Liquid Liquid en concert le 29/05 à partir de 19h30 dans le cadre de Villette sonique avec Goblin et Ninsennenmondai, Grande Halle Charlie Parker, parc de la Villette, Paris 19e (26€).
Liquid Liquid ressort son funk-punk de la "Cavern" (leur tube de 1983, comme la photo ci-dessus) pour vaudouïser Villette sonique. © DR
< 29'05'09 >
Liquid Liquid lave plus blanc le funk
Liquid Liquid, pierre précieuse du post-punk new-yorkais du début des années 80 à dopamine funky latino, sort d’un interminable purgatoire et promet de vaudouïser l’affiche de Villette sonique. La reformation paraît rodée, mais quel chemin de croix avant cette reconnaissance aussi tardive que justifiée ! Vingt-cinq ans après leur dernier titre enregistré, le label anglais Domino édite en 2008 l’anthologie « Slip In And Out Of Phenomenon ». Dix ans avant, Grand Royal, le label des Beastie Boys et Mo’ Wax en Angleterre, avait bien publié une compile, mais partielle et complétée par des remixes dispensables. L’histoire est fulgurante. Ils commencent sous le patronyme Liquid Idiot, puis abandonnent l’« idiot », jugé trop punk, et adoptent un nom binaire. En trois maxis et un single seulement (1978-1985), Liquid Liquid délivre une musique charnelle, à la fois cold wave et groovy, intellectuelle et sexy, hantée par une transe répétitive qui annonce les extases dancefloor dont se repaîtront les générations suivantes. Liquid Liquid, l’un des meilleurs prophètes punk-funk, comme il se dit à l’époque du no wave–no New York. Chez eux... pas de guitare, même lorsqu’ils sont approchés, suivant les recommandations de Glenn Branca, par un jeune guitariste du nom de Thurston Moore, en passe de créer Sonic Youth. Hérésie sublime de Liquid Liquid, chez qui la suprématie va à une rythmique basse-batterie-percussions poussée à l’hypnose par Dennis Young, Richard McGuire et Scott Hartley à la façon d’un dub urbain minimaliste. En vocaliste transcendant masqué par moult reverbs et delays, Sal Principato, lequel avoue être influencé par Yma Sumac ( !!?). En 1983, le clip « Cavern » est autant en avance sur son époque que le morceau qu’il illustre. Son réalisateur, Michael Sporn, est le créateur de plusieurs génériques cinéma pour Sydney Lumet, notamment…
C’est sans conteste LE titre culte de Liquid Liquid, mais aussi celui de leur perte. Liquid Liquid - « Cavern » (1983) : Sitôt publié sur leur troisième EP, le morceau est spolié par Grandmaster Flash pour leur fameux « White Lines (Don’t Do It) », titre colossal lui aussi, mais dont l’entière énergie tient dans la reprise note à note de la basse entêtante qui donne sa pulsation si particulière à l’ensemble. Pas même un sample, mais une copie immédiate, qui se vendra par centaines de milliers, sans le moindre crédit à ses créateurs. Grandmaster Flash – « White Lines (Don’t Do It) » (1983), clip réalisé par Spike Lee : Procès interminable entre les intéressés… Groupe dépité… Leur label 99 Records y laisse ses plumes et est contraint d’abandonner les poulains de son écurie qui référençait entre autres Konk, Bush Tetras, et surtout les frangines transgenre d’ESG, l’autre parangon sublime des croisements chaud/froid de la Grosse Pomme. Puis, seul Dennis Young continue professionnellement la musique, tandis que Richard McGuire devient un graphiste réputé, notamment pour le « New Yorker ». La reformation de Liquid Liquid est impulsée par le club new-yorkais Knitting Factory. S’ensuit une première tournée européenne triomphale. Pas une reformation, mais un acte de naissance hyper tardif… Reste à vérifier le bien-fondé de cette sortie sur scène du Liquid Liquid amniotique.
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commentaire
écrit le < 30'05'09 > par <
annick.rivoire 7c3 poptronics.fr
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A posteriori pas sûr qu’ils parviennent à se refaire leur place. Certes, l’énergie est bien là, le mélange funk-punk toujours aussi décapant et le recours à des instruments méprisés sur la scène rock surprend et séduit (xylophone, congas and co). Mais l’ensemble hier soir sonnait un peu trop répétitif, et n’a jamais réussi à décoller comme ont pu le faire en trois titres furieux et vibrionnants les japonaises de Nisennenmondai, qu’on n’attendait pas si pointues (une batteuse au-delà de la rage, une basse et une guitare qui frisent l’électro sur des bases puissamment rock). Et Goblin, que certains attendaient avec ferveur (le groupe de prog-rock italien auteur d’une tripotée de BO de films d’Agento ou de Romero, n’avait jamais tâté de la scène française), ça sentait la naphtaline et son Genesis des 70’s à plein nez. Leurs pauvres remix de scènes cultes d’Argento en fond de scène faisaient revenir aux premiers temps du VJ’ing. Voilà un retour bien bien raté. Pour Liquid Liquid en revanche, le match n’est pas encore joué !
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