Déferlante de tablettes et autres liseuses numériques depuis le début 2011. Le lecteur assidu de poptronics ne sera guère surpris d’apprendre que Nicolas Frespech, net-artiste et pop’chroniqueur, s’y intéresse. Et appelle les artistes à mettre les mains à la pâte numérique. Chronique.
"L’avenir de l’art :)", commande 2091 à l’Echoppe photographique. © Nicolas Frespech-Licence Art Libre
< 04'07'11 >
Inventons le livre d’artiste numérique !
Le livre électronique a (déjà) 40 ans (le même âge que moi !) grâce à Michael Hart, créateur du Projet Gutenberg, qui nous permet d’accéder aujourd’hui à des milliers de livres numérisés. L’activiste américain avait rapidement compris que l’ordinateur n’était pas seulement un super calculateur mais offrait une mémoire de stockage presque illimitée et que les usages de lecture allaient changer avec l’informatique domestique et la généralisation des accès au Web. Quarante ans après, le souci, c’est que sur Gutenberg et autres bibliothèques en ligne, on ne trouve presque que des livres tombés dans le domaine public : idéal pour réviser ses classiques mais pas super contemporain non plus. Quant au rayon livre d’artiste... c’est carrément le désert ! 2011, la foire aux tablettes ! Apple avec son iPad, la tablette qui fait presque tout, serait en train de révolutionner la lecture. 2011 est de fait l’année des liseuses technos : Ipad 2, Kindle DX, Iphone 4, FnacBook, encre électronique, écran couleur, tactile ou pas, multi-touches... c’est une drôle de foire dans les supports de lecture, idem du côté des formats, propriétaires ou ouverts... Cette ébullition ne donne pas toujours envie de pratiquer la lecture numérique nomade, encore moins de se lancer dans la création d’un livre numérique, même si 12% des Américains possèdent maintenant une liseuse. Alors quoi, que peut-on offrir de nouveau, comment expériementer en tous genres ? Du côté du texte courant (romans, thèses...), le passage à la liseuse numérique n’est pas compliquée : l’écrit s’adapte assez bien aux supports de lecture numériques. Du côté des livres d’artistes, c’est une toute autre histoire voire une toute autre culture à inventer. Le livre numérique : ergonomie et fabrication, selon Hervé Le Crosnier, maître de conférences à l’Université de Caen : Actuellement, le format « idéal » serait l’ePub pour electronic publication, bien plus souple que le PDF et bien plus universel, puisqu’il recompose le contenu afin que le texte puisse être lu sur n’importe quel support. De son côté, le Kindle d’Amazon ne propose qu’un format propriétaire truffé de DRM (système de gestion des droits numériques) et n’offre qu’un petit aperçu de ce que pourrait être un livre augmenté. Le Kindle semble fait pour les romans, pas pour les livres d’art. Lors de différentes conversations avec des étudiants et artistes, ont émergé la volonté et les craintes des auteurs de maîtriser le rendu final, comme si le Codex était immuable… Rassurant alors que la lecture s’inscrit dans une longue histoire dynamique des formes et des pratiques. D’ores et déjà, une création disponible sur le Net ne s’affiche pas de la même manière que vous utilisiez le navigateur Opera ou Firefox, un grand ou un petit écran... Le Web n’est pas un magazine conçu avec InDesign, le logiciel phare de mise en page pour l’univers papier. Et quand bien même le PDF est un type de document standardisé, respectueux de la mise en page originelle, ce format ne répond pas aux attentes que l’on peut avoir aujourd’hui pour un livre d’art numérique, qui ne serait souvent qu’une pâle copie numérisée de la version papier. Le livre d’art contemporain (donc numérique) peut comporter des liens hypertextes, de la vidéo, des données dynamiques. C’est ce qu’on appelle un livre augmenté. Il peut changer de contenu suivant l’endroit où l’on se trouve, une feuille blanche qui se remplit toute seule, presque comme dans un conte de fées, quitte à créer un doute : suis-je sur un site internet ou en train de consulter un livre ? Pas obligé non plus d’y ajouter tout un tas de médias différents pour