Labyrinthe, exposition de Jannis Kounellis jusqu’au 24/02 à la Neuen National Galerie de Berlin, Potsdamer Str. 50.
Véritables scénographies, les labyrinthes de Jannis Kounellis occupent complètement l’espace, entourent le spectateur en le rendant acteur, comme ici à Berlin. © Manolis Baboussis
< 22'02'08 >
A Berlin, le labyrinthe de Kounellis montre la voie
(Berlin, envoyé spécial) Derniers jours pour se laisser piéger dans le nouveau labyrinthe de Jannis Kounellis, pionnier de l’Arte Povera, à la Neuen National Galerie de Berlin. L’artiste italo-grec né en 1936 s’attaque directement au rez-de-chaussée du bâtiment signé par Mies van der Rohe pour bâtir un dédale de plaques d’acier, plus abouti et monumental encore qu’en 2006 à la fondazione Pomodoro à Milan. Depuis les années soixante, quand l’Arte Povera, mouvement constitué autour du critique et commissaire Germano Celant, bouleverse l’art de l’époque en mettant en avant les matériaux bruts, les moins destinés a priori à un usage artistique (terre, bois, charbon, café…), Kounellis n’a cessé de creuser sa double obsession pour les questions de mémoire et d’histoire (les mondes archaïques, la figure du Minotaure dans ses labyrinthes, etc.). A Berlin, Jannis Kounellis fait une proposition in situ, un « situ » qu’il connaît déjà, y ayant été exposé en 1982 puis en 1988. Il offre aux spectateurs un parcours construit en relation étroite avec le lieu : de la lumière filtrée par la façade vitrée du rez-de-chaussée, il ne reste plus rien, toute l’œuvre est délimitée par des plaques d’acier soudées entre elles qui rappellent étrangement les premières sculptures de Richard Serra. A divers endroits du dédale, des pièces qui jouent en permanence sur la contrainte ou la largeur des passages. La dureté du mur de brique contraste avec la fragilité suggérée par l’œuf blanc, et pour le visiteur, la déception face à un recoin qui débouche sur une plaque de métal suit la surprise liée à la découverte… Bref, Kounellis s’amuse à mettre en place une confusion spatiale. Janis Kounellis n’est pas un artiste démiurge, en revanche, il endosse avec brio le mythe de Dédale, afin de mieux présenter les diverses démarches adoptées tout au long de sa carrière. Ainsi, plusieurs de ses sans-titres de 1969, le lit, les sacs de graines présentés à Berne entre autres, rythment la progression au cœur d’un labyrinthe sans véritable centre où la structure si caractéristique de Mies van der Rohe s’efface, pour mieux ressortir de façon inattendue à certains moments, façon de changer radicalement la perception de l’architecture. Au cœur du labyrinthe, les visiteurs incarnent Icare mais sans se brûler les ailes, sauf à la flamme d’une bougie, celle de l’œuvre « Liberta o Morte ». Quelques lames affûtées sortant d’une plaque se chargent de leur rappeler que l’espace n’est pas domestiqué, qu’il recèle encore dangers et surprises, comme cette accumulation de plaques de divers métaux ou ces chaises dont l’assise se transforme en socle pour du charbon. Le fil d’Ariane a disparu au profit de machines à coudre improductives, posées sur de simples tables en bois. En plus du cheminement, Jannis Kounellis transporte les spectateurs directement vers ses intentions, facilitant les rencontres entre matériaux et matières hétéroclites : feutres, grains, sac de tulles, ardoise, craie, habit… Rétrospective autant qu’œuvre-bilan, l’installation n’est pourtant pas totalement ancrée dans le passé ; elle évoque un avenir incertain où chacun, même l’artiste, sera captif d’un nomadisme où l’adaptation et l’alchimie (la présence importante de formes en plomb) seraient les clefs de la survie pour ne pas finir comme la dépouille de laine blanche accrochée et pendante…
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