« I-Be Area », un soap artistique signé Ryan Trecartin, en kit sur Youtube et en ce moment à la galerie MaMa (Media and Moving Art) de Rotterdam, Witte de Withstraat 29-31, Rotterdam (3012 BL), Pays-Bas.
Des acteurs qui changent de personnage, qui se maquillent ou changent de sexe pour les besoins de l’intrigue, des cadrages aléatoires, des effets spéciaux spécieux : c’est tout "I-Be Area", ça. © DR
< 02'12'08 >
« I-Be Area », par ici le bon soap !
Fashionista de perruques multicolores, de latex rouge assorti d’un T-shirt léopard, cet ovni artistique est pour toi. Imagine un soap mixant « Queer as Folk » (version américaine) pour l’ancrage stylistique et « Hélène et les Garçons » pour la consistance intellectuelle des dialogues. Accompagne ce résultat improbable d’une sauce « Teletubbies » en version hystérique freak sous drogue hallucinogène, et... te voilà face à « I-Be Area », le film le plus loufoque et débridé qui soit. « I-Be Area » est signé Ryan Trecartin, qui invente des rejetons décalés et transgenres totalement raccords avec nos peurs et nos idées tellement -euuhh tendances- passées à la moulinette d’un regard furieusement anti-conventionnel : écologie, night-clubbing, rencontres sur le Net, nouveau gourou geek enfermé dans sa bulle, pseudo-théorie artistique sur les images pornographiques, tout y passe. Ce soap de 148 minutes que son auteur décrit comme un « Top Models sous acide » date de 2007, mais il continue à tourner sur les espaces online des galeries, comme actuellement celui de la galerie MaMa (Media and Moving Art) de Rotterdam. L’artiste en propose une version en kit, découpée en 21 séquences à regarder dans le désordre sur Youtube, et qu’on ne résiste pas à vous présenter ici-même. « I-Be Area », de Ryan Trecartin, 2007, en désordre sur Youtube : Ryan Trecartin, né en en 1981 au Texas, qui vit aujourd’hui à Philadelphie, n’en est pas à son coup d’essai (la liste de ses vidéos est disponible ici). Repéré par la galerie Saatchi, après avoir élaboré tout un environnement déstructuré de sculptures et de maisons de poupées disloquées, il met en scène en 2004 une série de personnages hauts en couleur et à la langue bien pendue dans « A Family Finds Entertainment ». Son nouvel opus « I-Be Area » est un perfectionnement du genre, qui remixe la génération numérique accro à sa notoriété, ses avatars (lui-même incarne plusieurs personnages) et quelques figures emblématiques de ce qu’il nomme notre « présent potentiel partiellement cyber ». Pas de liens, ni de grandes théories sur le plan fixe. Tout bouge, même les lieux (on s’y perd vite), de la caméra instable aux effets 3D un peu surannés en passant par le maquillage parfois dégoulinant des comédiens. Les actions sont concomitantes, les histoires se chevauchent et pour couronner le tout, certains acteurs jouent parfois plusieurs personnages… Il faut oublier les cadres et les codes et plonger à deux pieds dans une autre culture, que certains qualifieraient de sous-culture, celle des films faits à la maison, avec de véritables scénarii déjantés qui prennent corps dans une esthétique personnelle. On pense à « Sitcom » de François Ozon qui décrivait de manière acerbe il y a déjà dix ans l’univers bourgeois et feutré des feuilletons télé français. Ryan Trecartin, lui, s’attaque à la télévision bien sûr, mais aussi à la jeune création. Et n’y va pas de main morte : les œuvres picturales sont sexualisées à l’extrême et le discours de l’artiste ne laisse guère de place au romantisme lyrique… Ce qui n’a pas dérangé des institutions comme le Whitney Museum ou le New Museum à New York qui l’ont programmé en 2007. Munissez-vous quand même de votre dictionnaire anglais d’argot sexuel préféré, certaines expressions n’ayant rien à envier au « Luna Park » de Bret Easton Ellis…
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commentaire
écrit le < 02'12'08 > par <
mikaela.assolent nMX hotmail.fr
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ce film et d’autres sont aussi sur ubuweb, non découpés et peut-être en meilleure qualité : http://www.ubu.com/film/trecartin.html
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