Après-coup de la 5e édition du festival Rock en Seine, Saint-Cloud (92).
Björk sous tous les angles, en couleur et en images, mais pas sur scène... © DR
< 27'08'07 >
Björk, sauveuse de Rock en Seine

Lorsque le noir se fait à 21h30 hier, une immense clameur monte dans le parc de Saint-Cloud : ils sont 20000 et sont venus pour elle. Pieds nus, vêtue d’une robe crème et or, Björk a soigné son allure d’elfe. Le concert, le plus attendu de la cinquième édition de Rock en Seine, va durer une petite heure et demie. L’Islandaise et ses séides (Mark Bell aux machines, Chris Corsano à la batterie, Jonas Sen aux claviers) revisitent, sans concession aucune, le récent « Volta » et les albums-phares des années 1990 (« Post », « Homogenic »…). Accompagnée d’une section de cuivres, Björk en profite pour bouleverser ses codes, balançant notamment un « Hunter » vraiment très chasse où les cors ont remplacé les violons. La prestation culmine avec « Hyperballad » enchaîné à « Pluto », dans un sabbat electro qui suscite une véritable folie dans la foule. Le concert s’achève ensuite sous une pluie de confettis dorés, pour un « Declare Independence » programmatique. Intransigeance et inventivité (les musiciens jouent d’une table à musique électro-acoustique, la Reactable, développée par une université barcelonaise), pyrotechnie et scénographie léchées : tout cela est très carré mais très efficace. Et l’émotion est palpable.

Ce pur moment de plaisir vient compenser une édition en demi-teinte où, malgré trois jours et 45 artistes au programme, les 65000 festivaliers n’ont pas vu grand-chose de passionnant. Au rayon electro, 2 Many DJ’s ont avantageusement occupé la place, vendredi, pendant le concert pénible d’Arcade Fire. Les pieds dans la boue, les festivaliers s’éclatent sur un mix ébouriffant et drôle servi par un son énorme, dont manqueront le lendemain les Brésiliens de CSS au même endroit, qui auraient mérité de jouer beaucoup plus fort.

Les « vieux » ont donc tenu le crachoir : les revenants grunge Dinosaur Jr en pleine cure de jouvence vendredi après-midi et surtout The Jesus and the Mary Chain samedi soir. Les Ecossais ont donné un concert implacable, Jim Reid promenant sa voix (qui n’a pas bougé d’un iota) dans un halo de guitares. « Reverence » et son riff explicitement emprunté aux Stooges clôt la démonstration et emporte l’adhésion largement au-delà du cercle des nostalgiques, conquis lui par ces soixante minutes de best-of. Sûr qu’après ça, les Fratellis et autres Cold War Kids paraissent bien pâlichons. Mention spéciale quand même pour les Hives, qui déroulent en costards leur show garage, désormais bien rodé, face à un large public de convertis. A noter encore : les bains de boue ont fait florès chez les jeunes garçons et la tendance botte bleu marine (ou kaki) sur jupette courte se confirme.

matthieu recarte 

votre email :

email du destinataire :

message :