« Knife » (2009), court-métrage hypnotique de Nancy Baric, la nouvelle génération du cinéma expérimental canadien, au Festival du nouveau cinéma de Montréal, du 7 au 18 octobre.
"Knife", 2009, court-métrage expérimental de Nancy Baric, nouvelle pousse plus que prometteuse du cinéma canadien. © DR
< 13'10'09 >
Le nouveau cinéma de Nancy Baric à Montréal

(Montréal, envoyé spécial) Du côté de Montréal, le Festival du nouveau cinéma du 7 au 18 octobre, est le rendez-vous annuel pour découvrir la fine fleur du cinéma nouvelle ère et des nouveaux médias (sans oublier les films primés à Cannes et dans autres festivals internationaux). Pour sa 38e édition, la programmation toujours aussi copieuse oblige à se munir d’un bon vélo pour enchaîner les séances réparties dans plusieurs cinémas de la ville dont l’Ex-Centris,, le complexe créé par le milliardaire Daniel Langlois qui avait défrayé la chronique il y a quelques mois en annonçant la fermeture de deux salles de projections… Poptronics a rencontré Nancy Baric, nouvelle pousse du cinéma canadien programmée dans le cadre de « Focus-XP », la section consacrée au cinéma expérimental, avec son traumatique « Knife » (2009).

Nancy Baric fait partie de cette génération de cinéastes canadiens qui ne cesse de jongler entre les supports (8, 16, 35 mm), les médias (film, vidéo) et les langues. De ses débuts en 1998 avec « All Things in Motionless Triumph » (16 mm) en passant par le mix d’images Super 8 et vidéo en 2004 dans un très court film (3 mn) intitulé « les Guides », avec Nicolas Renaud, elle tourne toujours autour de sa première passion, les films expérimentaux. Même si, en fiction ou en documentaire, elle sait aussi ancrer ses images dans une réalité politique et tragique (à son actif, un documentaire sur les réfugiés en ex-Yougoslavie). Quand elle bifurque vers le clip, territoire obligé des nouveaux cinéastes, elle le fait pour un compatriote, Jean Leloup et sa « Vallée Des Réputations ». Saturation des couleurs et pouvoir hypnotique du motif sont autant de thématiques qui s’inscrivent dans le prolongement d’un autre cinéaste expérimental américain, Ernie Gehr et sa « Serene Velocity » (1970). Dans « Moving Window » (2007), elle explore avec Nicolas Renaud, le phénomène de la boucle puis lance l’an passé, toujours avec lui, le concept « 3 Experiments on Super 8 », une manière d’explorer les sensations et les prises de vue « image par image ».

Normal que cette cinéphile pointue ressemble à Jean Seberg, la sublime héroïne d’« A bout de Souffle » (Godard, 1960). Elle en a le charisme, quand elle vous achève d’un « God is dead, but my hair is perfect… » alors que vous tentez l’analyse de sa création. Parfois déroutante, comme dans ce « Knife » (couteau) programmé au festival québécois, qui, derrière l’hommage aux premières performances réalisées par Marina Abramovic (notamment « Rhythm 10 », de 1973), réactualise le passé et ancre le propos dans un rapport plus politique.

Quant à son prochain film, « The Nearness of Distance », elle en livre des bribes d’atmosphère : « En quête de ce moment où le monde continue de tourner encore tandis que tout s’est arrêté pour vous. Ce moment où vous attendez une adéquation entre les soudains changements dans votre vie, quand tout n’a pas encore été dit mais que des décisions doivent néanmoins être prises. »

cyril thomas 

votre email :

email du destinataire :

message :