Festival Bains Numériques #3, du 6 au 14/06, scène numérique à ciel ouvert, 12-16 rue de la Libération, Enghien-les-Bains (95), entrée libre, en train 15 mn depuis gare du Nord (lignes Paris-Valmondois et Paris-Pontoise).
« Soli in Situ » par Cyril Hernandez, musicien prestidigi-tapeur, ici à Aubagne en 2007. © Vincent Lucas
< 06'06'08 >
Enghien-les-Bains de culture digitale

Ça va finir par faire tendance, cette vague de plein air qui souffle sur les festivals numériques. Après Mal au Pixel et le Cube festival, ouvre ce soir à Enghien-les-Bains, près de Paris, les Bains numériques, troisième édition d’une manifestation qui ferait presque oublier qu’Enghien est la ville du casino.

A preuve, la série de propositions, installations en plein air, buvette et promenades sonores qui pourraient transformer son image de ville proprette, au moins pendant une semaine. Le Centre des arts d’Enghien, à l’origine du festival, s’est associé avec les Belges de Transcultures, ainsi qu’à quelques universités et écoles informatiques locales : les premiers comptent en France parmi les rares structures qui disposent de moyens pour produire des créations numériques, les seconds sont des producteurs expérimentés de créations et installations sonores (qu’on vérifie chaque année à City Sonics, le festival d’art sonore de Mons). Ce mélange aurait pu suffire mais Enghien cherche aussi à s’attirer les grâces du grand public en proposant des « sons et lumières », comme cette année le spectacle sur le lac de Gotan Project, et son électro-tango un poil kitsch.

Tant pis ou tant mieux pour un mélange des genres qui permettra au grand public de découvrir le « Music Promenade » de Luc Ferrari (1929-2005), dans le jardin de l’Hôtel de Ville. Le compositeur électro-acoustique français l’a réalisée en 1969 à partir d’enregistrements faits en voyage, aux variations hasardeuses. Une fois lesté de ce pan de patrimoine acousmatique, on appréciera le grain de folie de Cyril Hernandez, ce vendredi soir à 20h45. « Soli in Situ » est une performance sonore déambulatoire où le percussionniste et compositeur joue avec l’espace et le mouvement (il ne joue pas du piano debout, il joue de la baguette au sol et des percus accrochées).

D’autres projets un peu fous ponctuent l’espace autour du lac, comme les éoliennes sonores du collectif Impala Utopia, qui s’étaient déjà posées à Arborescence (Aix-en-Provence) ou à City Sonics, mais pas encore à Paris. Colin Ponthot et Jérôme Abel ont truffé les pales de capteurs qui transforment le mouvement en compositions sonores à 360°. En poursuivant la balade, on jettera une oreille aux cartes postales parlantes de Cléa Coudsi et Eric Herbin (« Bien des choses »). Frais et simple.

Beaucoup d’installations jouent sur cette idée de fraîcheur : entre le parquet de bal et le banquet interactif (oui bon, une connexion avec Osaka pour échanger les images du marché d’Enghien avec son alter ego japonais…), les « Bains de bouche » du compositeur Christophe Bailleau et la « Douche sonore » d’Isa Belle, mieux vaut que la pluie soit la grande absente de ces Bains numériques… Et quand bien même ne resterait que le virtuel, les « Sur-Natures » de Miguel Chevalier, prolifération sonore et générative de forêt virtuelle, font toujours leur petit effet.

annick rivoire 

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