Après-coup sur deux performances discrètes : une vidéo du collectif HobbypopMuseum diffusée sur la télé du Palais de Tokyo et un cours de l’Ecole pour devenir invisible.
« Le Jardin entouré », performance légumière de Jochen Dehn consacrée à la symbiose des figues et des guêpes... © DR
< 01'04'08 >
Du caché à l’invisible, l’art de se faire discret

Pour vivre heureux, vivons cachés ? La tendance à la disparition et l’anonymat n’est pas nouvelle, des pseudos et œuvres cachées du théoricien Paul Devautour au refus de Daft Punk de faire tomber les masques, mais elle continue à s’enrichir d’une catégorie d’artistes hermétiques aux musées et aux expos. Un hasard du calendrier a réuni, la semaine dernière, deux acteurs de cet extrême de l’art.

Mercredi 26 mars, Palais de Tokyo. Le programme télé CCTV, mis en place en janvier, diffusait « Echo » (2005), une vidéo du collectif HobbypopMuseum. Invité à présenter son travail à la fondation Deste à Athènes, le collectif avait eu l’idée originale de répondre par une exposition secrète et fermée au public. Croquis qui prennent vie, photos de vacances, personnages et couleurs qui s’animent... Avec sa bande son ralentie et son esthétique amateur, la vidéo dérange le spectateur, tiraillé entre hypnose, contemplation et indifférence. Mais la force d’« Echo », c’est la façon dont l’exposition est réactualisée dans la vidéo et non pas où elle devait l’être (à la fondation). Un contrepoint frappant à l’impressionnant dispositif « Cellar Door », de Loris Gréaud, deux mètres plus loin !

Jeudi 27 mars, Bétonsalon.. On quitte le caché de la veille pour l’invisible. Comme chaque semaine depuis la fin janvier, Jochen Dehn, professeur atypique de l’Ecole pour devenir invisible (école qui cherche « les possibilités de devenir moins concret, plus diffus, de se dissoudre sans disparaître », et se propose « d’étudier les méthodes qui nous permettent de traverser les murs sans nous obliger à utiliser les portes » !), présente son cours. Au programme : « Le Jardin entouré », une performance consacrée à la symbiose des figues et des guêpes... 20h30, une mini-DV scotchée sur la tête, debout sur une table remplie de légumes (citrouille, pastèque, melon, tomate) et relié à un rétroprojecteur, notre homme passe à la pratique. La démonstration est déroutante. Sous l’œil amusé de ses spectateurs-élèves, Jochen Dehn découpe, perce, explique et démontre que la symbiose entre la guêpe et la figue est un exemple d’invisibilité parmi d’autres. « Chaque cours est une théorie, explique Mélanie Bouteloup, directrice du Bétonsalon. De cours en cours, on a des indices pour apprécier la performance. Malgré le côté un peu hermétique de la démonstration, c’est toujours quelque chose de très réfléchi, qui amène à repenser notre rapport au monde. » Les prochains cours de l’Ecole pour devenir invisible auront lieu le 3 avril (« Nœuds et leurs contraires », une performance-conférence consacrée aux liens et aux collisions) et le 11 avril (« Liquide tour guidée du Louvre », un jeu avec les détecteurs de présence du musée).

valérie nescop 

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