“Rendre fertile ce qu’ils veulent rendre stérile” : le mot d’ordre de la manifestation de remise en culture du 13 avril 2013 se vérifie à table, cet hiver. © DR
< 23'12'13 >
Chroniques du Zadistan (4) : y aura-t-il de la dinde à Noël ?
Attention la trêve ! Même pas peur des confiseurs, disent en creux les activistes du bocage nantais, les Zadistes de Notre-Dame-des-Landes. Alors que la France ne pense plus qu’à ripailler, les “Chroniques du Zadistan”, celle du dedans (Alain Le Cabrit) et celle du dehors de la ZAD (l’écrivain Francis Mizio), répondent à leur façon à l’injonction gustative de saison.
(Nantes, correspondants)
Chronique du dedans, par Alain Le Cabrit
Le Banquet, ripailles et autres joyeusetés
“Au banquet de la vie, au moins là bons convives, nous nous étions assis sans avoir pensé un seul instant que tout ce que nous buvions avec une telle prodigalité ne serait pas ultérieurement remplacé pour ceux qui viendraient après nous.” Guy Debord, “Panégyrique”
Les carottes sont cuites… si les poulets débarquent. Les métaphores alimentaires font florès sur la ZAD qui s’est transformée en véritable grenier vivrier, après les bonnes récoltes de la fin de l’été et de l’automne. Cultiver pour résister, tendre vers l’autonomie alimentaire, voire se détacher du système capitaliste en partageant la production agricole : au-delà de la question de l’aéroport et de la déroute de Vinci, tous ces points de discussion sont partagés et débattus, sur place, lors des assemblées qui réunissent aussi bien l’Adeca (Association de défense des exploitants concernés par l’aéroport) que le Copain 44 et les tenants de Sème ta ZAD.
“Rendre fertile ce qu’ils veulent rendre stérile” : le mot d’ordre de la grande manifestation de remise en culture du 13 avril 2013 a pris toute sa valeur performative. Sur la zone, on a déjà récolté quantité de denrées : des tonnes de pommes de terre, plusieurs variétés de maïs, plus de trois hectares de sarrasin pour produire des engrais verts ou faire de la farine destinée aux galettes, qu’on a pu déguster au Carrefour de La Saulce. En ce point d’occupation militaire reconquis s’échangent non plus des pierres et des horions, mais des fromages de Bellevue, du pain des Fosses-Noires ou encore des cageots de légumes issus des divers potagers.
Mais attention, l’autosuffisance ne signifie pas nécessairement la frugalité subie. Car ici, comme au pays d’Astérix et d’Obélix — pour ne point s’épargner les références les plus éculées —, tout finit et tout recommence par un banquet. La scène peut alors s’ouvrir sur… un bœuf d’enfer. Et l’on se prend alors à rêver du chêne centenaire qui accueillerait, ligoté à son tronc, le plus fameux des bardes nantais déchus, ce troisième Yann dont il semble qu’on ne veuille plus entendre la voix municipale.
Un banquet qui pourrait se dérouler ainsi…
Non loin de l’entrée, sur deux tréteaux et une grande planche de bois, s’amoncellent des bocaux de verre à l’ancienne, bien fermés hermétiquement, avec leur joint de caoutchouc orange. Ils regorgent de victuailles : gésiers confits, tripes au muscadet, coq au vin, choucroute lentilles. Tout cela est offert en vente directe. On effectue là ses emplettes pour la semaine, voire l’hiver.
On est au Liminbout, où se déroule l’un des désormais fameux banquets des “Q de plomb”. Ceux-ci ont déjà transformé les vils entassements d’or du Capital en conserves maison. Les “Q de plomb”, ce n’est ni un parti, ni un syndicat, ni une petite entreprise mais une association informelle créée avec des habitants du Liminbout et les premiers occupants du Rosier, haut lieu de lutte détruit l’automne dernier. C’est aussi un réseau d’entraide, une tablée de rires, et un point de résistance et d’offensive, de palabres et de jargon libre.
