Interview de Enrico Lunghi, commissaire de l’exposition censurée de Jacques Charlier, « 100 sexes d’artistes », à la 53e Biennale de Venise,. Exposition à voir sur un bateau au large des Giardini, de 10h à 18h, du 7/06 au 22/11.
Le bateau des 100 sexes d’artiste, le projet d’exposition dans l’espace public à Venise, censuré par la direction de cette 53eme biennale d’art contemporain. © DR
< 08'06'09 >
Cachez ces sexes d’artistes que Venise ne saurait voir

(Venise, envoyé spécial)

Et si l’œuvre d’un artiste ne se réduisait qu’à son sexe ? Bille en tête, et non sans une bonne connaissance de l’histoire de l’art, le Belge Jacques Charlier, 70 ans, façonne un répertoire, sorte d’hommage décalé aux grands noms vivants et à quelques morts, avec sa série « 100 sexes d’artistes ». En somme, une autre manière de faire l’histoire de l’art ! Cette vision décalée proposée par la Belgique en off de la 53e biennale d’art contemporain de Venise, qui a ouvert ses portes dimanche, n’a pas eu l’heur de plaire à la direction du rendez-vous international des tendances et des plus grands noms du secteur.

A Venise, pourtant habituée aux scandales, cette affaire demeure une petite patate chaude que l’on se repasse de main en main. Pourtant l’artiste Jacques Charlier n’en est pas à son premier coup d’éclat. Tel un gag potache qui aurait mal tourné, sa série de dessins « les 100 sexes d’artistes », qu’il commença en 1973, devait, en tout cas sur le papier, être dispersée dans la ville de Venise sous forme d’affiches. Mais la diffusion dans l’espace public restera en sommeil. La direction de la biennale argue de problèmes de droits de reproduction et du caractère sexuel des affiches pour in fine refuser le projet. L’équipe et en premier lieu son commissaire Enrico Lunghi, directeur du musée d’art moderne du Luxembourg (Mudam), crie à la censure. Et contre-attaque immédiatement dès l’ouverture de cette 53e biennale, qui a pour thème « Construire des mondes ». Et c’est à bord d’un bateau (décidément, le bateau pirate serait-il le héros de cette 53e édition, on y revient avec les trublions suédois de The Pirate Bay, présents eux aussi en marge de l’exposition vénitienne) que de joyeux drilles font la promotion, dans la bonne humeur, d’une manifestation qui n’aura pas lieu.

Et c’est un tout autre projet que l’on voit naître sur ce bateau. Les dessins ne sont pas éparpillés, mais regroupés sous forme d’un livre-catalogue, d’un dossier de presse, d’un site web qui lance un grand jeu concours, d’un blog et d’une batterie de documents. On y découvre entre autres le sentiment des artistes en réponse à un questionnaire sur cette série de Jacques Charlier.

Le commissaire de l’exposition Enrico Lunghi revient sur une censure qui profite néanmoins au projet :

(6 minutes)

cyril thomas 

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< 1 > commentaire
écrit le < 08'06'09 > par < vlk VE3 vlk.kom >
je viens de regarder l’oeuvre de Lévêque dans le monde.fr, au pavillon français de venise. Le titre ’le grand soir’. Je vous laisse en dévoiler tout l’immense cynisme et l’insupportable perversité. Claude, tu viens de rentrer de plein pieds sur la liste noire. Plus ça vieillit, plus le sexe de l’artiste quand il subsiste, pue. VLK.