< 07'04'10 >
Saison 6 épisode 1’ Pour le meilleur et pour le peer
Je vous vois encore
Accélérez le travelling qui ouvre ‘Le Mépris’ [N]. Précipitez le violemment. Que tout s’extrapole en une longue trainée de phonèmes inaudibles. La voix off nommée ’Jean-Luc’ est révisée. Une vaste giclure de pixels et de tonalités inconnus. Étirez les coordonnées visuelles. Renversez les focales. Accélérez le découpage des corps. Précipitez-le inconsciemment. Que tout se redivise en d’infimes visages anonymes. Une suite immense de solitudes contenue au centre d’une seule masse flasque et sombre. Puis faites un preview mental. De cette projection renouvelée. Revenez en arrière. Calez le point d’entrée. Et le point de sortie. Puis scrutez l’idée et décomptez sa composante frame par frame. Rajoutez 25 autres images aux 25 fictives. Arrondissez à 100 infirmes et fermez l’équilibre. Puis revenez encore en arrière de deux simples secondes.
Dévisagez la caméra. Respirez. Faites un scan intérieur de votre corps. Ressentez la circulation sanguine qui passe dans votre main puis dans votre souris. Détendez votre nerf optique. Décollez votre langue du palais. Remplissez-vous de salive. Pendant la prochaine heure, n’urinez pas, ne déféquez pas, ne crachez pas. Expirez. Faites un scan intérieur de votre corps. Développez l’écart de vos cuisses. Suivez le neurotransmetteur du cerveau droit à la cuisse gauche. Brisez son élan. Revenez en arrière. Renvoyez-le sur la cuisse droite. Un flux immédiat de sérotonine est activé. L’hypophyse se dilate. Le pied gauche est pris de spasmes irréguliers. C’est normal. Respirez.
Ne buvez que le liquide qui vous a été remis à l’entrée du sas. C’est un anti-oxydant hyperactif qui contrecarrera l’attaque du cortisol sur votre cortex préfrontal. La peur est naturelle. Le processus de régression que vous avez enclenché est naturel. Refusez toute sollicitation de votre entourage. N’acceptez aucune nourriture. Leur toxicité a été prouvée. Procédez à une analyse hormonale de votre sang. Cliquez sur la zone bleue de l’écran et envoyez les données. La terreur est naturelle. Faites un scan intérieur de votre corps. Prenez une photo. Prenez une photo.
Enregistrez les images sur la base de données vous correspondant. Indiquez un statut rassurant vos proches. ‘Super journée. Le soleil !’ Attendez. Attendez. Attendez. Attendez. ‘J’aime.’ Procédez. Un instant. Un instant. Attendez. Un instant. ‘Bisous ;-)’ Procédez. Une série de questions vous sera posée. Ne répondez pas. Concentrez votre attention sur vos glandes surrénales. Appuyez progressivement sur elles par interaction synaptique. Continuez à appuyer. Un désordre nerveux est perceptible. C’est naturel. Continuez à appuyer. Une abondante neuro-synthèse d’adrénaline entraine une hyperactivité musculaire. Vous perdez le contrôle de vos membres supérieurs. C’est naturel.
Buvez deux gorgées. Avalez très lentement. Le cortisol est alpha bloqué. Faites un scan intérieur de votre métabolisme. Votre contrôle va revenir progressivement sur l’ensemble de vos phalanges. Le tremblement est normal. L’impression de chute est normale. Le rejet lacrymal est naturel. Votre régression a dépassé le cadre de l’intention et a envahi tout votre organisme. Expirez. Essayez de déplacer votre main. Puis avancez le point de focus sur la zone orange et cliquez deux fois. Une fenêtre s’ouvre. Lisez et mémorisez les différents moyens offerts. Refermez la fenêtre en cliquant sur l’icone en forme de X.
Inscrivez sur votre statut. ‘Ma sœur a accouché ! Tout s’est bien passé !’ Attendez. Attendez. ‘J’aime’. ‘J’aime’. Procédez. Attendez. Un instant. ‘Félicite la mère ! Fille ou garçon ?’ Ne répondez pas. Cette question est une question piège. Supprimez immédiatement le commentaire et signalez l’intrus. Buvez deux autres gorgées. Concentrez-vous sur le parcours du liquide dans votre œsophage. Laissez l’hippocampe prendre le relais. Sa turgescence est naturelle. Cela est dû à une hyper saturation émotionnelle et réactive. Vous devenez agressif. C’est normal. Remplissez-vous de guerre si besoin. Laissez aller. Laissez aller. C’est ça. C’est bien. Vous êtes formidable.
