A l’occasion du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand 2020, du 31 janvier au 8 février, notre focus du jour sur un des 161 films en compétition :
« Zombies » de Baloji (Belgique, République démocratique du Congo), en sélection labo.
« Zombies » de Baloji, nous transporte dans un Kinshasa futuriste halluciné (capture écran). © DR
< 06'02'20 >
Clermont 2020, le court du jour 5 : « Zombies », la rage flamboyante de Baloji le Congaulois
Clermont-Ferrand, envoyée spéciale Aux débats Expresso du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, près de la moitié des réalisateurs des 161 films sélectionnés viennent rencontrer le public. N’en choisir qu’un par jour est un crève-cœur. Ce jeudi, on a beaucoup hésité entre les deux courts africains du jour, « Da Yie » d’Anthony Nti (Belgique, Ghana) et « Zombies » de Baloji (Belgique, République démocratique du Congo). Notre choix s’est porté sur le film entièrement accessible en ligne, celui du « Congaulois » comme il se définit lui-même, belge né au Congo, Baloji. « Zombies » est une balade/ballade hallucinée entre rêve et réalité à Kinshasa qui convoque les images les plus fortes de la culture africaine pour dénoncer notre zombification technologique. C’est aussi parce que Baloji est résolument hors-circuit, qu’il refuse de se définir comme musicien ou réalisateur, mais se dit artiste. « Je fais des films avec la rage que ça puisse exister sans production. Ça permet une liberté totale, celle de s’amuser comme un enfant à matérialiser toutes les idées dans ma tête. » Et des idées, il en a visiblement en pagaille, celui qui s’est fait connaître sur la scène musicale avec son afrobeat revisité (Alain Mabanckou parle de « World Beat, une voie de la rumeur du monde »). « Zombies » a des allures de clip vitaminé, léché et incarné (costumes, lumières, rythme…) mais sa narration échevelée va au-delà, entre diatribe contre la technologie qui nous aliène et variations autour de ce « Mobutu blanc qui distribue des billets » et finira jeté en pâture dans l’une des décharges en plein air de Kinshasa, au terme d’une étrange parade urbaine.
« Ce qui m’inspire, explique-t-il à Clermont devant un public conquis, c’est ne plus faire la distinction entre réel et fantasmé. » Pour y parvenir, il convoque des décors futuristes et hyperréalistes à la fois, distribue les masques et les costumes revisitant la tradition africaine (un casque de moto recouvert de coquillages, une tenue de sorcier en préservatifs…), le tout sur une bande-son envoûtante. Sans oublier les piques à la selfisation du monde et à ses effets délétères sur les cultures traditionnelles (cf le passage par le salon de coiffure). Flamboyant et foutraque, un film parfait pour le labo de Clermont. Baloji s’est entouré d’une palanquée d’artistes, acteurs et figurants pour réaliser « Zombies », son énergie et son charisme devant lui faciliter la tâche. Alors que son film est montré un peu partout dans le monde, il dit avoir en préparation un long métrage (« en recherche de financement ») ainsi que deux courts. Et avoue le « kiff total » d’être sélectionné à Clermont avec ce film « fait main » : « Vu d’où je viens, c’est juste extraordinaire. » « Zombies », Baloji, Belgique, République dém. du Congo, 14’, 2019 : Baloji a également réalisé « Peau de chagrin / Bleu de nuit » (2018), qu’on peut voir cette semaine à Clermont en sélection Décibels. Poptronics à Clermont 2020, retrouver les courts du jour 1, du jour 2, du jour 3, du jour 4
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