Un type qui s’identifie à un singe, forcément ça intrigue. A l’heure de se lancer en solo, après un éphémère groupe, Flipper’s Guitar, Keigo Oyamada alias Cornelius a emprunté son nom d’artiste à la Planète des singes de Pierre Boulle, poussant le mimétisme jusqu’à prénommer son fils Milo, comme l’enfant du personnage du roman… Ce n’est pas la seule incongruité de ce Japonais en fin de trentaine, qu’on a repéré il y a une douzaine d’années de cela, avec un curieux 1969, dans lequel il samplait… un discours du général de Gaulle !

Bidouilleur rare (cinq albums originaux en treize ans) et figure arty recherchée (il a travaillé avec Arto Lindsay, remixé Beck, Blur, Tahiti 80, The Avalanches ou… Sting), Cornelius est devenu, dans la foulée de Pizzicato Five, la tête de pont du renouveau pop japonais des années 1990 (voir les compilation Sushi 2002, Sushi 3003, etc.) grâce à un cocktail inclassable. Disons, pour aller vite, qu’il mêle l’électro planante et l’expérimental pointu, l’influence du rock indé de Beck et My Bloody Valentine, la liberté de ton des Beastie Boys et les mélodies des Beach Boys.

S’il a peut-être son meilleur derrière lui (l’imparable "Fantasma", 1997), Cornelius continue son chemin singulier : son dernier-né, Sensuous, qu’il défend vendredi 25 mai au Nouveau Casino (1), le voit se lancer dans un minimalisme électro-acoustique de bon aloi, sans renier la pop aérienne et gracile sous influence seventies revendiquée qui fait sa matrice. La preuve que la j-pop ne se résume pas aux japoniaiseries kawaï pour cours de collège de Kana et consorts. Un extrait, en guise de mise en bouche, tiré de l’exellente compil en Creative Commons ditribuée par le magazine Wired en novembre 2004 The Wired CD : Rip. Sample. Mash. Share. : Wataridori 2.

matthieu recarte