Paul Pfeiffer,, The Saints, Artangel, The Junction, Engineers Way, Wembley, Londres HA9 0PB, jusqu’au 28/10, du mercredi au samedi, 11-19 h, entrée libre. Métro : Wembley Park, prendre Olympic Way vers le stade, tourner une fois à gauche, prendre Rutherford Way, tourner encore à gauche et prendre Engineers Way.
L’entrepôt The Saints, lieu "d’exposition" sonore... © DR
< 15'10'07 >
Après le match, hors-champ artistique à Londres

(Londres, envoyée spéciale)

« The Saints » est un entrepôt vieillot, tout de blanc décrépit, situé au sein d’une zone improbable de commerces discount et de parkings vides, au pied du stade de Wembley, à Londres. Le nouveau stade : car l’ancien Wembley, construit pour célébrer le triomphe de la Grande-Bretagne impériale en 1924, fut détruit en l’an 2000, avant d’être remplacé. Le bâtiment « The Saints » désaffecté, est aujourd’hui le lieu d’un match artistique, à l’instigation de l’Américain Paul Pfeiffer.

Rien n’apparaît à la vue, qu’un vaste bâtiment vide dans lequel on aperçoit après un temps, un petit édicule blanc, au fond. C’est de cet édicule que provient le bruit amplifié qui résonne sur les poutrelles vides du bâtiment : le son de la foule, ce beuglement continuel de milliers de gorges criant et chantant à l’unisson. Paul Pfeiffer a voulu saisir le hors-champ du match. C’est pourquoi ses deux films projetés ensemble de façon contiguë, à l’intérieur de l’édicule blanc, représentent des foules absentes : deux « publics » présentés ensemble, dans un espace réservé dans cette immensité vide du hall marchand.

En noir et blanc, le public du match le plus célèbre au Royaume-Uni, celui de la finale de la Coupe du Monde de foot entre l’Angleterre et l’Allemagne en 1966 - avec Reine Elisabeth et Prince Philip en marionnettes de prédilection. En couleurs, une actualisation incongrue, grâce à la réunion de jeunes gens des Philippines, rejouant les réactions de la foule de 1966. C’est souvent le cas des travaux de Paul Pfeiffer, qui s’intéressent à des « moments iconiques », dans le sport ou la musique populaire, en les recontextualisent de façon à interroger les cultes collectifs portés aux héros et aux héroïnes médiatiques.

Ajoutons que cette œuvre de Paul Pfeiffer est l’un des projets portés par Artangel, l’organisme exemplaire fondé par le britannique James Lingwood, qui produit des œuvres temporaires à vaste échelle hors musée, hors galerie, hors normes. La « Maison » fantôme de Rachel Whiteread dans l’Est de Londres, c’était lui. La maison cauchemardesque donnée à visiter, une personne à la fois, par Gregor Schneider, c’est lui aussi. Le parcours piéton dans Londres organisé par Francis Alÿs, c’est encore lui. Le « remake » filmique, réalisé par Jeremy Deller, de la plus grande bagarre entre les mineurs et la police sous Thatcher, c’est toujours Artangel. En ce moment, l’organisation a également produit en Islande, la Bibliothèque d’eau de l’artiste Roni Horn. Autant de projets publics produits en privé.

(extrait vidéo de « The Saints », de Paul Pfeiffer :)

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elisabeth lebovici 

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