On trinque : un verre de rouge ou bien un jus de pomme offert en guise de bienvenue. Le nectar est sucré, avec tout l’arôme des fruits fraîchement pressés lors d’une “apple party” récemment menée sur tout le territoire et sans le mécénat du défunt Steve Jobs ni la bénédiction de Jacques Chirac. Les couverts sont déjà dressés ; hôtes et convives se confondent. Repas à prix libre. Vin à prix coûtant. On s’empare des chaises de récup’, des sièges faits de bric et de broc, des bancs de ferme.
Sur les cinq ou six grandes tables, les monticules de rillettes de poulet appellent l’assaut. L’agriculture est une arme de guerre et Sème ta ZAD est une riposte à l’impérieuse opération César. Les images qui surgissent, actives et triomphantes, achèvent et prolongent tout à la fois le processus de lutte et de labeur effectué. L’acte de manger ne se réduit plus seulement à une fonction biologique, mais reprend ici son caractère partagé d’événement social. Sur la ZAD, le repas se donne comme l’un des temps privilégiés du collectif, comme le lieu de circulation des idées d’où surgissent aussi bien les fulgurances de la subversion que les calembours de bas étage. S’y déploie une forme de chaos émotif puissant qui engendre l’égrégore des combats futurs. On s’y tient bien loin de la vie quotidienne immobile et privée de tout élargissement symbolique.
A travers la vitre d’une fenêtre, un pâle soleil d’hiver filtre et révèle l’inscription qu’un doigt facétieux et factieux a tracé à même la fine pellicule de poussière qui recouvrait le carreau de verre. Le ZAD de Zorro avec un A cerclé.
“Crochetastes-vous oncques bouteilles ?
–En ce qui me concerne, je dois avouer que je ne me sens pas très bien après ce que j’ai bu hier, et que j’ai besoin d’un répit ; du reste j’imagine que vous êtes, la plupart d’entre vous dans le même cas…
–Moi non plus, je ne me sens absolument pas de force de boire…”
Et tout le monde convint qu’il ne fallait pas consacrer cette réunion à s’enivrer ; on ne boirait que pour le plaisir !
Les commentaires sur la jacquerie des bonnets rouges vont bon train. “Hier, c’était l’assemblée du mouvement, il y avait beaucoup de monde. L’incertitude sur le devenir proche de la Zone fait toujours débat. Et les propos de Bové ont été âprement discutés…”, confie une habitante de Notre-Dame-des-Landes, pour évoquer ensuite la figure tutélaire des Paysans travailleurs, Bernard Lambert. A une table proche, un quidam quinqua rappelle son mot d’ordre fameux : “Jamais plus les paysans ne seront des Versaillais.” “L’on oublie aussi trop volontiers l’action menée à ses côtés par sa femme Marie-Paule” rappelle ma voisine qui avait initié la discussion. Un convive embraye sur la lutte historique de Cheix-en-Retz. Stanislas, qu’on appelle Tanis, entretient la tablée de son travail de charpentier, on cause tenons-mortaises… Un solide garçon. Il se remémore à l’envie et avec truculence les soirées du Rosier qu’il animait façon baluche. Et les fusées de détresse qui partaient dans la nuit noire sur les flics en faisant pschhhhhht…
Au menu des hostilités
Vient alors le cassoulet du Liminbout, servi dans ses récipients en terre cuite… les morceaux de cochon, la saucisse pur porc et les haricots blancs sont recouverts d’une croûte marron dorée. Une ovation accueille les plats fumants. Les verres s’entrechoquent et le vin réchauffe les propos de table.
