Enter festival, troisième édition à Prague : expositions de quelque 60 artistes en plusieurs endroits de la capitale tchèque, du 8/11 au 11/11, et conférence internationale Mutamorphosis, « Challenging Arts and Sciences », du 8 au 10/11.
Prototypes de « nano-art », impossible à voir à l’œil nu, mais exposé à Prague. © DR
< 08'11'07 >
Enter à Prague, le festival qui ne l’envoie pas dire au réseau

Un bonbon d’architecture romantique... La dernière édition d’Enter festival à Prague, en 2005, avait donné une toute autre image de la capitale tchèque. Une image dure et techno, décatie et gérant difficilement ses contradictions post-soviétiques. Le gros de l’affaire se passait à la tour de télé, point de vue panoramique et résurgence communiste et à l’intérieur du monument de Vitkov, ancien mausolée des martyrs de la révolution sur les hauteurs de Prague. Prothèses numériques, lasers et hacking, la programmation laissait découvrir une approche des nouveaux médias ancrée dans une culture de l’Est à la fois plus radicale, noire et gothique.

Pour sa troisième édition, la manifestation portée par le Ciant, le centre d’art multimédia créé par l’artiste Pavel Smetana, investit la tour Dum U Kamenného zvonu en plein centre baroque précisément, ou encore l’Académie des sciences, l’Institut français ou le Goethe Institut. Symboliquement, la reconnaissance est au moins européenne, comme l’est le colloque international Mutamorphosis organisé par la revue « Leonardo » qui fête son quarantième anniversaire, autour d’une rétrospective de son fondateur Frank J. Malina (1912-1981), ingénieur aéronautique américain et artiste cinétique du genre plutôt farfelu. Ladite conférence, entre science et art (sur laquelle poptronics reviendra), balaie aussi bien les « limites de la vie biologique » que « les corps extrêmes dans des espaces extrêmes », « les perspectives du nano-art », « l’art et le climat » et autres rapprochements singuliers et forcément passionnants.

Fort de ses soutiens européens, Enter joue la carte internationale, mélange une soixantaine d’artistes avec une forte présence de bio-artistes pour l’exposition Transgenesis, artistes en labos, invite Stelarc en tournée européenne avec son oreille greffée sur l’avant-bras, Roy Ascott ou encore Rachel Mayeri avec son expérience de cinéma babouin. Mais Enter est aussi le reflet de l’évolution des nouveaux médias. Et si, comme le rappelle Scott Hessels, avec son projet de Mécaniques célestes, « 30 000 objets manufacturés planent au-dessus de nous, avions, hélicos, satellites, stations météo, débris spatiaux et d’autres technologies diverses », qui « observent, guident, protègent, communiquent, transportent, prédisent », il est de plus en plus nécessaire de retrouver une certaine maîtrise de notre environnement, social et spatial. Pavel Smetana ne dit pas autre chose : « le festival Enter se fait à la fois plus radical et universel. Tout en gardant à l’œil les développements techniques et leurs zones de convergence avec la science, le festival est devenu plus politique, s’intéressant au contexte social aussi bien qu’à l’histoire et au futur des humains. »

La génération qui bouffe des réseaux sociaux jusqu’à plus soif s’y retrouvera donc aussi, avec une exposition, forcément critique, intitulée « Web 2.0 Generation, connecter l’innovation, le business et l’art ». Du Second Life, du Google Maps détourné et des anti Facebook par dizaines. Joli programme en perspective.

annick rivoire 

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