Signature de la convention du premier Réseau Arts Numériques (RAN) constitué de 30 structures artistiques, scientifiques et industrielles internationales, le 11/2 à 14h, Théâtre Paris Villette, salle blanche, 211, avenue Jean Jaurès, 75019 Paris. Interview de Dominique Roland, directeur du Centre des arts d’Enghien-les-Bains, porteur du projet.
Grand Prix des derniers Bains numériques, le spectacle de la compagnie Adrien M "Cinématique de la chute" (avec Adrien Mondot au premier plan et Akiko Kajihara). Le RAN entend mutualiser les projets art-science-technologie. © Agathe Poupeney - PhotoScene.fr
< 11'02'10 >
Un Réseau Arts Numériques pour l’art en réseau
Un réseau des arts numériques international et francophone, est-ce une chimère ou l’outil de coopération qui manquait aux artistes et aux structures portant les nouveaux médias en France ? C’est en tout cas ce jeudi qu’est lancé depuis le théâtre Paris-Villette le RAN (pour Réseaux Arts numériques), qui regroupe une trentaine de structures (festivals, centres d’art, universités, médias…) s’occupant « de transversalité entre l’art, la science et l’industrie », françaises et internationales. Comment va-t-il fonctionner et pour quoi faire ? Poptronics est allé poser quelques questions à Dominique Roland, l’actuel directeur du Centre des arts d’Enghien-les-Bains, qui organise chaque année les Bains numériques, et probable futur président du RAN (le « comité de pilotage, une sorte de bureau exécutif composé de 7 personnes, sera élu prochainement pour diriger le réseau », explique-t-il).

Comment l’idée d’un réseau des structures artistiques travaillant autour du numérique s’est-elle mise en place ?

L’idée est née en 2007, lors des rencontres professionnelles du festival des Bains numériques à Enghien-les-Bains, à partir de collaborations engagées avec des universités (ATI Paris 8, Uqam à Montréal, Modesco à Caen), ainsi qu’avec les partenaires à l’international du Centre des arts (le Metropolitan Museum de Tokyo, l’université de Kyôto au Japon, le musée national de Taiwan, Body Data Space en Grande-Bretagne, Bodig en Turquie, et plus récemment le Nabi Center en Corée du Sud, Transcultures et le festival City Sonics à Mons en Belgique). Pour rappel, ces coopérations ont permis par exemple des résidences de doctorants de Paris 8 en Art et technologie de l’image, une collaboration artistique et scientifique du laboratoire de réalité virtuelle Modesco de l’université de Caen dans le cadre de la résidence chorégraphique de Pedro Pauwels au Centre des arts, ou encore à l’Uqam Montréal, une résidence de création chorégraphique d’Isabelle Choinière autour du « Corps Machine ».

Alors, c’est quoi le RAN et à quoi cela peut-il servir ?

Le RAN propose un nouveau modèle de développement économique entre les arts, les sciences et les technologies, sur la base d’une mutualisation, au service de la production de la recherche de l’expérimentation de nouveaux usages, de la diffusion artistique et de la formation. Il apparaît comme un nouvel espace d’échange et de coopération interdisciplinaire, qui agit sur un décloisonnement des lieux professionnels de concertation et de décision, et international. Le RAN se définit comme un lieu de convergence d’une culture arts/sciences/technologies, autour d’une veille et d’une expertise partagée, notamment sur les nouveaux usages. Il est aussi un outil efficace de veille artistique et technologique sur le plan international.

Que va changer la convention que vous signerez ce jeudi ?

Cette convention cadre à laquelle est intégrée une charte permet aux membres du réseau d’engager concrètement des partenariats entre les membres selon la nature des projets. Cette contractualisation prévoit de réunir au niveau international des coproductions, des résidences et un transfert de compétences sur la base de l’accord de réciprocité.

Des médias, des centres d’arts, des universités… le RAN comprend déjà 30 structures. Comment envisagez-vous de travailler ensemble tout en maintenant la spécificité de chaque structure ?