qu’il soit un bon livre. C’est à la base qu’il faut penser un livre d’art numérique natif qui circulera de tablettes en téléphones mobiles, petits ou grand écrans, laissant même au lecteur final le choix d’agrandir les caractères, de changer la couleur du fond et même de surligner en fluo numérique des passages intéressants et de partager ses marque-pages sur un réseau social ! Et si on se lançait ? Le format ePub permet de réaliser des livres à partir de différents logiciels ? Il compatible avec la quasi totalité des lecteurs numériques (de votre écran de PC à votre ordiphone pomme). Vous pouvez même y ajouter des restrictions commerciales (oui, des DRM), ce qui rend très critique l’« inventeur » des licences libres Richard Stallmann. J’ai cherché sur le Net quelques livres d’art dans ce format et sans DRM… et je n’ai pas trouvé grand chose, mis à part le projet de Franck Ancel, « Du LIVRE de Mallarmé au livre mal armé ». Pour faire un eBook en ePub, c’est cependant assez simple : téléchargez Sigil, un éditeur multiplateformes gratuit et open source, insérer des images, du texte, des métadonnées... Et c’est prêt. Testez-le sur votre iPhone ou un lecteur comme Calibre, c’est bon ? Si vous faites partie des accros du logiciel de PAO InDesign, la dernière version permet un export de votre publication au format ePub ! Parfait, vous n’avez plus qu’à envoyer votre création à vos amis par courriel ou le mettre à disposition sur votre site internet. Pour ma part, je me suis lancé dans un gros chantier : faire un livre d’art qui expérimente la métaphore numérique de la page qui tourne ! Il nous faut penser le livre d’art différemment. Que dire ? Que montrer ? Faut-il jouer avec l’utilisateur en lui offrant une lecture croisée hypertextuelle de type « le livre dont vous êtes le héros » ? Faut-il l’abreuver de vidéos et de musique ? Question modèle économique, faut-il mettre en vente ses créations sur des plateformes commerciales, opter pour la gratuité ou une approche commerciale entre le free et le premium ? Et l’accès à ces livres d’artistes ? Faut-il inviter les bibliothèques à offrir à leurs usagers la possibilité de télécharger ce type de créations ? Faut-il créer une plateforme spécialisée dans le livre d’art numérique ou bien encourager l’auto-publication ? En attendant des réponses, ceux qui frôlent la panne d’inspiration ont sans doute été traîner, iPad sous le bras, à la première édition du Festival international du livre d’art et du film qui vient de s’achever à Perpignan, et qui a consacré une part de sa programmation à « l’avenir numérique du livre ».
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commentaires
écrit le < 04'07'11 > par <
contact kmG liminaire.fr
>
Publie.net expérimente depuis 2008 déjà, la publication numérique, avec une collection portfolios et la revue d’ici là (7 numéros), en ePub et sans DRM à découvrir ici : http://tinyurl.com/revuedicila Démonstration vidéo du dernier numéro sorti le 21 juin 2011 : http://youtu.be/TlY-NLEd-e0
écrit le < 04'08'11 > par <
info o8n gravitons-editions.com
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"Du LIVRE de Mallarmé au livre mal armé" dans notre catalogue http://www.gravitons-editions.com/fr/livres/10-du-livre-de-mallarme-au-livre-mal-arme.html Débora | gravitons
écrit le < 28'09'11 > par <
beatrice aFi darnal.com
>
Abandonner un livre numérique sur un banc public ? http://www.dailymotion.com/video/xld1jd_abandonner-un-livre-numerique-sur-un-banc-public_creation
écrit le < 19'10'11 > par <
info PLT drame.org
>
La corde à linge, ePub avec 47 photos et 80 minutes de musique La corde à linge est édité par publie.net, vendu 3,49€ en multiformats (streaming, PDF, Mobipocket, ePub), préface de François Bon : http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505216/la-corde-à-linge Découverte optimale sur iPad (avec 80 minutes de musique, la plupart inédite) Le making of : http://www.drame.org/blog/index.php ?2011%2F10%2F11%2F2149-la-corde-a-linge
En voiture, Papillote !
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