Après-coup sur le débat « Quand l’art réseau’n sur le Web » avec Laurence Allard, Thierry Théolier, Antoine Moreau et Yoann Manesse, jeudi 10/04 à la Sorbonne (dans le cadre des « jeudis de la Sorbonne »).
Carte 2008 du Web par les designers japonais d’Information Architects, une représentation des principaux sites en terme d’audience. © DR
< 14'04'08 >
A qui profite le Web 2.0 ?

22 milliards de contenus générés par les utilisateurs, 13 millions de Skyblogs en France... Si le succès des réseaux sociaux ne fait plus débat, il pose nombre de questions sur le statut des créateurs (tous amateurs ?). « Quel avenir pour la création ? L’avant-garde artistique n’est-elle pas aujourd’hui sur les sites communautaires, qui ouvrent des potentialités qui paraissent infinies ? » C’est à ces questions que tentait de répondre le dernier séminaire des « jeudis de la Sorbonne », le 10 avril, intitulé « Quand l’art réseau’n sur le Web », avec pour invités la sociologue Laurence Allard et les artistes Antoine Moreau, fondateur de la licence Art libre, (la version française de la « gauche d’auteur », le « copyleft », ou comment inventer une alternative au droit d’auteur classique), l’agitateur du Net Thierry Théolier et le musicien Yoann Manesse.

« Le développement du capitalisme de partage (Myspace, Facebook) est problématique, lance d’entrée de jeu Laurence Allard, sociologue et maître de conférence à l’université Lille 3. Il faut être attentif à la mise en marché des données personnelles. Les options proposées pour se lier aux autres sont beaucoup plus façonnées qu’avant. Or, ce n’est pas parce qu’on est comme, qu’il faut se lier avec. » Le business, rappelle-t-elle, ne revient pas à ceux qui s’expriment mais aux grandes industries culturelles. « On pensait qu’il y avait une crise culturelle économique, avec le peer to peer, mais Myspace appartient au magnat Rupert Murdoch ».

Le chanteur Yoann Manesse, du label MVS Records et leader du groupe The Versus, veut bien reconnaître l’importance de la vitrine-tremplin d’une plate-forme comme Myspace mais pointe aussi les limites du système : « Il y a aujourd’hui un public Myspace qui croit tout connaître de toi. Sur notre site, les gens se livrent de plus en plus. Parfois, c’est très glauque. On se retrouve dans le rôle du psy. Ça brise un lien. » Et le blog peut aussi aboutir à l’effet inverse, celui de « saturer le marché d’infos », même si, reconnaît Yoann, c’est un « outil de propagande qui permet de fidéliser un maximum de personnes ».

Et la création, dans tout ça ? Le Web 2.0 a aussi permis aux artistes de développer de nouveaux espaces de création. Comme la licence Art Libre, concept original, qui permet de copier, de diffuser et de transformer les œuvres dans le respect de l’auteur. « C’est un principe d’échange et de partage », explique Antoine Moreau, son créateur. Il a adapté les principes du « copyleft » qui destinent le logiciel libre à toutes formes de création.

L’art de Thierry Théolier, aka Th Th, c’est un peu celui du n’importe quoi. Bière à la main, le dandy et père du Syndicat du hype, joue la provoc’ 2.0. « Appelez-moi poète de merde, puisque cette époque est celle du néant », écrit Thierry sur son blog. Avec ses potes du Syndicat du hype, plate-forme d’échange des soirées parisiennes, Thierry trafique les flyers, livre les bons plans et astuces pour s’infiltrer et vider les buffets et fait de l’activisme « sans conviction » : « Nous sommes des hackers de luxe, d’informations mondaines. » Dans l’amphi, on regarde ThTh s’agiter -entre amusement et consternation- puis on médite sur le mot de la fin, lancé par Antoine Moreau : « Avec le Web 2.0, on s’exprime sans observer. Il faudrait peut-être prendre de la distance... »

valérie nescop 

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