Le premier travail du RAN est basé sur une connaissance des activités propres à chacun de ses membres et d’une communication de chaque activité de ses membres. Pour mutualiser les projets, trois chantiers s’offrent à nous. Le premier est un guide international en ligne, une cartographie internationale des lieux de recherches, de diffusion, de productions de chacun de ces membres. Le deuxième chantier concerne l’accompagnement de projets pilotes. Chaque année, un ou deux projets (installation, spectacle ou outils numériques) feront l’objet d’une résidence itinérante dans différentes structures du RAN et bénéficieront d’une aide à la coproduction ainsi que d’une diffusion sur l’ensemble du réseau. Enfin, le troisième volet concerne des formations liées aux métiers du spectacle et des arts numériques animées par les experts et les intervenants du RAN.
Des actions de partenariats sont ainsi inscrites dès 2010 entre les membres du RAN, comme entre le Nabi Center Séoul et le centre des arts d’Enghien pour l’exposition « Printemps Parfume » en avril prochain, ou le projet de collaboration entre le festival Elektra et l’Ososphère à Strasbourg ou encore la collaboration entre Gawlab et Digital Performances et Culture sur le développement des arts numériques en Afrique.

La charte stipule que le RAN s’engage à « promouvoir les croisements recherche-production–diffusion-formation/art-science-industrie ». Comment dépasser les simples vœux pieux ?

En termes de réciprocité, les engagements prévoient l’accueil en résidence d’artistes contractuellement dans des universités et pôles de recherche des membres du réseau. Ces expérimentations répondent à la fois à l’utilisation de nouveaux prototypes de la recherche par des artistes dans le cadre de leur création et à un protocole défini par les chercheurs sur un programme scientifique.

Aurez-vous des moyens spécifiques propres, une structure porteuse qui permettra de mettre en musique cet outil qui promet mutualisation et coopération (qui on le sait, sont généralement difficiles à pratiquer au quotidien) ?

Les moyens propres passent d’abord par la structuration du modèle de fonctionnement du RAN. A savoir une structure coordinatrice : en l’occurrence le Centre des arts en charge de l’administration et de la coordination du réseau tel que défini par la convention cadre. Cette mission prévoit l’organisation de l’ordre du jour des réunions entre les membres, des groupes de pilotage, des comptes-rendus, des suivis de chantiers. S’agissant d’un mode de fonctionnement sur l’international, nous envisageons déjà sur plusieurs structures de mettre en place des lieux permanents de téléprésence (de streaming) de manière à pouvoir organiser des réunions entre les zones Asie, Amérique et Europe de manière pratique et régulière (fréquence des réunions : tous les deux mois). Pour ce qui concerne les moyens spécifiques, les moyens financiers, industriels et en nature de chaque structure pourront être mutualisés sur des projets réalisés en partenariat et répondre à tous les cas de réalisation tant en production qu’en résidence.
Le RAN s’est doté de ses propres budgets de fonctionnement, dans le cadre de la convention (cotisation des membres) et a lancé des demandes de financements publics auprès du ministère de la Culture et de l’Europe.

Comment envisagez-vous l’ouverture à l’international (un international francophone, comme l’indiquent certains partenaires étrangers du RAN, Elektra à Montréal, Kër Thiossane à Dakar) ? Et question subsidiaire, quels sont les critères pour intégrer le RAN ?

Le RAN souhaitait mettre en œuvre une stratégie de rééquilibrage nord/sud, de manière à permettre une meilleure représentation internationale de ses membres. Cette initiative se concrétise par un soutien du RAN sur les actions portées notamment sur la zone Afrique (festival de Dakar, Sylviane Diop, Gawlab et Kër Thiossane, Villa pour les arts numériques). Pour intégrer le RAN, une structure candidate doit démontrer une orientation spécifique dans le domaine de la création numérique (recherche artistique, scientifique, industrielle, formation, production ou diffusion d’œuvres), témoigner d’une volonté de médiation de la création numérique en direction de publics diversifiés (artistes, scientifiques, techniciens, acteurs culturels, institutions, enseignants, etc. et non professionnels), disposer de compétences susceptibles de mutualisation (expertises artistique, scientifique et technique, réflexion théorique et critique, médiation, etc.). Et si possible, disposer de moyens logistiques et financiers susceptibles eux aussi de mutualisation (studios de travail, espaces de création et diffusion, parc matériel, édition de supports de communication et de réflexion).
Recueilli par annick rivoire 

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< 1 > commentaire
écrit le < 15'11'10 > par < communication eFD cdarts.enghien95.fr >

Bonjour, si vous souhaitez mettre les infos du RAN (réseau arts numériques) à jour, merci de vous rendre sur le site http://www.ran-dan.net

En effet le RAN comporte maintenant plus de 40 structures.

Cordialement,

Le centre des arts (Enghien)