“Pendant que je parlerai, si tu arrives à retenir ton souffle assez longtemps, le hoquet s’arrêtera. Si tu n’obtiens pas de résultat, gargarise-toi avec de l’eau. Et si ton hoquet persiste toujours, prends quelque chose pour te gratter le nez et éternue.” On se partage les petits fromages de vache de Bellevue, fruit de la transformation laitière également inaugurée sur place. Et les anciens de comparer avec les fromages de chèvre du Larzac. C’est le temps joyeux où se mêlent organiquement aux notions de vie et de transformation, les utopies rebelles qu’on appelle de ses vœux.
Tous ces chantiers en commun, qu’ils concernent le bâti ou l’activité agricole, sont une force considérable.
–Ce repas aussi. Cela permet tout de même de maintenir non pas seulement une cohésion sur place, mais aussi avec les urbains, comme vous, qui ont le pied dedans mais trop souvent les mains dehors. »
De la grande jatte de fromage blanc, l’on sert copieusement les assiettes.
–“Méfiance… la ZAD pourrait devenir une sorte de Christiania, d’où l’on repart avec ses marchandises souvenir après avoir contemplé une exception sous contrôle. (…).
–Non surtout pas, pas plus qu’il ne faut s’enfermer dans une posture défensive, dans l’attente d’un improbable assaut, surtout au moment où l’ennemi est affaibli.
–Aux luttes futures !” Une clameur s’élève joyeusement. Mais l’invocation ne va pas sans la libation. Tanis reprend son verre : “J’ai pas fini mon rouge, ça tombe bien. Merde c’est du café, j’ai un avion de retard.”
“La ZAD peut devenir une base d’appui dans la guerre diffuse contre l’Etat. (…) que la nourriture que nous y produisons appuie d’autres luttes grèves sauvages, occupations !” résume l’archiviste (*).
Une tarte aux pommes maison clôt le festin : “Mangez des pommes” qu’il disait ! Survient alors la goutte… une goutte issue d’une macération locale, en attendant la démultiplication des alambics sur la ZAD. Du goulot de la fiole ventrue et transparente perle la liqueur. Un goût de pomme, à nouveau et volontiers. “Mais vous avez beau dire, y a pas seulement que d’la pomme… y’a autre chose… ça serait pas des fois de la betterave ?” rétorque un convive qui conserve le souvenir ému de la récolte de ces tubercules, le week-end du 23-24 novembre. Avec tendresse, il se remémore les agapes qui suivirent cette première “betterave party” de la ZAD : châtaignes grillées, vin chaud, bouillon et potée, en soirée, sous un chapiteau à Bellevue.
Tanis se saisit de son harmonica. Un banquet finit toujours avec de danses et de la musique, n’est-ce pas ? Un premier chant s’élève. Un hymne bretonnant, un chant militant ? Que nenni. Et si bien sûr il est question d’avions, ce n’est pourtant point ce qu’on attendait là :
“L’avion, l’avion, l’avion
Ça fait lever les yeux
La femme, la femme, la femme
Ça fait lever la queue…”
Quoi de plus savoureux en guise de conclusion qu’une de ces paillardises que le politiquement correct en milieu militant ne prise guère, mais que Rabelais couvrirait volontiers d’un rire hénaurme !
* Ces quelques mots sont issus du “Troisième dialogue à Notre-Dame-des-Landes”, 16 p. octobre 2013, Les Dialogues, c/o Café L’Ivresse, 9 rue de l’Hôtel de Ville, 44000 Nantes.
Chronique du dehors, par Francis Mizio
Dévoration
“American psycho”, image tirée du film adapté du roman de Brett Easton Ellis. © DR
“La révolution est une grande dévoratrice de gens de caractère.
Elle pousse les plus courageux à leur extermination
et elle vide les moins résistants.”
Léon Trotsky
“Le devoir de toute une vie est de ne pas être dévoré.”
