« Rétention de sûreté, une peine infinie » (68 mn), film consultable gratuitement sur le site de l’Autre campagne ou à acheter en DVD (12 euros).
Emmanuelle Perreux, présidente du Syndicat de la magistrature, dénonce l’impossibilité désormais de donner une perspective aux prisonniers. © DR
< 10'04'08 >
Un film pour dénoncer la rétention de sûreté

« Rétention de sûreté, une peine infinie » est un film à diffuser d’urgence, pour dire la menace que représente cette loi, qui autorise la détention arbitraire de condamnés ayant fini leur peine de prison, parce que réputés toujours dangereux pour la société. C’est aussi une piqûre de rappel nécessaire pour les 80% de Français qui y seraient favorables comme l’assurent les sondages.

Bien mené, « Rétention de sûreté » imbrique interviews, textes et extraits de « Minority Report », le film de science-fiction de Spielberg inspiré de Philip K. Dick, qui raconte comment une technique est inventée pour repérer les criminels. « J’ai voulu cette mise en abîme pour tordre les codes du documentaire, pour chercher une sorte d’effet révélateur, de retour du réel », explique Thomas Lacoste, éditeur et réalisateur de 35 ans, qui souhaite « déconstruire méticuleusement le populisme pénal » dans ce troisième volet de la série « Réfutations ». Il a donc donné la parole à huit théoriciens, praticiens, militants et chercheurs du monde du droit pour décortiquer les réformes pénales édictées depuis six ans, de la loi Perben I à celle sur les peines planchers. Les détenus aussi interviennent, avec un retour sur l’appel de Clairvaux en 2006, dans lequel des condamnés réclamaient la peine de mort, pour échapper à leurs conditions de vie désastreuses dans ces « geôles de la honte ».

« Rétention de sûreté », à voir ou à commander sur le site de l’Autre campagne (un collectif de militants et chercheurs né en réaction à la dernière campagne présidentielle), dénonce pertinemment la politique mise en place par Sarkozy et ses séides, qui « met au centre les victimes et apparente les détracteurs de la loi à des inconscients du côté des assassins ». En un peu plus d’une heure, le film, coproduit par le Syndicat de la magistrature, montre comment la loi entre de façon récurrente en contradiction avec la Déclaration des droits de l’homme. Et pointe du doigt son effet plus que pernicieux : un retournement complet des principes du droit français. « On était jusque-là jugés pour ce qu’on avait fait, explique Christian Charrière-Bournazel, avocat et bâtonnier de Paris. Demain, on pourrait être retenu indéfiniment en détention au titre d’un risque que l’on présente, c’est-à-dire pour ce qu’on est. »

Un extrait de « Rétention de sûreté, une peine infinie » :

valérie nescop 

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