« Sub » de Julien Loustau (2006), tous les jours à 20h jusqu’au 6/02 au cinéma l’Entrepôt, 7/9, rue Francis de Pressensé, Paris 14e. Durée : 45 mn.
« Sub » explore les berges du fleuve Yangtzé, à la recherche du lac Vostok, une troublante utopie scientifique. © Julien Loustau
< 02'02'08 >
« Sub », un film au cœur des ténèbres

Le très bel essai documentaire « Sub » de Julien Loustau est projeté jusqu’au 6 février au cinéma l’Entrepôt, à Paris. Il organise une lente remontée nocturne du fleuve Yangtzé, non loin de la région des Trois-Gorges, en Chine, théâtre du chantier du plus grand barrage au monde et de ce qui pourrait devenir un désastre écologique et humain. « Still Life » de Jia Zhang-ke ou les travaux du photographe canadien Edward Burtynsky, à leur tour examinés dans « Manufactured Landscapes » déjà avaient à leur manière participé à cette prise de conscience, le barrage allant jusqu’à modifier l’orbite terrestre dans un futur très proche...

Julien Loustau appartient à cette génération de jeunes artistes usant d’un matériau documentaire pour renouveler le cinéma, à l’instar d’un Cyprien Gaillard ou d’une Justine Triet. « Sub » explore les berges du fleuve à l’aide de projecteurs, tandis qu’une voix blanche et précise envisage un lien possible entre cette région et le lac Vostok, une immense étendue d’eau souterraine prisonnière des glaces de l’Antarctique et qu’il n’est possible d’examiner qu’à l’aide de sondes très sophistiquées. Cet espace inexploré pourrait receler des formes de vies inconnues, que seule une sonde spéciale, conçue par la Nasa serait à même de découvrir.

« Sub » imagine qu’une telle sonde emprunterait les Trois-Gorges pour atteindre l’Antarctique, et nous invite à partager ce voyage mental. Le film scientifique prend donc une tournure fantastique, en connectant deux régions du monde dans une bien étrange utopie géographique, qui invente un genre a priori bourré d’oxymoron, le documentaire fantastique. Loustau puise dans la science et ses développements les ferments d’un cinéma du réel augmenté, hypertextuel, dont il faut souligner également la richesse sonore. Il s’est en effet acoquiné avec l’artiste sonore Jean-Philippe Roux, dont le travail subtil parvient à retranscrire les bruits de la nuit et du fleuve, qui résonnent étrangement, comme des pulsations cardiaques perçues par un encéphalogramme, le tout mêlé à des torsades électroniques plutôt flippantes (proches des pièces du duo d’Etant Donnés). On reste un peu pantelant devant cet essai filmique qui prend le temps de se déployer et se termine en ballet de lumières, celles d’une jonque surréelle qui déchire la nuit.

En avant-goût immersif, la bande-annonce de « Sub » :

benoît hické 

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