’affichage. Chaque photographe verra ses photos voyager de kiosque en kiosque, de semaine en semaine, histoire de varier les points de vue et de permettre à tous les Parisiens et aux touristes nombreux en cette saison de découvrir le travail de Richard Kalvar sur ces passants new-yorkais des années soixante ; de s’amuser des « sujets » photo de Martin Parr (deux saucisses de hot-dog en gros plan font une nature morte à la sauce anglaise), ou de s’évader avec le seul photographe australien de l’agence Magnum, Trent Parke, et sa série naturaliste en noir et blanc « Minutes to Midnight », qu’il a réalisée en 2003 en traversant son pays sur plus de 90 000 km. Le Norvégien Jonas Bendiksen expose ses images Satellites, série sur les états périphériques de la grande Russie qui lui a valu le World Press Photo en 2005. Jean Gaumy, le photoreporter le plus breton de Magnum, présente quelques-uns de ses clichés tirés de sa fréquentation régulière des marins-pêcheurs. Fou d’architecture et de technologie le Britannique Peter Marlow a photographié les derniers vols du Concorde, magnifiant/fétichisant l’objet transformé en silhouette fuselée, simple forme effilée et désincarnée.

Chaque kiosque distribue un 4 pages réalisé pour l’occasion, journal du photographe qu’il expose. Bref, cette exposition n’a qu’un défaut, se tenir en lieu et place de publicités auxquelles le passant ne fait plus guère attention. « C’est une approche de l’univers de Magnum qui n’a pas la prétention d’être exhaustive, prévient Alain Frilay, mais qui se veut plutôt un aperçu autour de vingt histoires des thèmes de l’agence ». Manière de rendre au public la notoriété de Magnum.

annick rivoire 

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