« La Femme digitale », livre d’Isabelle Juppé, en librairie... et son blog d’autopromo http://www.lafemmedigitale.fr.
Dans une interview à voir (ou pas) sur Dailymotion, Isabelle Juppé présente son livre, utilisant à plein les moyens de promotion mis à disposition par les nouvelles technologies. Elle sait aussi se servir des anciennes, merci pour elle. © DR
< 22'01'08 >
Isabelle, un doigt de femme

Ce n’est pas le titre d’un porno et ça n’a même rien à voir avec le toucher vaginal. L’adjectif digital a deux significations, et c’est son deuxième sens (en anglais, numérique) auquel Isabelle Juppé fait allusion dans « La Femme digitale », un livre qui vient de paraître. Et c’est quoi une femme digitale ? Une femme à dix doigts qui tape sur son clavier, surfe le Web et blogue donc. Le livre ne parle sûrement pas de doigt mais évoque au moins le rapport du sexe féminin au Web et toutes ces nouvelles technologies. Misstics se fend d’un éloge à ce « livre qui se lit comme un roman ». A vrai dire, on n’en sait rien vu qu’on ne l’a pas lu, le livre. Une visite sur le blog qui lui est consacré suffit bien, merci. Un extrait quand même, et d’une très grande qualité littéraire, effectivement : « La fracture numérique ne s’effacera pas par des mots, mais il m’a semblé que les paroles de femmes pouvaient aider à rassurer les inquiètes et les réfractaires, donner des pistes de réflexion aux agnostiques et des signes d’espoir aux oubliées du numérique ».

Donc sur terre il y a des hommes, des femmes et le Web 2 (mes deux). Les femmes qui utilisent le Web, soit bientôt 100% des femmes qui vivent au-dessus du seuil de pauvreté, s’appellent les femmes digitales. Mais les gonzesses qui se sont mises au téléphone portable, qui changent leurs cartouches d’encre ou encore celles des années 80 qui utilisaient le Minitel, est-ce qu’Isabelle a même pensé à leur trouver un quelconque intérêt au point de les affubler d’un adjectif aussi ridicule ? On ne sait pas. Ce qu’on sait en revanche, c’est que certes, la technique, comme le bricolage, c’est plutôt masculin. Mais qu’envoyer un e-mail, chatter sur MSN ou se mettre des écouteurs MP3 dans les écoutilles, c’est à la portée de n’importe quel(le) abruti(e). C’est quoi le « problème » du sexe là-dedans ? Même Simone de Beauvoir, si elle était encore vivante, arriverait du haut de ses 100 piges à chercher le téléphone des Deux Magots sur le site des Pages jaunes… Le Web n’a rien à voir avec le sexe et c’est même sexiste que de parler des « femmes réfractaires » et autres « oubliées du numérique ».

Il semblerait que cela ne soit pas l’avis d’Isabelle, écrivain et femme de. Une fois le bouquin sous presse, elle se lance dans le blog, avec un peu de difficultés on dirait : « Je m’étais promis de faire un post/billet/note (quel mot préférez-vous ?) au moins tous les deux jours, et mon blog va avoir une semaine demain, et je n’en ai écrit que deux… » Pas facile hein, de faire de la promo… Heureusement qu’Isabelle a un beau carnet d’adresses. On la voit donc en photo avec « ses amies digitales » (sic) découvrir le Web 3 , « l’un des plus importants évènements numériques de l’année ». Le CES à Vegas, le CEBIT à Hanovre ou l’IFA de Berlin n’existent même pas. Pour ses amis de l’UMP, c’est sûr, le plus important soutien digital est sans doute le brave Loïc Le Meur, M. Internet pour Nicolas Sarkozy et ci-devant organisateur du fameux Web 3.

Isabelle affiche par ailleurs un discret logo sur sa page d’accueil qui renvoie sur le site Nethique.info. Ce qui nous permet de découvrir l’éthique numérique façon UMP, sans doute la même nétiquette qui autorise la retouche photo pour illustrer « les méfaits  » de Delanoë sur la circulation à Paris (l’Ump s’est excusée, et alors ?…).

Mais pourquoi tant de méchanceté, mmh ? C’est vrai, à voir son interview vidéo, Isabelle Jupé a tout d’une femme respectable, agréable et même sympathique. Que les choses soient claires : écrire sur les gonzesses qui utilisent le ouèbe est une ineptie, surtout en 2008. Et quand bien même certaines d’entre elles, représentatives d’une certaine génération, ne seraient pas passées au numérique, les hommes vieux seraient autant concernés. Qu’Isabelle Juppé veuille écrire un bouquin, soit, en période électorale, soit encore. Mais qu’elle fasse un blog de promotion dudit livre à la gloire de ses potes digitaux de l’UMP, là, ça agace. Et qu’elle squatte autant les vieux médias avec sa prose digitale (elle les cite en plus, Europe 1, Direct 8, Canal+, LCI, RTL, le Figaro Madame, Stratégie...), là, ça nous fait dire, qu’au moins, elle pourra faire un lien vers cette critique. Ça se fait, entre femmes digitales.

(On pourra trouver une version longue non éditée de ce texte sur le très amusant et néanmoins pertinent Web2mesdeux.)

emma touffe 

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