New York, de notre correspondante
Le nom en dit long sur l’origine du principe. “Gamelatron” comme gamelan, la musique traditionnelle (et spirituelle) indonésienne qui se manifeste par une grande performance de douces percussions. “Gamelatron” comme gamelan électronique : les instruments sont percutés par des actionneurs robotiques qui lisent des séquences MIDI, à l’instar de l’ancien piano mécanique et son rouleau de trous. Et pourquoi pas “Gamelatron” comme game et le jeu des boutons d’arcade sur le contrôleur MIDI en forme de fleur de lotus ?

“Gamelatron Bunga Kota” à Times Square, New York, été 2013 :


Appuyez sur n’importe quel bouton du cadran floral pour lancer la machine et regardez les instruments s’animer avec chaque coup de marteau accompagné d’un petit flash lumineux. La composition mise en marche, l’immersion est totale. Avec ses authentiques gongs en bronze (Trompong et Reyong), cymbales (Kopyak et Ceng-ceng) et cloches éparpillés sur les murs, le spectacle cinétique émeut autant qu’un concert acoustique… à la seule différence que les percussionnistes sont des marteaux robotiques jouant une partition numérique. Les instruments de bronze et d’acier, tous fabriqués au Bali, ont été robotisés par Eric Singer, le fondateur de LEMUR (la League of Electronic Musical Urban Robots), un collectif d’artistes et d’ingénieurs qui créent des instruments de musique robotiques. Le chef d’orchestre est l’artiste conceptuel, compositeur, indo-musicologue Aaron Taylor Kuffner, qui a vécu en Indonésie et conçu cette installation in situ moins comme une œuvre artistique qu’une manifestation spirituelle.

Ce n’est pas la première fois qu’une incarnation de ce formidable “Gamelatron” est exposée à New York. Depuis 2008, ce projet robotico-musical a fait le tour de Brooklyn et de Manhattan, dans différents espaces, avec une scénographie toujours changeante, toujours in situ, avec de nouvelles compositions adaptées à chaque espace, de Dumbo à Chelsea à Midtown, en passant par l’Europe, l’Asie du Sud et le reste des Etats-Unis. On se souvient du “Gamelatron Jalan Jiwo” à l’automne dernier, qui a pleinement investi l’espace principal du Clocktower Gallery, directement en-dessous de la grande cloche de downtown Manhattan.

Le projet Gamelatron expliqué par Aaron Taylor Kuffner :


En ce mois de juin 2013, c’est au cœur du New York touristique, commercial et populaire que les robots percussionnistes viennent s’installer, en occupant le rez-de-chaussée d’une vitrine vide de l’Icon Building, juste en face d’une caserne de pompiers sur la 8e avenue à l’ouest de Times Square. Cette fois-ci, le “Gamelatron Bunga Kota” investit un espace plus compact, mais aussi plus ouvert à la rue.

Cette ouverture physique sur l’extérieur traduit une volonté d’invitation au grand public de découvrir cette oasis de tranquillité en plein milieu du brouhaha urbain, une chambre de résonance méditative de l’autre côté de la vitrine. Il est ainsi fort amusant d’observer les passants touristes regarder à travers la vitre d’un air curieux, avant de s’aventurer à l’intérieur pour finalement s’asseoir, voire s’allonger sur les tapis au milieu de la pièce et écouter le concert dans toute sa splendeur immersive.

cherise fong