

Clermont-Ferrand, envoyée spéciale
« Ça aurait pu être une histoire des Mille et une nuits », dit Pierre Mouzannar aux derniers Expresso du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, ce samedi 8 février. Son film « An Arabian Night », en compétition internationale, est une fiction douce à l’extrême finesse qui conte l’improbable rencontre entre un soldat britannique à la veille de son premier déploiement en Irak et le gardien irakien du club de tennis où il est venu taper quelques balles.
« Une rencontre entre deux mondes, deux cultures, qui devrait se passer plus souvent » selon le réalisateur, lui-même jeune Libanais, arrivé à Londres à 17 ans et qui y a fait ses études de cinéma (son film est celui qui signe sa licence en cinéma).
« An Arabian Night », Pierre Mouzannar, Royaume-Uni, Angleterre, Liban, 33’ (bande annonce) :
Michael, plus ou moins convaincu de faire le bien en s’attaquant au grand méchant Daesh, « va vivre cette nuit en Irak sans jamais y être allé ». Si le début et la fin du film sont bien ancrés dans la réalité, tournés en extérieur caméra sur l’épaule, le cœur du film a la couleur d’une « fable orientale ». Le club de tennis figure « un endroit où on n’est pas censé faire ce qu’ils y font » : jouer au ping-pong avec un volant de badminton, s’enivrer, fumer, danser…
S’ils se livrent l’un à l’autre, si loin et pourtant si proches, c’est par petites touches, avec une grande pudeur. Une caméra appartenant à Omar leur sert de trait d’union, parce que « c’est plus facile de parler à travers les images ». Aussi bien celles qui traumatisent Omar que celles qu’ils vont fabriquer ensemble en improvisant un théâtre d’ombres et de lumières.
Pour accentuer l’effet de rêve éveillé, « tous les plans à l’intérieur sont statiques, comme s’ils flottaient » dans l’espace, explique Pierre Mouzannar. Même quand ils sont filmés de près, ils ne prennent qu’une « petite partie de l’image », puisqu’ils ne sont que « des atomes » dans « cette grande ville de Londres où l’on se sent finalement assez seul ».
Les conflits entre l’Orient et l’Occident sont à l’arrière-plan de leur rencontre. L’Irak parce que c’est « l’éternel colonisé du monde arabe », dit Pierre Mouzannar, et l’Angleterre (plutôt que les Etats-Unis) parce que c’est « le pays à la source de tous les problèmes du Proche-Orient depuis 100 ans ». Sans délivrer d’autre petite musique que celle de l’ouverture à l’autre, « An Arabian Night » ne propose pas non plus de happy end. Il a exactement la même portée que l’un des récits des Mille et une nuits pour Shéhérazade : un répit passager, un moment de grâce…
« An Arabian Night », Pierre Mouzannar (les premières minutes du film) :
A lire aussi, l’entretien avec le réalisateur sur le blog du festival.
Poptronics à Clermont 2020, retrouver les courts du jour 1, du jour 2, du jour 3, du jour 4, du jour 5 et du jour 6
annick rivoire |
![]() |

Clermont 2020, le court du jour 6 : « Metamorphosis » ou le suicide « heureux »
Clermont 2020, le court du jour 2 : « Kohannia », l’amour au temps de l’effondrement

Art Orienté Objet : « J’ai ressenti dans mon corps la nature très vive du cheval »
Papillote infuse un brin de permaculture dans le jeu, l’art et les réseaux
David Guez « expérimente sans attendre » avec les éditions L
L’IA n’a pas halluciné cette Papillote