Clarice Lispector
Je photographie ma coupe de fraises bretonnes à la crème prétendument bio, y applique un filtre qui en rehausse les couleurs, et l’uploade en un clic sur l’ensemble des réseaux sociaux auquel je participe. J’aime montrer ce que je mange ; avec mes amis adeptes de porn food, nous nous livrons à d’homériques battle d’images sur Instagram. J’ai toutefois un avantage sur eux : j’ai les moyens de m’offrir des restaurants chers, et ils le savent. Je sais que cela agace, mais c’est le jeu. Et j’ai de l’avance.
Je me géolocalise également sur Foursquare. Un petit commentaire désinvolte, histoire de frimer : “Je suis au restaurant "Au Triton Crêté". Aéroport international de Notre-Dame-des-Landes. Fooding juste correct. Service itou. Rien de bien formidable, toutefois. Menu voyageur entrée de gamme à 60 € avec paraît-il des produits locaux, mais je doute... ou alors les agriculteurs sont ici devenus incompétents. Bref : surfait, mais je ne vais pas aller au kébab ! Note 2/5”.
Lors de mon prochain passage, j’essaierai un autre restau de l’aéroport. "La ferme de Bellevue" offre paraît-il encore un plus beau panorama sur le restant du bocage, et une salade César, d’après ce que j’ai lu sur Tumblr, qui serait, d’après @cheguev, à mourir. Une fois à New York, je balancerai un autre check in sur Foursquare depuis un restaurant d’Harlem. Ils vont être verts, mes pauvres amis.
J’observe le paysage au travers de la baie, en lorgnant en douce sur une cliente, une splendide Américaine glacée et hautaine belle comme une mannequin de ce photographe de “Vogue”, Peter Lindbergh. Elle s’affiche dans le genre lesbian chic, déjà suranné et qui fait so 2000, en se vivant telle une créature de romans de Jay Mc Inerney ou de son pote Easton Ellis. Elle prend d’assaut une coupe de glace de la taille d’un vase à glaïeuls. Faute de goût. Et comment fait-elle pour avoir cette taille de guêpe, si elle se baffre, la belle idiote ? Je balance sur Twitter : “Les ricaines au restaurant de l’aéroport de #Nantes sont #fric et #glam mais n’ont aucun goût #gastronomie #pornfood #barbares.”
Dans une heure mon avion pour un petit séjour à Big Apple ; réveillon de Noël et tout ce bataclan clinquant et désuet, mais j’adore. J’ai repéré des adresses dans “Vanity Fair”. J’espère qu’au moins là-bas la vue d’une bouche trop maquillée absorbant de la laiterie italienne gelée à la hâte, cette fois, me sera épargnée.
Je repousse mes fraises de Plougastruc. Bof, bof. Elles sont honnêtes, sans plus. Tout est à l’avenant, en fait. Va falloir qu’ils progressent s’ils veulent garder la clientèle trendy digne d’un aéroport international. Ce n’est parce qu’on est à l’Ouest qu’on doit s’obstiner à faire province. Qu’ils les balancent au compost, comme ils aimaient tant faire ici avant que l’aéroport ne soit bâti : je suis gavé. Trop de nourriture sans personnalité. Soupir.
Heureusement, le passage lent des avions sur les pistes, le bocage au-delà des belles zones de préservation environnementale reconstituées par Vinci communiquent tout de même un vague sentiment de modernité propre et rationnelle. C’est trop peu roboratif, mais c’est déjà ça. S’ils sont lucides, les gens stagnant dans les bleds du coin devraient enfin prendre conscience qu’ils vivent dans un monde hypermoderne au-delà de leurs nains de jardins ; un monde traversé de circulations électriques ; du moins quand il y aura davantage de trafic aérien ici. Des flux, calme et volupté, voici ce qu’on veut. Certainement pas patauger dans la boue pour planter des arbustes faméliques ou semer des céréales maintenues par le fonds européen.
