Activisme des fans de "SimCity" contre la version "non réaliste" de "SimCity Sociétés", sortie prévue en novembre 2007.
Premières images de la nouvelle version de SimCity Sociétés, sortie prévue en novembre 2007. © DR
< 18'06'07 >
SimCity, le désamour des fans pour la nouvelle version
« Ce jeu pue vraiment ! Cette pute ne connaît rien au développement de Sim City ! » Ce commentaire élogieux signé d’un fan de Sim City, posté sur YouTube, n’est pas une réaction isolée à l’interview de Rachel Bernstein, productrice du jeu culte chez Electronic Arts. Les autres avis ne sont guère plus tendres. Pourquoi tant de haine ? A priori, il y a pourtant de quoi se réjouir : Electronic Arts vient d’annoncer la sortie de « SimCity Sociétés » pour novembre 2007. Très attendu, le nouvel opus du jeu de simulation urbaine réaliste n’aurait cependant plus rien à voir avec le concept original. D’où le tollé des fans absolus du titre mythique, vendu à 17 millions d’exemplaires dans le monde depuis son lancement en 1989.
Bref retour sur l’histoire de Sim City, qui figure au Panthéon de l’industrie vidéoludique. Né de l’imagination débridée de Will Wright, Sim City propose au joueur de se transformer en architecte démiurge, de concevoir une cité, d’en organiser les transports, l’urbanisme, la vie en collectivité, etc. Le créateur des jeux de simulation les plus vendus au monde, également auteur des Sims (inventant au passage le concept de « simulation de vie »), est entré en 2002 au Hall of Fame de l’Académie des Arts et des Sciences interactifs. Sa seule signature a toujours entouré d’une aura positive chaque nouvelle version du jeu, de SimCity 2000 (1993) à SimCity 3000 (1999) jusqu’à SimCity 4, sorti en 2003.
Seulement voilà, Will Wright et sa société Maxis s’attèlent en ce moment même au développement de Spore, un jeu inédit lui aussi très attendu, qui ambitionne de balayer des origines de la vie jusqu’aux extra-terrestres. Du coup, la maison-mère, Electronic Arts, a confié la réalisation du nouveau SimCity à Tilted Mill Entertainment (« Caesar IV »). « Construisez une ville culturelle, une ville hantée, une ville écologiste, une communauté spirituelle ou pratiquement n’importe quel type de société ! », promet ainsi Electronic Arts dans un récent communiqué. La nouvelle version, forcément innovante, s’attache aux comportements sociaux des habitants.
Les fans de la première heure craignent que ces nouveautés se fassent au détriment de ce qui faisait le sel des précédentes versions : l’aspect hyperréaliste de la simulation, qui allait jusqu’à inclure la gestion du réseau routier ou de l’énergie. Sur les forums du site de Tilted Mill Entertainment, ils ont même créé un fil de discussions intitulé « Vous avez tué Sim City ! ». Du coup, Chris Beatrice, président et directeur du développement de Tilted Mill, s’est fendu d’un message assez langue de bois : « A vous de l’aimer ou pas, d’y jouer ou pas (...). J’espère quand même que vous l’essaierez, et j’espère que vous n’arrêterez pas votre jugement sur des spéculations émises sur un site web. Cependant, je ne veux induire personne en erreur : ce SimCity n’est pas un simulateur urbain réaliste, ce qui représente pour beaucoup l’essence même du titre. Je respecte et comprends totalement ce point de vue. »
Pour Laurent, webmestre de toutsimcity.com, un site francophone créé en 2000 totalement dédié à la série (on y trouve astuces et conseils, forums et offre de téléchargements), « rien ne permet actuellement de donner un aperçu réel de SimCity Societies ». N’empêche que le malaise est là, rappelle-t-il en en donnant la preuve : une pétition comptant un millier de signatures réclame le retour immédiat de Maxis aux manettes.
Ironie du sort, l’une des nouveautés annoncées par Tilted Mill Entertainement est la possibilité de gérer les habitants comme le ferait un Big Brother, en leur imposant sa loi ; c’est effectivement une trouvaille, mais la réalité montre que plier les autres à ses exigences n’est pas une mince affaire.
emmanuelle hirschauer 

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