Transnumériques #4,, Biennale des arts et des cultures numériques, du 02/05 au 15/07/2012, Bruxelles et Mons, Belgique.

Ce samedi 5/05 : table ronde, « Arts en réseau, supports immatériels, quels enjeux de production et de diffusion ? » à 18h30 et performance AV par Systaime.

Exposition SPAMM (Super Art Modern Museum), Galerie de la Reine, 28 Koninginnegaelrij Bruxelles, tlj sauf lun, de 12h à 18h.

JIM, Journées d’informatique musicale, les 10 et 11/05 (vernissage le 9) de 12 à 19h, Site des Arbalestriers, Maison Folie, Mons, Belgique.

Le SPAMM sort du Web pour exposer en grand les œuvres du Net, Galerie de la Reine, à Bruxelles. © DR
< 04'05'12 >
Transnumériques, biennale électronique éclectique

En attendant ce changement d’air (lundi, il fera beau...), tous à Bruxelles ce week-end (avec retour pour voter dimanche...) ! Les Transnumériques 4ème édition, c’est la biennale des arts et des cultures digitales dans un pays où le mélange des genres, s’il n’a pas toujours été heureux politiquement, est une force culturelle. En Belgique, les scènes parviennent à réaliser les grands écarts que, vu d’ici, la culture a encore du mal à proposer. Performances A/V, l’art du Net en salle d’expo, tables rondes et VJing pour les petits, musiques populaires à la source de créations pointues et vice-versa, expérimentations de présence collective en ligne (Annie Abrahams) ou de post-cinéma (Grégory Chatonsky), échanges de vue entre artistes et habitants, ateliers pour tester si un parapluie peut « porter sur lui l’histoire du nombre de flaques d’eau que la vie nous a permis de traverser » (Natacha Roussel)… La culture mixée et remixée comme on l’aime, quoi…

Et si Poptronics est partenaire des Transnumériques, c’est notamment pour cette façon de proposer une culture défricheuse, ouverte, participative et ludique, une culture décloisonnante et décloisonnée. Où les signes les plus communs du numérique sont récupérés et passés dans le grand shaker des artistes copieurs-colleurs de l’époque. Systaime, qu’on aime depuis longtemps (la preuve avec son pop’lab de 2009), MC détourneur, très hacktif et toujours irrévérencieux envers les puissants (ses vidéos de silences ou de remix de discours politiques en sont la preuve), est toujours à l’affût des usages les plus répandus du Net. Pas question d’encenser les nouvelles technologies, lui est au contraire capable de mélanger écrans et fenêtres de sites porno, vieux gifs animés des débuts du Net et glitchs vidéos d’un Facebook totalement désarticulé. Il intervient ce samedi à Bruxelles pour une performance intitulée « Flux save the queen / My SPAMM is rich », dont on imagine qu’elle partira des séquences courtes postées sur le réseau à partir du SPAMM, ce « Super Art Modern Museum » qu’il a monté avec un autre artiste, Thomas Cheneseau (autre grand détourneur de Facebook entre autres).

Le SPAMM à Bruxelles selon Systaime (2012) :

« My SPAMM is rich », Systaime (2012) :


SPAMM, cette galerie d’art en réseau qu’aucun musée n’a réalisée (sur la durée au moins) n’est rien d’autre qu’un espace certes virtuel pour cet art éphémère (l’obsolescence le touche plus durement qu’aucun autre, sauf à considérer le château de sable comme un art majeur...) et qui se prête toujours plus difficilement à l’exposition du white cube ou de la black box. Qu’il soit noir ou blanc, un espace proposant une pièce du Net sur grand écran a toujours autant de mal à figurer la batterie de connexions qui font d’une œuvre en ligne la terminaison nerveuse d’un réseau plutôt qu’un tableau fini.

Le SPAMM donc, a été accueilli et salué par les médias en France et ailleurs (voir à ce sujet la rubrique « Press » sur leur site, éloquente) comme une initiative nouvelle et alléchante. Amusant quand on sait qu’äda’web faisait de même au début des années 1990 ou que des collectifs d’artiste ont successivement tenu et porté des projets similaires (Incident toujours vaillant, Icono.org désactivé…). La nouveauté, c’est le langage et la communication qui a été faite autour de cet objet numérique. Tant mieux d’ailleurs que le projet ait si bonne presse, les œuvres qui y sont présentées sont la plupart du temps pertinentes, les « historiques » (Claude Closky, Eva et Franco Mattes, Evan Roth, Angelo Plessas, Jodi, Constant Dullaart…) y côtoient de plus jeunes artistes et pour une fois la sélection est internationale.

Le SPAMM se paie donc une « vraie » incursion dans le monde physique, en exposant sur 1000 mètres carrés Galerie de la Reine (l’hypercentre de la capitale belge), dans un cinéma art et essai et nouveau lieu pour la culture numérique. On y court (demain, pour faire table ronde à 18h30 sur la théma « Arts en réseau, supports immatériels, quels enjeux de production et de diffusion ? », avec Systaime, Thomas Cheneseau, Valérie Cordy, artiste qui partage la programmation de ces Trans#4 avec Philippe Franck) et on y revient fissa, forcément.

Les Transnumériques cependant, c’est bien plus vaste que cette seule affiche accrocheuse. Après cette première séquence autour de la culture pop-net du moment, viendront les propositions savantes des Journées d’informatique musicale, à Mons. Les JIM réunissent le monde des chercheurs et compositeurs en musique contemporaine augmentée et s’intéressent à des sujets pointus (« extension du corps sonore », le logiciel Loop-Jam, « carte sonore bidimensionnelle » pour composition partagée, capteurs et gentle electronics…), et proposent des concerts et installations. A noter l’installation « Robot » du Logos Foundation Robot Rochestra de Gand (9/05, 19h) puis les concerts de Todor Todoroff et du chef d’orchestre et violoncelliste contemporain Jean-Paul Dessy (9/05, 19h30) ou encore la lecture projection de Thierry de Mey « La trace du mouvement » (10/05 à 19h).

« Pourquoi réunir des créateurs et des chercheurs d’ailleurs, des formes inter-trans-multi-garanties jamais vus à la télé, des lieux “non spécialisés” et quelques écrins digidédiés, des territoires physiques et des mondes “virtuels” (rappelez-vous ce qualificatif nébuleux qui désormais fait partie intégrante de notre “réel”), des publics “grands” et “limités” ? Parce que sur notre belle terre globalisée/confisquée, faire du lien en préservant les différences est plus que jamais indispensable », explique Philippe Franck, fondateur de Transcultures à l’origine de cette biennale éclatée (entre Mons et Bruxelles, entre lieux d’expo et salles de concert). Vous l’aurez compris, inutile de dérouler plus avant le riche programme de cette tentative d’« alter trans festival » (dixit Philippe Franck) : au-delà de l’expo « art brut et nouvelles technologies » (« Art Act Need#1 », Mons, 17-20/05), du retour de Grégory Chatonsky « Après le cinéma » (Bruxelles, 22/06 au 15/07) ou du « portail/installation » du compositeur Joseph Hyde, « Me and my shadow », en création européenne (Bruxelles, 10-17/07), qui proposera une téléprésence avec Enghien, Londres et Istanbul, c’est la philosophie même du festival qui nous botte.

« Me and my shadow », de Joseph Hyde, premiers essais :

annick rivoire 

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