Le manga et Miyzaki sont-ils passés de l’autre côté de la force ? Alors que la pop culture japonaise sera cette année encore à l’honneur du 58e festival de BD d’Angoulême, du 28 au 31/01, le chercheur à l’université Meiji de Tokyo Kaichiro Morikawa revient sur les fondements de la culture otaku, l’équivalent des geeks occidentaux.
L’évolution grand public des personnages des œuvres d’Hayao Miyazaki, selon le chercheur en culture otaku Kaichiro Morikawa. © Kaichiro Morikawa
< 26'01'10 >
« Miyazaki, c’est devenu du Disney »
(Tokyo, envoyé spécial) Kaichiro Morikawa, architecte et chercheur en science otaku, ne cache pas son agacement devant les tentatives de Tokyo de surfer sur cette pop culture. Deux exemples pour s’en convaincre. En octobre dernier, au CoFesta (Contents Festival) de Tokyo, le très officiel festival de l’industrie de contenus, la culture otaku, du nom de cette catégorie de fans plus ou moins équivalents à nos geeks occidentaux, que leur passion garde cloîtrés chez eux (en japonais, otaku signifie littéralement « votre maison »), était largement absente alors que le gouvernement misait sur cette manifestation pour vendre au monde entier sa culture populaire. Fin décembre en revanche, et trois jours durant, une partie de l’archipel a vibré à l’unisson du Comiket (contraction de « Comik Market »), une gigantesque foire aux otaku organisée deux fois par an à Tokyo. Schizophrénie japonaise ? Dans le même temps, une majorité des habitants de l’archipel méprise ce passe-temps pour adolescents. Les otaku ont plutôt mauvaise presse dans l’Archipel, depuis qu’à la fin des années 1980, le terme s’est trouvé associé à l’enlèvement et au meurtre sauvage de quatre petites filles par un jeune otaku. Des milliers de cassettes vidéo de japanime et de films pornos avaient été trouvés chez lui. Indécente, mais exportable L’ancien commissaire du pavillon japonais à la Biennale d’architecture de Venise en 2004 dénonce néanmoins le glissement général de la pop culture vers le grand public. Une contre-culture assimilée, digérée et affadie par la culture de masse. Premier à subir ses attaques, le pape de l’animation japonaise Hayao Miyazaki. « Il a été découvert par les otaku, puis a basculé dans le mainstream, comme bien d’autres, pour être adoubé par le grand public. » Morikawa exhibe alors une de ses recherches montrant l’évolution physique des différents personnages du maître, depuis le « Château de Cagliostro » en 1979 jusqu’au « Voyage de Chihiro » en 2001. « Petit à petit, ses personnages de princesses et de très belles femmes sont devenus de moins en moins idéalisés, de plus en plus normaux et grand public. » Comprendre : de plus en plus éloignés des canons esthétiques des otaku. Le défenseur de la cause otaku lâche alors la phrase qui tue : « C’est devenu l’équivalent de Disney. » Une culture ex-nihilo « Les simulations de dating, les mangas porno, les personnages féminins aux courbes généreuses qui paraissent très jeunes et font hurler à la pédophilie, tout cela fait partie du domaine otaku, explique Morikawa. Mais il s’agit simplement d’un style graphique. Tout comme Disney a adapté les contes européens en éradiquant leur contenu sexuel, les Japonais ont en quelque sorte effectué la transformation inverse, pour créer un genre nouveau et original. »
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commentaires
écrit le < 31'01'10 > par <
jn pSU hyperbate.fr
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Aussi mignon que soit le film, Disney n’aurait jamais sorti "Ponyo sur la falaise". Je trouve l’oeuvre de Miyazaki extrêmement cohérente, de Conan Fils du Futur et Heidi à ses films les plus récents, du coup je ne comprends pas bien l’accusation.
écrit le < 06'04'11 > par <
caylayratz ha6 hotmail.fr
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Euh le truc des personnages qui deviennent tout public avec le graphique c’est vraiment n’importe quoi, je vois pas en quoi vous voyez avec une illustration qu’un personnage devient tout public. Que ses oeuvres soient universelles (depuis le début) oui, qu’il adopte un style plus tout public (un style qu’il a fondé et qui est presque la norme pour tous les films d’animation japonais, d’ailleurs, hurm), pourquoi pas. Mais alors ça, ça veux rien dire du tout.
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