Faut-il ranger Tilt, le petit festival pointu du pays catalan, au rayon des souvenirs ? Sa sixième édition à Perpignan, au El Mediator, ne propose aucune installation multimédia, pas un débat, affiche une programmation musicale guère excitante et une forte inclinaison pour le poncif participatif… Le festival souffre comme les autres des coupes sombres dans le budget de la culture en général, et de la création numérique en particulier (on y revient). Pourtant, le fondateur du festival, Maurice Lidou, veut toujours faire de Tilt un lieu d’expérimentation, une sorte de laboratoire des futures pratiques populaires, avec pour credo « anticiper, donner du sens, peser modestement sur les contenus et en préserver la diversité ».

« Participer à une culture populaire de qualité », selon lui, passe par trois concours amateurs. Un « Clip Contest » avec le magazine espagnol « Enderrock », un concours de reprises avec le site CQFD.com des « Inrocks » et un concours de reportages vidéos sur le festival. En revanche, ne rien attendre en matière de critiques du participatif (et de l’amateurisme) : le débat n’aura pas lieu, « faute de temps et de moyens pour le faire correctement ».

Dans la catégorie spectacles « arts croisés », pas de tête d’affiche, entre un set vidéo-musical de Moonpixrecorder, un spectacle pour enfants (mêlant théâtre et animation 3D) par la compagnie barcelonaise Fanatik Visual ou encore, une création par la Cie Ouvre le chien, « Elephant People », présenté comme un opéra pop version talk-show. Côté musique, la formule ne change pas : un vendredi électro, avec notamment le duo allemand Digitalism, et un samedi « gros son » sound system dub et reggae. « Jeune, pas encore formaté, et loin d’avoir exploité toutes ses potentialités », le Tilt a de l’avenir, veut croire Maurice Lidou. A suivre...

marion kerbœuf