« A Bell For Every Minute », installation sonore in situ de Stephen Vitiello, jusqu’au 23/06, de 7h à 22h, au parc du High Line à New York (Etats-Unis).
Carte géographique des sons gravée sur une plaque métallique accrochée sous l’installation sonore de Stephen Vitiello au High Line à New York. © DR
< 13'05'11 >
Stephen Vitiello sonne la cloche chaque minute à New York
(New York, correspondance) Dans le métro de New York, chaque minute compte : il en faut 3 pour attendre le prochain train, 17 pour conclure une affaire… et 56 durant lesquelles la tour Sud du World Trade Center a brûlé, avant de s’écrouler, le 11 Septembre 2001. A 48 minutes à pied au nord de Ground Zero, là où les jeunes ont fêté la mort d’Osama Ben Laden le 2 mai dernier, une hétéroclite collection de sonneries new-yorkaises évoque une ville réanimée. Durant neuf mois, au cours de sept visites à New York, l’artiste américain Stephen Vitiello a enregistré quelque 120 sons de cloches à travers la ville. Il en a choisi 59 pour le parc en hauteur du High Line, une installation sonore commissionnée par l’association Creative Time, Friends of the High Line et la ville de New York. La composition qui en résulte consiste à mettre en relief une « cloche » (au sens large) par minute, pour aboutir à l’heure pile à un chœur de sonneries urbaines. Parmi celles qu’il a sélectionnées, la Dreamland Bell historique de Coney Island, la cloche de fermeture de la bourse de New York, des horloges de Central Park et de Gracie Mansion, les sonneurs de Herald Square, des carillons d’églises, des cloches de synagogues et de temples, des cloches maritimes, des sonneries de téléphones, de métro, de vélo, d’école, de restaurant, de boxe et de champ de courses, une sonnette de porte, une clarine suisse, un bol de yoga... L’installation, ouverte le 23 juin 2010, a traversé trois saisons : pendant l’été et jusqu’en automne, il y a toujours eu au moins une personne pour prendre le temps de s’asseoir dans le passage, à l’abri du soleil, pour suivre sur la carte métallique l’origine géographique de chaque son gravé dans l’ordre chronologique. Pendant l’hiver, et surtout durant les jours glacés de neige où le vent souffle à -10°, rares ont été les passants à ralentir le pas parmi les quelques braves gens qui osaient emprunter la route de cet ancien chemin de fer élevé converti en parc public, d’autant plus exposé aux intempéries. Avec le printemps, le High Line s’est à nouveau réveillé, saluant l’arrivée de touristes étrangers, de photographes amateurs, de hipsters en baskets, de jeunes parents yuppies en famille et de la crème de Manhattan, à la mode derrière ses lunettes de soleil. Aux couleurs printanières s’ajoutent le papotage des amoureux, le bavardage des prétentieux et le babillage des enfants heureux, sans parler des sonneries de téléphones portables, des sirènes de service, des klaxons de taxis, des bruits de travaux, de la circulation, des pas de talons hauts qui traversent le passage résonnant de la 14e rue… Impressions en images sonores : A tous ces bruits aléatoires de la ville se mêlent les sons rigoureusement minutés de « A Bell For Every Minute », sis dans l’ancien « clocher » de la gare du High Line. L’ambiance sonore de cet espace physique de transition n’a cessé d’évoluer avec le temps et la rumeur urbaine, bien au-delà de l’horlogerie de sa composition originelle. Lorsque la partition est augmentée de la stimulation audiovisuelle de l’espace réel, l’harmonie subtile entre tous ces « objets sonores » non-acousmatiques devient infiniment accessible.Si les cloches de Vitiello ont été reprises pour sa « Bell Study » (Etude de cloches) exposée au Palais de Tokyo en janvier 2011, cette dernière composition sonore n’est qu’un extrait isolé de l’œuvre in situ conçue par l’artiste. En effet, c’est son aspect à la fois référencé, chronométré et intégré à l’environnement du High Line qui donne à l’installation sa richesse profonde, permettant à chaque visiteur d’y associer ses propres expériences, ainsi que sa relation très personnelle à l’espace urbain… Une relation intime que Vitiello lui-même, originaire de New York, est spécialement en mesure d’apprécier. Comme disent les New-Yorkais : « Only in New York. »
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