Bridget Riley, rétrospective, du 12/06 au 14/09, Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, 11, avenue du Président-Wilson, Paris 16ème.
Cataract 3, quand les couleurs gagnent l’œuvre de Bridget Riley. © Musée d’art moderne de la ville de Paris
< 20'06'08 >
Ouvrir les yeux sur l’art de Bridget Riley

Enfin ! Bridget Riley, artiste britannique née en 1931 au rayonnement international, restait méconnue en France. La première rétrospective que lui consacre le Musée d’art moderne de la ville de Paris est en passe de revenir sur cette injustice. « Kiss » et surtout « Movement in squares » peints en 1961, posent d’emblée la patte Riley. Un style hâtivement catégorisé Op Art, cet art abstrait renforcé d’illusions d’optiques qui émergea dans les années 60, auquel elle se défend pourtant d’appartenir.

Elle ne fait pas de mathématiques comme l’ultra-dominant Vasarely en France. Elle ne parle que de « sensation pure », s’intéresse à l’espace autant qu’au regard, ne peint qu’à la main (aidée en cela par des assistants dûment formés). Et son œuvre empirique n’est finalement fondée que sur l’observation, pas le calcul.

« J’ai commencé à comprendre ce qui se passe quand on regarde. Par exemple, si vous arpentez un chemin que vous connaissez en étant face au soleil, le paysage a tendance à se transformer en un environnement noir, blanc et gris, comme si toutes les couleurs l’avaient fui. En revanche, si vous marchez avec le soleil dans le dos, tout ce qui se présente à votre regard apparaît nimbé d’une formidable palette de couleurs vives. » Suite à cette observation, les couleurs gagnent son œuvre, le mouvement s’y fait plus fluctuant. Les illusions d’optiques sont toujours là, mais elles se font mouvement, évoquent la musique dans des titres d’œuvres qui parlent de sarabande, d’andante ou de cantus, et participent à quelque berceuse colorée où l’on croit apercevoir les danseuses de Matisse.

A 77 ans aujourd’hui, Riley, débarrassée du support de la toile, réalise ses peintures les plus saisissantes à même les murs. A ce titre, « Composition with circles » (6e du nom) réalisée spécialement dans la grande courbe du Musée d’art moderne, est l’image la plus forte de l’exposition. Composée de plus 200 cercles d’un mètre de diamètre, elle a nécessité le concours de 10 assistants, chaque cercle exigeant une heure de travail. Monumentale et fragile, elle est promise à la destruction quand l’exposition s’achèvera.

jean-philippe renoult 

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