Effet de mode ou début de reconnaissance, les festivals d’arts sonores fleurissent avec le printemps en France. Parmi les nouveaux venus, Micro Clima, premier du nom, rassemble à Poitiers du 20 au 24 avril compositeurs, réalisateurs audiovisuels, plasticiens et DJ’s, entre promenades sonores urbaines et autres actions parfois moins définissables, où toujours le son est le medium principal.

On notera dans le roboratif programme la présence jeudi du réalisateur Alain Cavalier qui évoquera la question du son dans son cinéma, en prolongement de la projection de son film le plus « muet », « Libera Me ». Dans ce long métrage de 1993, pas d’acteurs vedettes ni même de dialogues, mais une situation sombre en quasi huis clos où chaque son compte comme un moteur dramaturgique au service d’un très beau film militant.

Vendredi soir, le festival propose une carte blanche au collectif d’artistes éditeurs Vibrö, avec le compositeur électroacoustique Christian Zanési, directeur artistique du GRM, et accessoirement (mais notoirement) compagnon de route de Popsonics Radio lors de la récente action au Lieu unique de Nantes. Et aussi l’électronica précieuse de François-Eudes Chanfrault, qui cite musique classique et field recordings par le biais d’élaborations logicielles de son cru finement ciselées sans oublier, bien sûr, le duo fondateur de Vibrö et des publications Double Entendre, OttoAnna.

On attend aussi beaucoup de la soirée « Sex ! Son et expérimentations », samedi soir, un panachage de clôture ou se côtoieront inventions et distractions sonores. Entre autres surprises, seront au programme Lolab et sa « Machine à gazouiller » et Aymeric de Tapol, aussi à l’aise dans les field recordings que dans la bidouille de synthèse, qui confrontera ses enregistrements climatiques à des manipulations analagico-numériques live surprenantes.

Lolab - Présentation de la Machine à gazouiller

Enfin, Micro Clima convie une vétérane du sound art, l’Allemande Christina Kubisch, que Poitiers fut la première à faire venir en France il y a deux ans. Depuis 2004, elle trace de curieux parcours sonores urbains. Le promeneur déambule équipé d’une carte et d’un casque audio modifié et doté de capteurs qui transforment en fréquences audibles les ondes électromagnétiques produites par les appareils électriques ou le mobilier urbain. Eclairage public, guichets de banque, portillons de sécurité ou laveries prennent alors une toute autre dimension. A expérimenter toute la semaine au centre ville de Poitiers.

jean-philippe renoult