Retour sur « Cinéma en numérique », programmation organisée dans le cadre du Festival d’Automne du 21 au 27 novembre au cinéma MK2 Bibliothèque par les Cahiers du Cinéma.
« Body Double » de Brice Dellsperger, une des pépites de la programmation de la première édition de « Cinéma en numérique ». © DR
< 28'11'07 >
« Cinéma en numérique », thème avec variations

Brice Dellsperger, Martin Le Chevallier, Pierre Giner, Ludovic Burel, Kaori Kinoshita et Alain Della Negra, Melvil Poupaud ou encore Laurent Grasso… Ce n’est pas la liste des artistes défendus par poptronics (ça pourrait) mais un échantillon représentatif de la programmation plus qu’alléchante du premier festival des Cahiers du cinéma, « Cinéma en numérique », qui s’est déroulée cette semaine à Paris, au MK2 Bibliothèque. Pourquoi poptronics n’en parle-t-il qu’au lendemain de la clôture, qui s’achevait avec faste par la projection en avant-première du prochain long-métrage de Brian De Palma, « Redacted » (sortie prévue en février 2008) ? Tout simplement parce qu’une belle affiche ne suffit pas à faire un bon festival et que le simple dénominateur commun de « numérique » ne fédère pas une esthétique ou même une intention artistique communes. Dubitatifs sur le fond de l’affaire, on voulait voir sur pièces.

Première séquence, samedi soir, au MK2 Bibliothèque, donc, un spectateur s’énerve : le pass qu’il pensait retirer à l’accueil n’est pas disponible, il lui faudrait aller aux Cahiers, personne ne peut lui venir en aide, le festival ne se passe pas là. Ah bon. Signe que le MK2 n’est pas totalement investi dans cette programmation de 40 films et quelques installations (si tant est qu’on puisse appeler installations trois écrans plats disposés côte à côte au sous-sol du cinéma…), courts, moyens et longs confondus, art vidéo et nouveaux médias, cinéma DV et HD. Dans la salle, une petite dizaine de spectateurs, dont 4 du CNC (le Centre national de la cinématographie), qui soutient la manifestation, et qui progressivement abandonneront les lieux avant la fin du programme (certes un peu abscons et très artistique, n’empêche…).

Deuxième séquence, hier matin pour la projection « exceptionnelle » de « Redacted », « en présence de Brian De Palma ». Arrivé sur place, le spectateur apprend que De Palma ne viendra pas. Ah bon. Et Emmanuel Burdeau, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, d’expliquer que l’accueil critique du film qui sort en ce moment aux Etats-Unis a peut-être découragé De Palma. Applaudissements maigrelets à l’issue de la projection de cet objet très de-palmesque, qui aurait pu être un chef-d’œuvre mais n’arrive pas à la cheville des meilleurs de Palma. Face à la concurrence des images volées du réel, le réalisateur américain entendait se servir à la source, et faire un documentaire sur la guerre en Irak tiré des images d’amateur (téléphones portables et mini-caméras des soldats US), chats vidéo et caméras de surveillance. Projet formidable qu’on aurait aimé voir, plutôt que l’ersatz de cinéma médié qu’il nous propose (on y reviendra), ce « vrai » film avec acteurs et scénario chocs (sorte de remake de « Outrage », premier film noir ayant pour thème un viol, et du « Dahlia noir », d’après James Ellroy), au message lourdingue (la guerre c’est mal, ça transforme les meilleurs en bêtes) et à l’esthétique « fake » carrément ratée (tout est faux, images de caméra de surveillance, chats vidéo, reportage embedded et films amateurs de soldats au front). On a du mal à voir l’intérêt de fictionnaliser en rajoutant le filtre (faux, on répète) du cadre dans le cadre…

Ces deux séquences ne résument pas la totalité de la manifestation qui recelait des perles et films rares - on conseille d’ailleurs le supplément édité par les Cahiers pour l’occasion, intéressant et fouillé, et notamment l’« Histoire portative du numérique ». Ce qu’elles mettent en exergue, c’est la difficulté à ranger dans des cases, fussent-elles génériques (à l’instar de ce « numérique » du titre de la manif), des projets qui ne s’adressent pas aux mêmes publics et n’ont pas été conçus pour l’écran noir des salles obscures. La pièce interactive de Martin Le Chevallier, « le Papillon  » (2005), n’a (presque) aucun intérêt en version linéaire, le principe même de la narration étant cette intervention intempestive du spectateur pour décider quelle route vers le bonheur empruntera le héros (Mathieu Amalric). Un moyen métrage comme « Should we never meet again » (Gregg Smith, 2005), ne déparerait pas dans la sélection Labo du festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand (narration et divagations sonores et visuelles d’un personnage « largué » dans tous les sens du terme) alors que « My new picture » (2006) de Bertrand Bonello est insupportable en salle de cinéma, s’envisageant davantage comme une installation à déguster dans un musée. Le cinéaste (auteur du récent « Pornographe ») et musicien montre l’écoute d’une jeune femme, casque sur les oreilles, clopes et différentes pauses sur le sofa, sur sa dernière création sonore. On s’y ennuie ferme, sauf à plonger dans la composition de l’artiste.

Extrait de « Redacted », de Brian De Palma (2007) :

annick rivoire 

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< 1 > commentaire
écrit le < 29'11'07 > par < mister.n aUy laposte.net >
C’est bien ce qui me semblait, la photo illustrant cet article, et bien c’est Jean Luc Verna...artiste performer en version femme. A ce propos, il a fait une reprise de Funky Town, reprise assez nulle d’ailleurs, le fun : il dansent avec ses amis sur un caca géant : http://www.youtube.com/watch ?v=8m1X6Yj-Wqg