« Meet The Residents », making of d’une interview d’Homer Flynn, porte-parole des Residents. Une interview pas comme les autres, exceptionnelle et inédite. A écouter sur poptronics.fr.
"Mister Skull" (littéralement Monsieur Crane), le seul Resident à ne pas porter l’Eyeball (et vous saurez pourquoi en écoutant l’interview) pendant la tournée européenne de 2001. © Jean-Philippe Renoult
< 09'09'15 >  son
The Residents, une interview exclusive

Exclusivité poptronics, l’interview des Residents, réalisée en 2001 par Jean-Philippe Renoult, qui en dévoile ci-dessous les incroyables aléas.

« Tout ce qui se raconte sur l’histoire des Residents n’est qu’hypothèse, mythologie et présomptions, les faits ne pouvant être ni vérifiés ni réellement confirmés par qui que ce soit. » Voilà comment commence la note biographique que Wikipedia consacre aux Residents dans son édition française. Alors, comment savoir ? Les Residents ne se montrent jamais à visage découvert. Ils ne donnent aucune interview.

Fin 2001, à la veille de leur tournée Icky Flix qui commémore 30 ans de carrière, je demande par pure formalité un entretien au bureau européen de Cryptic Corporation, l’entité représentant le groupe. Deux semaines se passent avant qu’une réponse du bureau allemand arrive... C’est OUI !

Au matin du concert parisien de l’Elysée Montmartre, rendez-vous est pris pour un petit-déjeuner à leur hôtel, le Royal Fromentin. Le manager de Cryptic Corporation Europe m’accueille et dit qu’il me connaît !!? A l’aube des années 90, il était le fondateur d’EFA, société qui distribuait des raretés techno en provenance de Detroit et les premières productions berlinoises de Basic Channel. À l’époque, l’audience sur ce genre de musique était restreinte, mais nous échangions fax et coups de fil à satiété. Naturellement, c’est lui qui m’introduit à Homer Flynn, « porte-parole officiel » des Residents qui ne s’était exprimé au nom du groupe qu’à de rares occasions. A cet instant, je sais déjà qu’Homer est bien plus qu’un porte-parole du groupe… mais, chut !

La discussion dure une heure. Je repars avec un enregistrement que je me décide à écouter, moins de deux heures avant le concert … Horreur ! Le minidisc est entièrement initialisé. Pas le moindre mot dessus. Je fustige le technicien qui m’a remis un matériel non vérifié et m’insulte moi-même. Et m’empresse de demander une nouvelle interview. « Impossible , me dit-on. « Nous partons immédiatement après le show pour Bordeaux, puis Lisbonne… mais si tu veux, rejoins-nous ! » Inespéré ! Me voici l’invité des Residents eux-mêmes pendant leur tournée. Je cours à Bordeaux dès le lendemain. J’assiste aux répétitions. Je mange à leur table. Je vis un véritable rêve de journaliste. Malgré cette proximité avec la légende, il n’est toujours pas question de dévoiler qui ils sont. Le mythe est plus important que la réalité. Alors, autant creuser à fond leurs aventures artistiques et concepts musicaux délirants.

J’en rapporte un sujet d’une heure trente pour France Culture, qui paradoxalement, rencontre peu d’écho en France. C’est de l’étranger que viendra le feedback, alimenté par les sites et blogs de fans. De fil en aiguille, la très sérieuse chaîne américaine ABC me commande un sujet radiophonique pour sa division musique classique ( !) en Australie. Décision est prise de programmer deux émissions de 20 minutes sur les Residents… Un fait unique sur cette antenne qui d’ordinaire parle plus de Sibelius et à l’extrême limite de John Cage. Je préviens les programmateurs de la couleur inhabituelle du sujet, employant même les mots « weird » et « freak », que ne dénigreraient pas les Residents eux-mêmes :
« Everything’s OK… we want it… »
« Et pour mon horrible french accent, ça va aussi ? »
« It’s even better… »
Puis… plus rien. Le sujet est déprogrammé. J’apprends que le directeur des programmes est remplacé… et le sujet passe à la trappe. « Not available », dirait-on pour singer le titre d’un des premiers albums des Residents.

Ces 2 x 20 minutes sont donc restées inédites jusqu’à aujourd’hui. Les voici. Afin d’en faciliter la compréhension aux internautes que l’anglais effraie, je laisse une transcription de l’entretien brut réalisé entre Paris, Bordeaux et Lisbonne au dernier trimestre 2001. Il ne suit pas le déroulé des deux volets de « Meet The Residents », mais en constitue un précieux complément.

« Meet the Residents », première partie (20 mn) :

« Meet the Residents », deuxième partie (20 mn) :

La transcription et traduction de l’interview (en Pdf) :

PDF - 154.7 ko
jean-philippe renoult 

votre email :

email du destinataire :

message :

< 1 > commentaire
écrit le < 04'02'14 > par < Sandroberroy rY8 gmail.com >
Merci beaucoup pour cet interview plus que passionnant ! J’en sais à présent un peu plus au sujet de ce groupe mythique que mon père m’a fait découvrir quand j’avais dix ans et que j’ai immédiatement adoré, pour leur looks d’abord que je trouvais incroyable, puis pour leur musique que j’ai découverts petit à petit. Je vais probablement aller les voir en live à Nantes en mai pour la première fois et je ne peux pas attendre d’y être ! :D