Double événement sur la question du double… X-Réseau, la tentative d’élaborer une scène du Net à partir du théâtre Paris-Villette, s’empare de la question de l’homonymie sur Internet avec un « Webcamp » qui vaudra bien l’appellation séminaire, ce mardi à 19h30. Est invité à réfléchir à haute voix dans ce « salon de thé de la culture Internet » (un concept québécois), Milad Doueihi, l’auteur de « La Grande conversion numérique » (2008). Ce spécialiste de l’histoire des idées en Occident y avait saisi le modèle religieux pour analyser comment le Web constitue la conversion en mouvement de l’ancien monde analogique vers une nouvelle organisation numérique. Pour l’occasion, ce « numéricien par accident » comme se définit le chroniqueur de Place de la Toile, interrogera identités et homonymes (« Fait, pour une/des personne(s) de porter le même nom qu’une/des autre(s) en dehors de tout lien de parenté », rappelle le dico du CNRS).

C’est en ligne que la soirée se poursuivra, avec le projet d’Alexandre Lard, des Beaux-Arts de Valenciennes, sur Pardefaut.fr. Son projet joue autour du spectacle, à voir sur la scène du théâtre Paris Villette, « Kukuga mélancolique système dix  », mis en scène par Jean-Paul Delore à partir du voyage africain de dix apprentis acteurs de l’Ecole de la Comédie de Saint-Etienne. Il se propose de livrer en direct « le récit des homonymes, aux abords du plateau des représentations ». Comment se construit une identité numérique, quel est le statut du nom, de l’avatar, et, dans le cas des homonymies, ces lignes de fuite... Alexandre Lard explore ces pistes au travers de six fictions nées de sa rencontre avec les jeunes comédiens. A voir en ligne dès 21h.

Quant aux dix comédiens, ils seront physiquement présents en temps réel sur le plateau du Paris Villette à la même heure. « Kukuga mélancolique système dix » retrace en effet l’épopée qui les mena d’Afrique à l’Ile-de-France. Leurs noms, et ce qu’ils ont bien voulu partager de leurs personnalités, relieront la scène à l’écran. La principale curiosité de ce projet double (voire triple), c’est la question de l’articulation entre cette incarnation dramaturgique et le projet online, sachant qu’il est impossible de visionner les deux simultanément. Une expérimentation à suivre via X-Réseau, l’une des rares initiatives françaises dédiées à l’art réseau soutenue officiellement (en l’occurrence par la Drac Ile-de-France). Ce soir, c’est aussi la validité de l’articulation entre scène et écran qui sera mise en jeu.

saskia maillard