Bonne idée que ce réveillon de dernière minute, qui va me changer les idées. Nantes est décidément trop saturé de ces chalets de Noël faussement alsaciens où tous ces gens se pressent pour avaler n’importe quoi de fast, de saturé en graisses ou en sucres et autres piquettes chaudes buvables grâce à la cannelle. Nantes se veut internationale, mais n’est toujours qu’une province du monde. L’aéroport les sauve mollement en terme d’image ; sinon, bonjour la ringardise.
Oui, bonne idée, tout de même, que celle de cet aéroport. Quand on pense qu’ils ont gesticulé contre ! Mais dans quel monde vivaient-ils ? Preuve est faite que nous tous, passagers, sommes ceux qui permettent, grâce à nos loisirs et voyages d’affaires, à 4 000 personnes d’enfin gagner leur pain. D’ailleurs, plus personne ne crache dans la soupe. Combien d’enfants seront comblés le soir de Noël alors qu’auparavant, ils seraient restés le ventre creux, les mains vides de paquets à cause de leurs parents chômeurs ? Combien de salariés de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes seront finalement satisfaits cette semaine de claquer leur salaire place Royale ou rue Crébillon ?
On dit que le capitalisme, dont l’aéroport considéré comme inutile serait un symptôme, est autophage : qu’il absorbe tout, le monde et ses sujets ; que ses permanentes métastases s’entregrignotent, et que c’est mal. On dit que l’aéroport a dévoré le bocage avec ses pistes et ses parkings ; qu’il a jeté à terre la table collective et festive des paysans et opposants se bourrant de patates à la braise et de gros rouge, et que c’est dommage. On dit que des espèces de flore et de faune on été priées d’aller se faire bouffer ailleurs, et que c’est triste.
On en dit des conneries.
S’il y en a bien, en revanche, qui sont dévorés, ce sont plutôt des gens comme moi : dévorés par Chronos. Toujours à courir pour le boulot, à se taper des repas d’affaires, à vivre dans le temps universel du Net, loin des cycles lunaires avec lesquels certains prétendent faire pousser leur potager alternos... Car on ne gagne plus sa vie à coups de subventions ou de cultures de légumes immangeables, il faut être réaliste. Alors si je peux m’extraire du cloud pour traverser les nuages, dès que j’ai un moment, qu’on ne me fasse pas la leçon.
Je consulte ma montre. J’ai encore le temps de passer au duty pour rafler quelques produits régionaux. Les Américains adorent, c’est exotique, et puis ceux proposés dans les boutiques sont aseptisés et validés par la food and drugs. Ils passent la douane et les contrôles sans problème. C’est aussi cela l’aéroport, du moins ce à quoi il participe : enfin une garantie de qualité et d’hygiène grâce à une normalisation planétaire. Prétendre résister à coup de fromage de chèvre n’était pas seulement vain, c’était d’arrière-garde. Mais bon, vous savez comment sont les gens : persuadés que c’était mieux avant.
J’appelle le serveur empingouiné, et le détaille tandis qu’il enfourne ma platinum dans son lecteur de cartes. D’où vient-il, lui ? Sans doute d’une de ces zones pavillonnaires sur la ligne de cet insupportable tram-train ; celui qui sent l’œuf dur car les salariés s’y enfilent des sandwichs matin et soir, en attendant de regagner leur pavillon barbecue-ribs-cramés du dimanche l’été, et saucisses-polenta-bien-plombantes à la cheminée l’hiver.
Allez je file d’ici. C’est assez. Ce qu’on nous servira dans l’avion devrait être acceptable. Champagne pas trop naze, j’espère. Après tout, la première classe coûte suffisamment cher pour qu’on nous épargne leur satané muscadet.
Au loin, le bocage paraît aussi ennuyeux que désuet. Bon réveillon à tous, mais sans moi. L’aéroport sert mon appétit : je vais dévorer ailleurs ; maintenant qu’ici c’est fait.
Alain Le Cabrit et Francis Mizio
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