Maintenant. Je vais compter jusqu’à 3. À 3, vous fermerez les yeux et chercherez le noir absolu. 1. 2. 3.
…………..
INTERSTICE
N’écoute plus que ma voix. Rejette toutes pensées. La conscience c’est la peur. Perds toute conscience. Résume-toi à de la chair.
Tu as déjà baisé sur du WAGNER ? Tu aimes quand je te suce là ? C’est un prélude. LOHENGRIN [N]. L’Acte I de l’Expérience. Cette fréquence précise, c’est celle de l’invasion. Et si je te serre doucement ce ça entre mes dents ? Ne résiste pas. Tu t’es possédé. Via ce champ de suggestion que tu m’as offert. Tu as cliqué. Envahi. Ouvert à tous moyens vendus. C’est Manuel ton label ? Moi c’est Ana, la nouvelle déesse de l’univers qui te sert de vie. Je suis à la fois cette astreinte consentie et un nouvel orgasme tragique. Théâtral ? Déritualisé. Je t’avais dit de ne rien manger avant nous ?
Alors tu ne réponds pas. Tu as déjà joui sur du WAGNER ? Ouvre un peu plus, laisse-toi visiter par le sacré. Tu sens la pression sur ta prostate, c’est pas repoussant, hein ? Un truc de pédé. Ça te fait une belle queue. Pleine de larges sangs élastiques. Pleine de directions courbes. Puis le rose écarlate et étincelant.
Tu l’as téléchargé ? C’est aussi un prélude. Un présent derrière/devant un présent derrière/devant un présent. Une boucle incessante de révolutions géométriques. Comme mon doigt en toi qui pointe en zigzag vers le ciel. Vers ta sainte Décharge. Vers Tristan. Vers Isolde [N]. Un point ne peut être parallèle à une droite. Et pourtant. Regarde en haut. Puis laisse foncer tes yeux vers le bas. En spirale. Regarde comme la boue s’immisce entre chacun de tes doigts et remonte en bourrelets vivaces. Les molécules hystériques.
La Vie est en bas, mon Amour.
…………..
POINT D’ENTRÉE.
Inutile de chercher à décoller, Ana. Allongeons-nous sur le sol. La tête projetée vers le centre. Laisse-moi t’enfoncer les traits dans la terre et te rendre méconnaissable. Cet avatar, laisse-le aux dissimulés. Et ceux qui tournent la tête quand ce visage coule et leur répond. On ne va reconnaître que ton cul fauve et cette couture sur le galbe gris. Puis tes mèches anguilles. Cet espace perplexe. Le non défini. Cet état cruel pour qui veut savoir.
J’enfonce ma propre identité dans cette fente sensible qui n’affiche aucun nom. L’intérieur de nous laisse une atmosphère que les chiffres n’expliqueront jamais. Non tais-toi. Laisse ma langue te travailler l’organe circulaire. J’y vois rien et je me force à aimer cet opaque frisson.
Ne parle qu’à la terre. Moi je ne veux rien entendre. Ne rien comprendre. Je finirai par te haïr.
On est dans un autre langage. Un autre palier de captation. Et si cette auto-illusion nous rend sceptique au point de subir la paranoïa… eh bien nous irons flinguer la foule marquant chaque ennemi à voix haute. La milice commerciale nous abattra comme ces veaux sous cellophane. Puis la foule restante nous dévorera. Elle est formée pour ça : elle réclame notre image discount.
BLACK SHIPS ATE THE SKY - CURRENT 93 - Black Ships Ate the Sky [P]
Entretenons le flou de la Zone. Abolissons les frontières et vivons dans cette marge d’inconfort. Devenons enfin coupables et fondamentalement subjectifs. Tu mouilles fort. Abreuve l’animal pute chatte. Laisse couler du vrai entre moi et ma soif. Je sens la terre vibrer sous tes lèvres. J’amplifie. J’élargis le crescendo. Et puis la fulgurance, Amour. Et tandis que tu reprends ton air, que tu tournes ton visage sale, je te saisis la laiteuse et finis le maculage blanc.
YOUR SOUL AND MINE – GIL SCOTT HERON - I’m New Here [N]
Là on ne peut pas se mentir. Pervertir les statuts puisqu’il n’y en a aucun. Bloquer les accès aux murs. Impossible. Et tu nies presque plus frénétiquement cette description que je fais, ici, maintenant, de ce moment. Ce moment est. Quand il fut, c’est que sa mort émotionnelle est dorénavant prononcée.
