Dernier volet des commentaires de Calmin Borel, sélectionneur du Labo de Clermont, sur la rétrospective Dix ans de Labo, 40 films, dans le cadre du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand 2011, qui s’est achevé le 12 février, à Clermont.

Projection au Forum des images à Paris de trois programmes de films primés au 33e Festival international du court métrage à Clermont, le 19/2, à 16h, 18h30 et 21h.

"The Raftsman’s Razor", de Keith Bearden (jury du Labo 2011) était l’un des 40 films anniversaire des 10 ans du Labo. Son auteur est passé entretemps du court au long. © DR
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Clermont (4/4) : retour vers le futur en 40 courts

Excellente nouvelle que le succès populaire (plus de 148.000 entrées, soit 4000 de plus qu’en 2010) du Festival international du court métrage de Clermont, qui s’est achevé ce week-end. Comme quoi, la culture n’est pas réservée aux seules élites !

Poptronics, qui aime particulièrement le Labo, la section des nouvelles narrations et images carambolages, achève son hommage aux 10 ans de cette compétition, avec le dernier volet des commentaires de Calmin Borel, qui en est l’initiateur et le programmateur. La plupart des films choisis sont à voir en ligne, et une dizaine d’entre eux sont édités en DVD par Potemkine. Quant au Labo 2011, on y reviendra puisqu’il se montre aux Parisiens ce samedi au Forum des images. En attendant, voyez plutôt à quoi ressemble le Grand prix Labo 2011, une fiction aux airs de documentaire historique de Guy Maddin.

Grand Prix Labo 2011, « Night Mayor », Guy Maddin (Canada) :

« Rébus », François Vogel, France, 2008.

Calmin Borel : « Déjà à Vidéoformes (l’autre festival clermontois des images nouvelles, dédié à l’art vidéo, où Calmin Bordel a fait ses classes, ndlr), François Vogel réalisait ses bidouilles avec une grammaire qui lui est propre. Il fait énormément de publicité mais il a l’intelligence de développer son univers graphique bourré de talent sur des travaux qui lui sont plus personnels. »

« Lift », Marc Isaacs, GB, 2001, prix spécial du jury 2003 :

« “Lift” fait partie du genre documentaire, qui personnellement est celui qui m’intéresse le plus. Ce concentré de vie et d’humanité dans un ascenseur a évidemment profité de la miniaturisation des outils de prise de vue : Marc Isaacs n’aurait jamais pu le faire avec une grosse équipe. Ce film est une merveille, l’un des tous premiers de mon palmarès à moi… »

« Subjectile », Régis Cotentin, France, 2001 :

A voir en ligne ici.

« Un film français, réalisé par un de ces artistes qui ne passeront jamais au long et ne s’en plaignent pas. Il est plasticien et travaille au palais des Beaux arts de Lille. Quand je le tanne un peu, il envoie un film. Tous ont cet univers fort et plein de poésie. »

« No Place Like Home », Rosto, Pays-Bas, 2008 :

« Ce n’est pas forcément le meilleur Rosto, plutôt prolifique à Clermont (notamment en compétition internationale). Celui-ci est un peu comme un clip. Mais il fait partie de la famille : c’est le type de réalisateur qui accompagne le Labo et que le Labo accompagne aussi. Il a obtenu l’aide à la production de la région Auvergne pour son prochain film. Je profite qu’on montre des films pour pousser la production dans d’autres institutions… »

« Adjustment », Ian MacKinnon, GB, 2006 :

« Si on devait sortir une école depuis dix ans, ce serait le Royal College of Art de Londres. L’appropriation de l’environnement urbain mélangé à cette technique ancestrale d’image par image, poussée à son extrême, jusque dans les panneaux de publicité, permet de faire du neuf avec du vieux. De la poésie pure. »

« Danse macabre », Pedro Pires, Canada, 2008 :

« Avec ce harnais fixé au-dessus d’une table de dissection, Pedro Pires a travaillé avec un chorégraphe. Certaines personnes ont été choquées mais j’aime beaucoup la façon dont il transcende le sujet. Chaque année au Labo, au moins deux ou trois films ont un côté macabre, tout comme chaque année, la même proportion de courts ont un rapport au corps loin d’être abstrait, qui privilégie le contact, le toucher, l’organique plutôt que l’abstraction. »

« D.I.Y. », Royston Tan, Singapour, 2005 :

« La narration, c’est ce rythme qui démarre, qui parvient à mettre en scène tous ces personnages, de l’éphèbe bodybuildé qui gémit à la jolie femme. C’est très drôle et très bien fait, ça fonctionne à mort. C’est un des ces films passerelles qui décontracte et emmène les spectateurs du Labo vers d’autres images. L’Asie fait partie de ces zones du monde sur lesquelles Clermont avait un vrai déficit et dont on a pu, grâce au Labo, montrer les facettes créatives. »

« Dad’s Dead », Chris Shepherd, GB, 2003 :

« La mort, la bidouille, un mélange des genres et une irrévérence assumés. Chris Shepherd va maltraiter les classiques de Disney ou mélanger prises de vue réelle et animations pour raconter le quotidien plutôt glauque d’un gamin. Avec son approche quasi-documentaire, c’est un film très touchant. Son dernier film, “Bad Night for the Blues”, drôle mais de facture très classique, a été sélectionné en compétition internationale (et a obtenu le prix Canal+, ndlr). »

« Oh My God », John Bryant, Etats-Unis, 2004, prix Canal+ 2005 :

« S’il dit pas mal de choses sur la société américaine, ce film est aussi du pur burlesque, avec cette ligne de dialogue unique, qui joue complètement sur les limites. C’est à mourir de rire, et cela, jusqu’au générique… »

« The Raftman’s Razor », Keith Bearden, Etats-Unis, 2004, prix de la presse 2005 :

« Keith Bearden, jury du Labo 2011, est passé au long avec “Meet Monica Velour” (2010, pas encore sorti en France, ndlr). Son film bourré de références comics est un film sur la jeunesse qui mélange des côtés joyeux voire jouissifs et une patte très originale et personnelle. C’était la liberté d’un premier film, on savait qu’on ne le retrouverait pas en Labo : il a glissé de l’autre côté, d’abord en compétition internationale, puis au long. »

Palmarès Labo 2011 :

Grand prix : « Night Mayor », Guy Maddin, Canada

Prix spécial du jury : « On the way to the sea », Tao Gu, Canada, Québec, Chine

Mention spéciale du jury : « The Eagleman Stag », Michael Please, Royaume-Uni

Prix du public : « Big Bang Big Boom », Blu, Italie

Prix Canal+ : « The External World », David OReilly, Allemagne

Prix de la presse « Télérama » : « The Eagleman Stag », Michael Please, Royaume-Uni

Mention spéciale du jury presse : « All flowers in time », Jonathan Caouette, Canada, Québec, Etats-Unis.

Recueilli par annick rivoire 

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