« Crossing Flow ou Marx au château », exposition d’Olga Kisseleva, du 23 juin au 23 septembre, Château des Adhémar, centre d’art contemporain, Montélimar. Tél : 04 75 00 62 30, mél : chateau-adhemar@ladrome.fr, site : http://www.ladrome.fr/ ?id=953

Olga Kisseleva est représentée par la Jozsa Gallery et la Arka Gallery (Moscou-Vladivostok).

Vue du château des Adhémar, à Montélimar, où Olga Kisseleva revisite le rapport à la surveillance cet été. © Emmanuel Georges
< 27'07'12 >
Olga Kisseleva en son château

Montélimar, correspondance
Olga Kisseleva a été invitée à investir le château des Adhémar pendant l’été, et elle nous offre à voir et à expérimenter différentes œuvres « technos » autour des notions de flux, de réseaux... L’artiste part du constat que la ville de Montélimar (Drôme) est une zone géographique de flux et de circulation dense (tourisme, transports...) mais aussi une zone intense de flux invisibles (petit clin d’œil aux deux centrales atomiques autour de la ville et autres ondes impalpables qui font partie de notre vie contemporaine). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Amazon a décidé d’implanter une de ses bases logistiques sur la commune…

« Landstream » (landscape + stream) est une matérialisation sous forme de peinture de différentes ondes électromagnétiques captées lors d’une performance réalisée à Paris. Cette création pose la question de la représentation du paysage qui aujourd’hui ne se limite plus à un espace classique, mais qui comporte des données invisibles. Cette création nous invite donc à voir ce que l’on ne voit pas. Une société de capteurs en tout genre (météo, pollution, circulation) qui inspire l’artiste russe et chercheuse au Cérap (le centre d’études et de recherche en arts plastiques de l’université Paris 1) dans une projection au sein du château de flux de circulation captés sur un pont en contrebas.

Robots politiques
C’est dans cette même salle que trois sculptures-véhicules-robots déambulent et interagissent, réalisés en partenariat avec l’Institut Pascal (CNRS) et la communauté libre d’Hackable Devices.

Des robots qui, même s’ils ne tiennent pas la charge (venez plutôt au château en début d’après-midi avant que les batteries ne soient usées), impressionnent et préfigurent tout autant les robots domestiques intelligents que des modes de transports automatisés (un peu comme la Google car !) sans oublier les robots espions, robots démineurs... et autres drones d’artistes architectes.

La figure du robot génère tout un tas de fantasmes qui deviennent peu à peu une réalité. Les robots d’Olga ne sont pas de simples objets télécommandés mais établissent entre eux (et avec nous) un dialogue. Ils s’enrichissent de nouvelles expériences. Quant à leur présence active dans la salle, elle crée des sensations étranges d’autant plus qu’ils diffusent des paroles religieuses ou récitent des extraits du « Capital » de Marx : on ne savait pas les robots croyants et militants !!!

Les robots d’Olga :


Cette présence de sculptures-robots dans ce lieu d’histoire nous invite à nous questionner.... sur notre histoire. Aujourd’hui qu’il n’est plus nécessaire de construire en hauteur pour surveiller l’environnement, les hypothétiques assaillants sont plutôt les radars et autres capteurs qui nous surveillent. La vidéosurveillance et la téléassistance ont remplacé les vigies ! Les machines ont depuis longtemps pris place dans les usines pour « optimiser » la production, et cela ne va pas s’arrêter !

Ces questionnements sur l’économie et ses incidences sont régulièrement invoqués et convoqués dans les problématiques de l’artiste. En 2011, Olga Kisseleva dressait une carte angoissante des multinationales à la conquête des ressources du grand Nord dans le cardre de « Mind the Map » en Norvège.

Quand on voit l’installation « Time Value », on a encore froid dans le dos (et pourtant, il fait chaud à Montélimar…) ! N-Value est « un système mis en place par les départements de développement des multinationales qui leur permet d’optimiser l’emplacement de leurs filiales de production en fonction du rapport entre les coûts de main d’œuvre et les matières premières d’une part ; le coût des transports et des risques, d’autre part ». L’installation est composée de cartes et d’horloges qui indiquent en temps réel la valeur du temps travaillé dans certains pays pour 1 euro !!! Des cartes heuristiques sur métal nous invitent à explorer le temps dans son rapport à la philosophie, aux sciences ou à la littérature.

« Time-Value » :


Plus poétique, une série d’impressions invite à découvrir le temps sous toutes ses formes (temps mort, temps d’un verre, temps des cerises, temps partagé, temps libre... ouf !)

Bourses et propagande
Dans la chapelle du château, une autre installation est à découvrir et expérimenter : « CrossWorlds – Conspire ». Dans la salle, un PC connecté à la base de données de la bourse de New-York génère un QR code rétroprojeté sur un mur. A vous de le scanner pour voir apparaître sur votre ordiphone un message comme « The dreams of the people came true » ou « Have you enrolled as a volunteer », slogans de propagande soviétiques ou américains.

Une fois votre message décrypté, profitez-en pour inviter vos amis à vous rejoindre ou prenez le maquis en partant vous réfugier non loin de là à Saoû, dans une zone blanche, à l’abri de toutes ondes et autres flux... Perso, je reste au château !

Aller plus loin : Capter et mesurer ce qui ne se voit pas. Contrôle de la radioactivité de l’air par la balise de Montélimar (Drôme) par la CRIIRAD :

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nicolas frespech 

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