Festival Etrange Cargo 2009, jusqu’au 11 avril 2009. Après-coup sur « Laborintus », de François Raffinot (du 31/03 au 4/04). Et, jusqu’au 11/04, « Notoire : épilogue d’une trottoire », de Thierry Bedard, Ménagerie de verre, 12/14 rue Léchevin, Paris 11e, 10-13 €.
A la Ménagerie de verre s’achève ce week-end le festival Etrange Cargo, à l’avant-garde de nouvelles formes scéniques. © DR
< 10'04'09 >
Un Etrange Cargo pour spectateurs émancipés
La nouvelle édition du festival Etrange Cargo, qui s’achève le 11 avril, n’a pas failli à sa réputation de tête chercheuse de nouveaux formats du spectacle vivant. Avec un parti pris réaffirmé, celui des artistes qui y viennent pour la liberté de tenter de nouvelles collaborations, entre danse et théâtre, poésie et performance. L’édition 2009 a vu défiler la paire Chloé Delaume et Hauke Lanz, pour « Eden matin midi et soir », où l’un des écrivains les plus inspirés de la « jeune » génération retravaille jour après jour la matière du monologue d’Adèle, mis en scène par Hauke Lanz, ou encore les premières réalisations du laboratoire pour une « performance connective » de Jacques André avec Christophe Huysman (compagnie Les Hommes penchés). Le week-end dernier, c’était le chorégraphe François Raffinot qui achevait son « Laborintus » devant un public trop peu nombreux (samedi soir oblige ?), soit un univers chorégraphique, sonore et visuel subtil, intelligent, totalement singulier. Au programme, une série de trois performances simultanées et en boucle : conçues autour du thème du double, les pièces se déroulaient en même temps dans trois lieux différents, l’entrée, la salle principale et le studio de danse au premier étage, et étaient toutes rejouées trois fois. Laissant ainsi le spectateur libre de circuler à sa guise. Pourtant, dans les faits, personne, parmi les spectateurs, n’a semblé assez téméraire pour quitter la performance en plein milieu. Les habitudes du spectateur demandent encore à être chamboulées dans nos théâtres parisiens… Chacun était théoriquement maître du réagencement selon les échos et les glissements qui s’opéraient d’une création l’autre. Entre les trois formes, solo de danse, re-création d’une scène extraite du film « Persona » et jeux de corps en suspension sur trampoline, des liens conversationnels se tissaient, délicats et discrets, dans la conception sonore comme dans les images créées. Le motif du popcorn, les phrases échappées d’un cours de danse ou les mots volés d’un script bergmanien s’entrelaçaient d’un lieu à l’autre, ouvrant de nouveaux champs de relation métonymiques (entre les parties d’une part et entre les parties et le tout d’autre part), tissant différents niveaux de significations sans jamais tomber dans l’illustration bête et méchante. Pour incarner cette réflexion singulière sur les thèmes du double, du corps propre et de l’identité imaginée par François Raffinot, ex-directeur du Centre national chorégraphique du Havre, un homme et une femme reprennent à tour de rôle le même texte et échangent leurs positions, installant à chaque fois un nouveau rapport de force. Une jeune artiste circassienne se meut sur un trampoline tandis que son image enregistrée en temps réel est projetée à ses côtés et réfléchie par un miroir. Un jeune danseur dialogue avec lui-même, la bande son d’un de ses anciens cours faisant office de partition. Il reprend certains mots, hésite, se corrige, commente, s’interrompt et tente d’incarner ou de déjouer consignes et instructions autrefois transmises à ses élèves. Le tout se présente comme une promenade-rêverie où le spectateur est libre de réarticuler les unités entre elles et de recomposer les trajectoires de ce labyrinthe imaginaire. Non pas un, mais trois objets scéniques non identifiés, d’où s’échappent des doubles rêvés ou vaguement menaçants. Une expérimentation des formes, où le spectateur, tel un savant en son laboratoire, cherche, tâtonnant, à résoudre des problèmes, ces formes narratives et chorégraphiques laissées en suspens.
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