A l’occasion du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand 2019, du 1er au 9 février, le focus du jour sur un film parmi les 163 en compétition : « Mais Triste que Chuva num Recreio de Colégio », de Lobo Mauro, en sélection internationale.
« Mais Triste que Chuva... » de Lobo Mauro, un documentaire expérimental sur la décomposition démocratique au Brésil. © DR
< 06'02'19 >
Clermont 2019, le court du jour 3 : « Mais Triste que Chuva… »
Clermont-Ferrand, envoyée spéciale La décomposition démocratique dans le viseur du Brésilien Lobo Mauro dans « Mais Triste que Chuva num Recreio de Colégio », c’est le film du jour choisi par Poptronics au 41e Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand. « Mais Triste que Chuva num Recreio de Colégio » (triste comme la pluie dans une cour de collège) est un documentaire expérimental magnétique et anticipateur que son réalisateur décrit comme un film « sur la haine ». « Mais Triste que Chuva num Recreio de Colégio », Lobo Mauro (Brésil, 2018, 13mn56) sélection internationale, bande annonce : A l’écran, aux images d’un footballeur au ralenti seul avec son ballon, enfermé dans une cabine du stade de Maracanã succèdent des plans léchés du chantier pharaonique de rénovation du mythique stade de foot de Rio de Janeiro pour la coupe du monde 2014. La bande-son, elle, entrecoupe les discours enflammés précédant la destitution de la présidente Dilma Rousseff en 2016, le commentaire sportif (et héroïque) du match de foot calamiteux du Brésil pendant cette coupe face à l’Allemagne (on se souvient du cuisant résultat : 1-7) et un discours de Michel Temer (le successeur de Dilma Rousseff) pour l’adoption d’une réforme du code du travail, présentée comme le moyen de libérer les forces vives de la nation brésilienne et qui a surtout servi à enrichir les plus riches. A la toute fin de ce De profundis d’une certaine idée du Brésil, celle de pays du « foot, de la musique et de la culture », comme le rappelle Lobo Mauro à Clermont, arrive le témoignage d’un ouvrier du chantier de Maracanã, abonné depuis aux petits contrats très précaires. Grandeur et décadence du Brésil… Ce film puissant, symbolique et tragique, éclaire et anticipe d’une certaine manière l’élection du très à droite de la droite Bolsonaro au début 2019. Il témoigne de la montée de la haine, des antagonismes et des incompréhensions dans le pays : « Vous avez les gilets jaunes en France, nous, au Brésil, nous avons eu une crise politique que personne n’a réussi à comprendre. » Aujourd’hui, dit-il, chacun est retranché dans son camp et la politique réduite à un positionnement « binaire » : « Si tu n’es pas d’accord avec moi, alors tu es contre moi. » Un pays dépassé par ses rêves et ses divisions, qui a ouvert beaucoup plus qu’une boîte de Pandore, comme l’explique Lobo Mauro ci-dessous : « Mais Triste que Chuva num Recreio de Colégio » est bien plus qu’un documentaire sidérant sur le Brésil, c’est un film sur les convulsions du monde. Retrouver les précédents courts du jour à Clermont 2019
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