Dans « The Clock » (2010), les extraits de films compilés par Christian Marclay affichent une correspondance exacte avec le déroulé temporel de la projection. © Christian Marclay. Courtesy Paula Cooper Gallery, New York and White Cube, London. Photo : Todd-White Photography
< 28'09'12 >
Christian Marclay, rencontre sonore en différé
(pop’50) Aux croisées de la performance des arts visuels et sonores, Christian Marclay, né en 1955, occupe une place de choix quasi stratégique dans la géographie ondulante de l’art contemporain. C’est avec un art consommé de la citation qu’il joue de télescopages jubilatoires et de références artistiques empruntées aux cultures populaires. Il applique principalement cette expression à des créations musicales et des performances dans les années 80 et 90. Elles-mêmes peuvent se définir comme des réinterprétations et des manipulations du support d’enregistrement sur lequel est inscrite une information sonore, à la façon d’un DJ, certes, mais étrangement autrement.
Le platinisme n’a pas encore de nom que Marclay fait déjà couiner d’avant en arrière des rebuts de microsillons sur d’antiques platines Caliphone. Puis c’est au tour de l’image de devenir chez lui objet de remixes, qu’il mélange iconographie pop, pochettes de disques ou image filmée. Depuis l’impressionnant « Video Quartet » (2002) et ses 14 minutes de correspondances son/image à partir de centaines d’emprunts hollywoodiens, Marclay est définitivement reconnu comme un artiste contemporain et plus seulement comme un génial « collage artist ».
Son œuvre s’enrichit dans cette même veine du tumultueux « Crossfire » (2007), dispositif sur quatre écrans dans lequel le spectateur est au centre d’échanges de coups de feux. Puis vient la consécration avec le pharaonique « The Clock », œuvre de 24 heures qui fait bien le tour de l’horloge à renfort d’extraits de films où s’affiche l’heure exacte du déroulé de l’action en correspondance précise avec le déroulé temporel de la projection. Cette œuvre, aussi puissante qu’émouvante, vaut à Marclay le Lion d’Or de la 54ème Biennale de Venise en 2011. Une reconnaissance internationale de son statut d’artiste englobant ses aptitudes musicales.
Afin de mieux comprendre Marclay, il faut remonter à sa genèse platiniste, de laquelle découlent naturellement ses créations connexes. A l’été 2003, alors qu’il exposait en première européenne « Video Quartet » à la White Cube Gallery de Londres, je l’évoquais avec lui, et en tirait une réalisation radiophonique, « Rencontre avec Christian Marclay », restée jusqu’ici inédite.
Dans cette série de quatre modules de quinze minutes, il évoque sa jeunesse à l’école d’art de Boston, l’influence punk, l’art performance ou encore son rêve de faire une comédie musicale (sic !). Il décrit les processus de modification et de manipulation de ses platines tourne-disques, ses intentions artistiques tout comme ses détournements assumés qui le placent à la fois dans la ligné d’un John Cage et d’un Pierre Henry tout en l’instituant comme un père tutélaire du platinisme et des pratiques de détournement du remixe et plunderphonics.
Rencontre avec Christian Marclay (2003), réalisation radiophonique Jean-Philippe Renoult, 60 minutes :
Première partie :
Deuxième partie :
Troisième partie :
Quatrième partie :
Aller plus loin :
Les pages consacrées à Christian Marclay sur le site de la White Cube Gallery de Londres.
En intégralité sur Ubuweb, le film « Record Player : Christian Marclay » (42 mn, 2000), de Luc Peter, avec Christian Marclay, Elliott Sharp et DJ Soulslinger, Lee Ranaldo et Thurston Moore, DJ Olive et Erik M.
Cette rencontre avec Christian Marclay est également accessible en téléchargement dans la rubrique Popsonics.
jean-philippe renoult
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