Contre la disparition du Théâtre Paris Villette, un texte engagé d’Agnès de Cayeux, artiste à l’origine de la programmation x-réseau, une scène expérimentale pour l’art en réseau de ce théâtre parisien reconnu, elle aussi menacée…
Lucille Calmel en 2008 occupait la scène du théâtre Paris Villette pour jetedemandedemedemander, le genre de performance qu’on voudrait voir se développer à Paris, et non pas disparaître… © Guillaume
< 19'04'12 >
Au secours du théâtre Paris Villette

Une pétition avec 5332 signataires (dont les people qui font généralement parler du problème, comme Yasmina Reza ou Mathieu Amalric), des soutiens publics affichés, une presse nombreuse… Rien n’y fait : le directeur du théâtre Paris-Villette n’a aucune réponse de Christophe Girard (adjoint à la culture de Bertrand Delanoë) quant à l’avenir de son théâtre. Et Poptronics, qui y a fait ses classes sur la scène x-réseau, participe à sa manière à la bronca.

En ces temps de campagne électorale où la culture n’est même plus une variable d’ajustement (cf la soirée « Télérama » ce 23 avril au théâtre du Rond-Point, sarcastiquement intitulée « La culture fait-elle perdre les élections ? »), Poptronics relaie l’appel de l’artiste à l’origine de x-réseau, Agnès de Cayeux, pour que vive le théâtre Paris-Villette. Avec son x-réseau, avec ses créations théâtrales parfois tâtonnantes mais toujours expérimentales, avec ses défauts et qualités. Pour (re)dire avec force que la culture est aussi un enjeu démocratique, et qu’en la matière, Christophe Girard n’est pas le roi des affaires culturelles parisiennes, pas plus que Frédéric Mitterrand ne porte une couronne à l’échelle nationale. Comme le rappelle brillamment le critique de théâtre Jean-Pierre Thibaudat, il est totalement absurde (et à rebours des pratiques artistiques les plus contemporaines) de vouloir regrouper géographiquement les activités liées à la musique (le parc de la Villette abrite la Cité de la musique, le Conservatoire national, la future Philharmonie de Nouvel et donc, si on a bien suivi, un espace pour l’orchestre national de jazz). Bref, faisons passer la colère !…

Le Théâtre Paris-Villette est menacé de fermeture. C’est incessant et déclaré. C’est violent également. Vous dire que le Théâtre Paris-Villette n’est pas uniquement une scène libre et ouverte aux auteurs émergents, connus ou reconnus, aux artistes des arts vivants et à leurs publics chéris depuis quelques décennies d’écritures.

Ce Théâtre Paris-Villette est aussi celui qui, en 2007, a choisi d’accompagner les nouvelles formes d’écritures dédiées aux arts en réseau. Ce Théâtre est ainsi celui qui pressent, produit et diffuse des œuvres immatérielles sur ce territoire de l’Internet, œuvres issues de temps de résidences, de temps d’immersions, de recherches précises et programmées. Travail mené et engagé pour un public nombreux, une fréquentation assidue et nouvelle, ces visiteurs connectés.

Alors donc, les deux arguments qui annoncent la mort de ce Théâtre Paris-Villette sont ceux-ci :

one : le bâtiment n’appartient pas à l’unique financeur - la Ville de Paris - et se trouve situé sur le Parc de la Villette, son image est brouillée.

two : la fréquentation du public n’atteint pas un résultat satisfaisant, l’équilibre est vacant.

Dans cette double argumentation, il est oublié - et au travers des x créations en réseau et des y artistes - que le territoire de l’Internet appartient à tous et que les millions de visiteurs qui se sont connectés « gratuitement » en quelques années sur les propositions du Théâtre Paris-Villette et y ont expérimenté une relation singulière et nouvelle à l’œuvre, existent et sont bien réels. Des visiteurs qui ont peut-être choisi de ne pas s’orienter vers les plate-formes légales offertes par le gouvernement et son pur.fr sur lesquelles pour 39,95 € par mois, tu killes un zombie, pour 19,25 € par mois, tu protèges ton système, pour 9,90 €, tu kiffes un navet. Ces visiteurs du Théâtre Paris-Villette qui consomment autrement, différemment. Des millions de visiteurs qui ne consomment pas, mais qui usent de ce droit fondamental, cet accès à la culture.

Cher(e)s clamarades, j’ai envie de défendre le Théâtre Paris-Villette, cet esprit du libre et nos écritures immatérielles, parce que cette scène innovante a certainement quelques correspondances à écrire avec Beckett, Brecht ou Müller pour passer dans un monde résolument contemporain.

Amitiés numériques

agnès de cayeux 

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< 2 > commentaires
écrit le < 19'04'12 > par < info UeT poptronics.fr >

Poptronics a régulièrement suivi les propositions du théâtre Paris Villette, vous pouvez retrouver ci-dessous les articles publiés :

Le 08’12’07, Poptronics met les paillettes, à propos de la soirée Poptronics au théâtre Paris Villette.

Le 18’12’07, Soirée poptronics, l’after en remix sonore, on revient en son sur cette soirée.

Le 26’05’08, Un tour de Proust autour du monde, à propos du projet expérimental de lecture collaborative de Proust, « Le baiser de la matrice », de Véronique Aubouy.

Le 18’12’08, Lucille Calmel, les liens du flux, à propos de « Je te demande de me demander », de Lucille Calmel.

Le 16’10’09, Au hasard de parhasards.fr, à propos de ce jeu online mis en scène par Jean-Paul Delore.

Le 15’04’11, « Nous, clients des travailleurs du sexe… » , à propos de la pièce « Clients », et de la pétition contre la pénalisation des clients de prostitué(e)s.

Le 24’06’11, Première pour Open, le festival des scènes virtuelles, à propos d’Open au Paris Villette, festival des scènes virtuelles.

écrit le < 19'04'12 > par < info 6Se poptronics.fr >

Un malheureux oubli :

Le 16’06’11, "Re:Walden" re:pense la machine théâtre, à propos de l’excellente mise en scène de Jean-François Peyret d’après « Walden ou la Vie dans les bois » de Henry David Thoreau.