Octopus, festival des inventeurs d’instruments, le 2 mai à 20h30, à la Maison des Métallos, 94, rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11e.
Concerts plastiques avec Staalplaat Soundsystem et Stahl Quartett (13 euros).
« Pause » , installation vibrante en transat de Lynn Pook. © DR
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Entre ventilos et bricolos, Octopus décoiffe le son

L’immersion que propose Octopus dans le monde des bricolos-musiciens et autres mélomanes excentriques se termine ce vendredi 2 mai à la Maison des Métallos, à Paris, autour d’un plateau décapant. Staalplaat Soundsystem, dont les propositions live vont des voitures tourne-disques aux frigos bruitistes, propose l’installation « Avantilator » pour 100 ventilateurs électriques de bureaux. Autre exclusivité Octopus, les allemands de Stahl Quartett et leurs « Steel Cello », des violoncelles d’acier grand format. « Les artistes que nous programmons ont commencé l’invention instrumentale sur la base d’une frustration, celle de ne pas trouver dans la lutherie “classique” les sonorités correspondantes à ce qu’ils recherchaient », explique Sonia Musnier, coordinatrice du festival.

La cinquième édition d’Octopus, entamée le 16 avril, a proposé des installations interactives, des concerts et une rencontre-démonstration avec Rémi Dury, l’inventeur du premier instrument de lutherie électronique. C’est l’intérêt de ce festival dénicheur que de présenter inventeurs d’instruments et chercheurs inspirés, à l’image de l’installation « Pause », vue le mardi 29 avril. Par groupe de 5, les visiteurs se penchent sur une installation-ovni, une « fleur » de cinq transats vibrants sur-mesure, reliés les uns aux autres. Intrigués, on ôte rapidement manteaux, chaussures et bijoux. Puis on s’allonge, s’attache, enfile les boule Quiès et ferme les yeux. Des sons électroniques émergent, un peu stridents, des vibrations effleurent les épaules, les hanches, le plexus, les doigts, l’arrière des genoux. Le corps vibre, les vibrations massent et titillent sens et oreilles.

Au bout de quelques minutes, la magie opère. L’impression étrange de sentir le transat se renverser, de perdre toute notion d’espace : on décolle ! A l’atterrissage, échange d’impressions, et l’envie de recommencer. Pendant ce temps, Claire Bertonnaud, médiatrice et aux commandes du PC, explique : « On diffuse une piste sonore de 11 minutes, avec des fréquences plus ou moins graves qui remontent le long du corps par conduction osseuse, jusqu’à la boîte crânienne. On a l’impression que le son arrive par le corps, mais il vient des haut-parleurs placés dans des endroits stratégiques, qui sont aussi des points d’acupuncture ».

Cette installation à la Matrix est l’aboutissement d’un travail de plusieurs années, réalisé par Lynn Pook, une artiste plasticienne franco-allemande qui travaille sur l’observation du corps et plus particulièrement sur le lâcher prise et la perte de repère. Côté son, Julien Clauss, membre du laboratoire artistique Locus Sonus, a interrogé la perception de l’espace et la place de l’homme dans son environnement. Cette pause dans le temps, concept original, suscite de nombreuses réactions, entre état léthargique et répulsion : « Chacun vit sa propre expérience. Certaines personnes se sont complètement endormies dans le hamac, tandis que d’autres se sont senties oppressés par les branchements et les sonorités dès les premières minutes », raconte Claire.

« Octopus est le seul festival en France à proposer cette thématique de l’invention d’instruments, une pratique qui se développe sans cesse. Les propositions et les découvertes sont par essence inépuisables », se félicite Sonia Musnier. Octopus 2008 enregistre une fréquentation en hausse : si le premier concert n’a réuni qu’une centaine de personnes –la faute au beau temps ?- les expositions ont fait le plein. Preuve de cette bonne forme, l’instrument imaginé par Rémy Dury pour décloisonner musique électronique et gestuelle instrumentale, sera commercialisé à l’automne.

« Avantilator », le ventilo-concert de Staalplaat Soundsystem au festival Avanto d’Helsinki en 2003 :

valérie nescop 

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