Œuvres sonores, dans le cadre du cycle Vidéo et après, en présence de Charlemagne Palestine, performances sonores de Jac Berrocal et Reines d’Angleterre, le 15/12 à 18h30, centre Pompidou, Cinéma 1, Place Georges Pompidou, Paris 4eme, 6€-4€.
"Totally Corrupt", pièce sonore de John Giorno, 1976 © Coll. Centre Pompidou
< 15'12'08 >
L’œil écoute à Beaubourg
La première rencontre « Œuvres sonores » ce lundi à Beaubourg sera « un moment de pure écoute », dit son curateur Emanuel Carcano, par ailleurs fondateur du label référent dans l’internationale des arts sonores, Alga Marghen. On pourrait sourire qu’une telle initiative prenne place dans le cadre du cycle mensuel « Vidéo et après » au Musée National d’Art contemporain, mais comme beaucoup des artistes qui sont programmés là ont un lien avec l’image et les arts, il n’y a finalement pas de quoi s’en étonner. Comme c’est bien d’écoute pure qu’il s’agit et non « pas de pop music, pas de musique électronique non plus », insiste Carcano, ce premier rendez-vous s’articule autour de deux personnalités à la fois contraires et connectées de la contre-culture new-yorkaise 70’s et au-delà. D’une part, le compositeur Charlemagne Palestine (qui sera présent), de l’autre, le poète John Giorno. Palestine, on s’entretenait il y a peu avec lui lors de son récital à l’orgue de la Cité de la musique, offre un film inédit sur une rare bande son électronique qui fut publiée -le lien est fait-, sur le label de John Giorno, GPS… GPS, acronyme de Giorno Poetry System. C’est bien un système multimédia avant l’heure qu’invente ce poète post-beat. Depuis le milieu des années soixante, cet Américain né en 1936 ouvre la poésie à la culture de masse en exploitant les outils technologiques de son temps, tel le magnéto Revox ou le synthé Moog, ainsi que les moyens de communication modernes : téléphone, télévision et disques. Il crée avec GPS un label fondamental, et malheureusement pas encore réédité aujourd’hui. Parmi la cinquantaine de références de l’écurie : John Cage, Burroughs, Ginsberg, la jeune débutante et prometteuse Laurie Anderson, mais aussi, dans les contrées pop, David Byrne, Michael Gira et même Hüsker Dü… la liste est immense. John Giorno, passeur éclairé, est aussi une icône au sens propre du mot. Pour mémoire, il est cet Adonis filmé endormi cinq heures durant dans un des plus beaux plans séquence du cinéma, et assurément le plus long, par l’œil-caméra de son amant de l’époque, Andy Warhol, pour son premier film « Sleep », en 1963. A partir de ces années-là, l’œuvre poétique de Giorno se construit autour de séries fortes, aux noms cinglants comme le pitch d’un magnétophone en roue libre : « Dial-A-Poem Poets », « Suicide Sutra », « Subduing Demons in America ». C’est une version inédite de cette dernière, où se mêlent poésie concrète et électronique, que nous entendrons ce soir à Beaubourg, en point d’orgue de cette première d’Œuvre Sonore. Enfin, plaisir supplémentaire qu’il convient de ne pas bouder, la scéance se clôturera avec deux courtes performances de Jac Berrocal et du trop rare Ghédalia Tazartès, transformés pour la cause en un trio transgénérationnel au doux sobriquet de Reines d’Angleterre… De quoi faire dire à tous que l’art sonore ne manque pas d’images décapantes.
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commentaire
écrit le < 15'12'08 > par <
yaah 65A free.fr
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Je me demandais... ... ce que vous entendiez par Art Sonore ? Est-ce l’utilisation du son comme ’médium premier’ dans un cadre artistique, en l’occurrence de l’ordre de la performance ? (... par exemple est-il à la Musique ce que le terme Video est au Cinéma ?) Ou alors ce cycle "Art Sonore" à Beaubourg est une forme de concert de musique contemporaine ? (dans l’idée où l’on garde la dimension spectacle / public, et la performance linéaire ? Il s’agit d’un concert ?) En bref, quels sont vos points de vues sur le terme "Art Sonore" ? (je suis curieuse par rapport à ces terminologies !) Est-ce qu’il y a une différence avec les ArtS SonoreS dont on entend parler aussi ? (J’aurai bien aimé pouvoir y assister... rendez-vous en avril 2009 !)
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