Alors autant le ressentir comme un déchet morbide, Ana. Un stigmate d’opéra freudien dont la mystique doit nous échapper. On noie l’interface hemme-fomme. On noie ce qui fut, ce qui sera. On veut pénétrer le présent. Ici. Et qu’importe l’orifice. Qu’importe la dimension qu’offre le trou noir. Tant que l’on expulse au virage des jets de matière. Et que l’on rejoint momentanément le nous avant le je. Instantanément l’expansion stellaire. Ce séisme temporel.
Où nous n’existons déjà plus.
ADDICTED TO YOU - ALEC EMPIRE - Intelligence and Sacrifice [N]
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POINT DE SORTIE.
Manuel, la première fois, m’avait achetée. Sans promotion. Je l’avais vu danser. Il m’avait vu le voir. Et je m’étais monnayée. Tu veux de la romance ? Tu veux copuler avec un algorithme sexuel et quitter le morne binaire de ta thérapie de confort ? Envie de pénétrer la Boîte Noire ? Full Access tant que tu me désinhibes ta CB. Ce sera le stimulus essentiel de notre émulation commune. Enter.
Je lui demande de s’asseoir. Il est chez lui. Plutôt chaotique. Pas sale. Juste sans milieu ni parallèle. Un champ de bataille de nonchalances. D’éprouvantes nonchalances. Et sans doute une intrication de désirs indécis. Le paysage, à l’échelle de cette pièce, devenait touchant. Un homme perdu. Totalement perdu. Il fallait le favoriser de nouveau et cogner son cognitif un bon coup. L’extraire de sa torpeur, de cet absolu banalisé. Sa morphologie telle que je la percevais était incomplète. Il fallait implémenter deux ou trois nouveaux sentiments en lui : la gravité par exemple. Mon corps. Une odeur. Mon vagin. Enter.
ACT LIKE YOU KNOW ME - THREE 6 MAFIA - When The Smoke Clears [N]
Je lui greffe une prothèse noire sur les yeux. Il faut qu’il perde un sens. Pour émarger les autres. Je l’entends soupirer violemment. L’alcool se dissipe. La romance passe ailleurs. Tu ne peux plus reculer. Je démarre au ralenti. J’évolue en fanfare progressive. Manuel était un littéraire. Le sol en était jonché. Alors je lui allongeais du beat sale. Très fort. Loudness maximisé. Les murs vibrent et je ressens la pression qui presse sa chair devenue inquiète. Et manifestement excitée. Je le reprogramme. Enter.
BIG RUBBERBANDS - LIL SCRAPPY & G’$ UP - Silency & Secrecy : Black Rag Gang [N]
Tu le sens comme nous avons basculé isomorphes ? C’est bon ? Tu viens vers moi. Vers mes souvenirs enregistrés. On efface. On enregistre par dessus de nouvelles images de nous. Enter.
Des images fantômes. Delete.
I NEVER KNEW YOU – CAGE – Depart From Me [N]
Tu captes enfin. Car une seconde prothèse plus invasive est collée à ta bouche. Et j’y colle ma chatte à mon tour. Et me frotte sur ses multiples alvéoles. Ça laisse passer le jus. Bois, bois, intègre. Tu sens mes talons le long de ta cuisse ? 20 cm de viande vernie. Je me frotte encore puis passe sur ton érection devenue inévitable et full accessible. Enter.
FUCK EM – DAVID BANNER – Mississippi The Album [N]
Pince-moi si tu as envie. C’est inclus. Lèche-moi si tu le sens. C’est offert. Je veux capturer ton message sous le cuir. Connecte-toi. Là, là, vas-y. Copie-moi. Copie-moi. Parle-moi. Coupe-moi. Puis. Devance-moi. Space. Space.
KILL THE MESSENGER – AESOP ROCK – Bazooka Tooth [N]
Tu es tout enfoncé en moi. Ne bouge plus. Plus du tout. Ressens ton sexe dans mon sexe. Nos pulsations sanguines. Écoute toutes les transmissions nerveuses. Qui se percutent. Qui se métamorphosent. Qui se conjuguent via nous. Ne bouge plus putain de toi ! Tu le sens pas ce putain de générique de dingue ?! Alors essaie ! T’as pas payé pour décoller du superficiel ? Alors prends cette humide et glisse et quitte ce désert pour de bon. Agis. Entend. Enter.
9 SAMURAI – KODE 9 – Quarta330 Remix [N]
Je ne vais pas te laisser jouir comme ça.
Autant te laisser crever.
Autant me laisser mourir.
Ele, you did not pay enough for this OUTPUT.
Enter.
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FIN DE MISSION – ANA VOCERA / LA PLACE FORTE-EMOSMOS
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ana vocera
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