Exposition Zilvinas Kempinas jusqu’au 07/09 au Grand Café, centre d’art contemporain, place des Quatre z’Horloges, Saint-Nazaire (44). Rens. 02 44 73 44 00. Ouvert tous les jours, sauf lundi et jours fériés, de 14h à 19h, dimanche de 15h à 18h (entrée libre).
L’installation « Still » (2008) de Zilvinas Kempinas arrête le mouvement et questionne la place du regard. © DR
< 08'07'08 >
Kempinas en apesanteur à Saint-Nazaire

(Saint-Nazaire, envoyé spécial)

Les œuvres de Zilvinas Kempinas tournent autour du mouvement et du temps suspendu, au moyen de bandes magnétiques qui plongent le spectateur dans une expérience inédite et fugitive. Le Grand Café, centre d’art contemporain de Saint-Nazaire, présente cet été une exposition personnelle de cet artiste lituanien résidant à New York et invité au Palais de Tokyo en 2006 (expo collective « 5 milliards d’années »). L’utilisation de bandes magnétiques (vierges, c’est-à-dire détournées de leur usage) comme matériau découle de la fascination de Kempinas pour l’art cinétique des années 50 (pour lui, l’art « doit être une énergie qui engage le spectateur »). Dans cette exposition, l’artiste exploite les qualités physiques des bandes, leur légèreté et leur ductilité, pour façonner des sculptures géométriques en mouvement et suspendues comme par magie. On est ici confronté à des dispositifs qui engagent le regard autant que le corps.

Ainsi « Big O » (exposée à la Galerie des Franciscains) est une immense boucle animée par une flopée de ventilateurs industriels particulièrement menaçants, en résonance avec le passé de Saint-Nazaire. L’aléatoire est maîtrisé et les ventilateurs sont tels des soldats qui se font face, produisant un barouf digne d’une batterie de DCA. L’installation « Lemniscate » entrelace les boucles, comme une sculpture au mouvement perpétuel et qui a beaucoup à voir avec le parcours de la pellicule dans le projecteur. A contrario, « Still » est une sorte de gigantesque animal à l’agonie dont on ne verrait que les côtes, faisant de Kempinas un capitaine Achab de l’art cinétique qui creuse la question du mouvement et va même jusqu’à l’interrompre. Cette œuvre monumentale impose l’arrêt du regard, qui recrée lui-même du mouvement par une confusion optique : les bandes magnétiques s’effacent et renaissent en fonction de la place du spectateur, qui sortira de cette expo très léger... et pourra enchaîner sur la formidable « Sonic Youth etc. Sensational Fix ».

benoît hické 

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