Rencontre avec Peter Saville, jeudi 28 juin à 19h30, Palais de Tokyo, 13 avenue du président Wilson, Paris 16e. Complet ! reservation@fsept.net. 6 euros.
"Power Corruption and Lies", pochette d’un album de New Order, où Saville juxtapose la peinture de Fantin-Latour avec son propre code couleur. © Peter Saville Associates 1983
< 26'06'07 >
Peter Saville, le pape du popdesign, à Paris

Dosage minimal de formes, simplicité et densité des propositions, la signature graphique de Peter Saville se situe à mille lieux des visuels saturés ou des lignes serpentines dans lesquels le regard se noie. "New Order", la causerie informelle au Palais de Tokyo ce jeudi 28 juin, est assurément un moment rare de rencontre avec l’histoire (celle de l’envol du graphisme musical). Un exemple-clé, très apprécié par l’auteur lui-même, pourrait bien condenser la "Saville touch". Pour l’album "Power Corruption and Lies" du groupe New Order (1983), Saville choisit la peinture d’Henri Fantin-Latour à côté duquel il ajoute un code couleurs évoquant la composante électronique de la musique. L’image, saisissante, est représentative de l’ensemble de son travail pour Factory, le label anglais de Manchester emblématique des années 80. Avec ses créations pour les albums de Joy Division ou de New Order, Peter Saville y a imposé un graphisme ascétique et tranchant.

Ses pochettes ont atteint le rang d’images cultes. Pour autant, Saville ne se réclame pas de l’art et revendique la spécificité de l’image appliquée. En témoignent les réalisations dont on peut avoir un aperçu sur son site. Saville œuvre aujourd’hui toujours dans le rock (Suede, Pulp, Gay Dad…) mais également dans la mode (pour Gucci, Stella Mc Cartney ou Kate Moss…) et le conseil (pour la ville de Manchester).

Quelles sont les affinités et formules électives de ce maître à la science très exacte ? Son univers engage à une réflexion sur la substance même du graphisme. L’association F7, qui réunit graphistes et passionnés, a eu la bonne idée de l’inviter pour une conférence au Palais de Tokyo. Un moment infime comparé aux expositions rétrospectives que lui ont consacré en 2005 le Migros Museum de Zurich et le Design Museum de Londres en 2003. Mais le parcours et la personnalité de Saville parent immédiatement la rencontre du sceau « événement exceptionnel ».

Quant aux extensions digitales du graphisme, le designer britannique, né en 1955 à Manchester, avoue être rétif à l’utilisation de l’ordinateur et même de la messagerie. Il a quand même lancé, avec le photographe Nick Knight, Showstudio, en 1999, un laboratoire de propositions où photographes, stylistes et mannequins sont invités à créer des contenus en liberté sur le monde de la mode. Les interventions de Saville sur le site datent un peu, mais on aura toujours plaisir à se laisser hypnotiser par Lilac, une animation abstraite, épurée, très exactement savillesque.

laetitia sellam 

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