Dans la boîte e-mail d’environ 300 personnes naviguant dans le milieu de l’art (institutionnels comme artistes), des images fabriquées de l’heureux candidat à l’élection présidentielle ont débarqué au début avril, tout juste signées Touscontre. Anonymes et en rafale, ces « choses signifiantes » (disent leurs créateurs) ont été inspirées par un activisme militant dénué de revendication esthétique. Au contraire, les auteurs de ces spams qui n’en sont pas (sur simple demande, l’internaute peut se désabonner) entendaient « exprimer leur désaccord » avec le programme et les propos de Nicolas Sarkozy. Un point de vue politique en image, reprenant bouts de discours, slogans ou photos parmi les plus commentées de cette campagne échevelée.

Un flux qui aurait pu cesser après l’élection, déconfiture oblige. Cette nouvelle construction, à partir de la photographie officielle du Président de la République et d’une superposition des logos des entreprises amies de l’Elysée, vient à point nommé prouver qu’il est encore possible, « même si c’est très dur, d’exprimer son désaccord politique », disent les Touscontre. Et puis, par l’humour des propositions, dans la droite ligne des aînés situ, anar et punk (on pense aux Bazooka, Provo, Rouge ou Grapus), ce retour au politique sur le front de l’art, « par rapport à un milieu qui aime prendre les choses uniquement de bon ton », a quelque chose de carrément revigorant. Touscontre le bon ton, absolument.

Pour entrer en contact avec Touscontre : touscontre@gmail.com

annick rivoire