« Politique 0 », coonférences, expo, performances, ateliers, organisé par Upgrade ! Paris, les éditions MF et RYbN,
du 1/10 au 3/10 à l’Espace Niemeyer, au siège du Parti communiste, 2, place du colonel Fabien, Paris, 19e.<>
Entrée libre, de 10h à minuit samedi, de 10h à 20h dimanche.
Conférences et performances diffusées en temps réel sur selfworld.net.
Sous la coupole de Niemeyer, au siège du PCF, Politique 0 gratouille et fait réfléchir. Mieux que la Nuit blanche ! © DR
< 02'10'10 >
« Politique 0 » fait du PC le siège d’une autre façon de penser le politique
(pop’sur’le’feu) Ce qui est sans doute le plus réussi dans Politique 0, l’événement du week-end à Paris (et sur le Net, grâce à Selfworld qui retransmet les conférences et les performances), c’est l’endroit où se passe cette auscultation de la propagande et du marketing en politique : l’incroyable siège du parti communiste français à Paris. Sous l’étrange coupole rétrofuturiste de l’architecte brésilien Oscar Niemeyer sont réunis cinquante activistes, artistes, chercheurs et théoriciens de vingt pays, sur un programme pointu, exigeant et intrigant à la fois. Et si on la joue pop’sur’le’feu, c’est parce qu’il y a une forme d’urgence à aller écouter, échanger, et fouler la moquette verte en pente de la place du colonel Fabien. Pour une fois que le PC n’a pas bradé son espace au marché… La politique est au plus bas, dans le moral des Français mais aussi en Europe (montée des droites extrêmes, désengagement des rendez-vous démocratiques…). La crise est-elle simplement financière, ou bien démocratique ? La politique est-elle parvenue au niveau zéro (comme pour l’avaient en 2008 suggéré les mêmes organisateurs pour l’économie, avec « Economie 0 ») ? Hier vendredi, le Canadien Dominic Gagnon présentait son film réalisé en 2008 à partir de séquences piochées sur Youtube (et aussitôt censurées par le géant des plateformes de partage) où des Américains un tantinet à la dérive annoncent l’imminence d’une reprise en main martiale du pays. Théorie du complot, Armageddon, on connaît la musique… Mais quand le réalisateur, après la projection, expliquait que lui aussi avait ressenti cette même peur (et s’était par conséquent équipé en arme et réserves maison), l’impression désagréable d’un décrochage avec le réel faisait jour. « R.I.P. in Pieces America » fait immanquablement penser aux torrents de haine qui ont suivi l’élection d’Obama (et dont poptronics a rendu compte). Ce footage de citoyens perdus s’adressant à la planète du fond de leur garage a quelque chose de puissamment déprimant sur l’avenir de la politique. Et ce n’est pas Ubermorgen, qui tenait conférence hier soir, qui dissipe cette impression désagréable. Le collectif autrichien s’est fait connaître en hackant le système de représentation politique avec « Vote Auction » (un site de vente aux enchères des bulletins de vote pour la présidentielle US en 2000), s’est attaqué à la toute puissance de Google (« Google will eat itself »), d’Amazon (« Amazon noir ») ou d’Ebay. Ses projets plus récents, comme sa compil « Torture Classics » (un pastiche des best-of des maisons de disque, reprenant les bandes-son utilisées par les militaires américains à Guantanamo) ou sa mise en abîme des slogans les plus idiots de la marque Diesel, n’ont de fait pas la puissance déstabilisatrice des premiers projets. S’ils s’inscrivent dans une tradition du hoax à la Yesmen, Hans Bernhard pour Ubermorgen se défendait d’avoir un agenda politique : « Nous ne sommes pas des activistes, nous sommes des actionnistes au sens de la tradition expérimentale viennoise. » Grinçant et cynique comme l’étaient les actionnistes viennois. La provocation des années soixante n’a pourtant plus la même saveur à l’ère informationnelle... Dénoncer les déviances des systèmes de représentation politique, les artistes le font merveilleusement bien, comme le tour des installations et vidéos présentées à l’espace Niemeyer le confirme, à l’instar de « Political Advertisement VI », d’Antoni Muntadas et Mashall Reese (1952-2008) ou de « Tribute to Courbet » de Société réaliste (qui se propose de racheter la dette de Courbet pour la reconstruction de la colonne Vendôme détruite pendant la Commune). En sous-sol, des projections de vidéos et films télescopent les regards et les manières d’envisager l’engagement, la participation, la propagande et le désenchantement. « Vidéogrammes d’une révolution » d’Harun Farocki et Andrei Ujica sur la révolution roumaine sont présentés après ou avant « Le triomphe de la volonté » de Leni Riefenstahl, de « La Bombe » de Peter Watkins ou encore de « Pas vu, pas pris » de Pierre Carles. Chez pop, on a évidemment un gros faible pour « Le fond de l’air est rouge », de Chris Marker. Qui montrait sans aucun cynisme, mais avec sa si particulière empathie cinématographique 1968 et après, période de croyances et de mystifications, ce que le cinéaste appelle « notre refoulé en images ». Entre deux projections, Samon Takahashi évoquera « Révolutions Per Minute » (« résistance, lutte des classes et contestation dans les musiques expérimentales des années 60 aux années 80 »), le sociologue Luc Boltanski autour de « La réalité et son double (polar, sociologie, paranoïa) ». Avant de se faire peur avec Jean-Luc Manach, membre des Big Brother Awards, qui causera « police de la pensée ». Et de s’achever à la cafèt’ du PC, lieu plus que désenchanté de la politique. Pour s’interroger sur le but de la manœuvre, telle que formulée par les organisateurs : « Il s’agit d’un processus aux implications multiples, un ensemble d’espaces qui cohabitent et se parasitent, et où différents acteurs de la scène artistique, de la recherche, des sciences, se rencontrent. Conçu comme une plateforme de réflexion et d’échange, cet espace critique modulaire et chaotique accepte et alimente ses contradictions. » Et si cela réactivait l’envie de politique ?
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commentaire
écrit le < 03'10'10 > par <
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meri Annick
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