Richard Avedon, Photographies 1946-2004, du 1er/07 au 28/09, rétrospective du Louisiana Museum of Modern Art (Danemark), en collaboration avec la Richard Avedon Foundation (États-Unis), au Jeu de paume, 1 place de la Concorde, Paris 8ème, ma 12h-21h, mer-ven 12h à 19h, sam-dim 10h-19h, 7 € (tarif réduit : 4 €).
« Roberto Lopez, ouvrier sur un gisement pétrolifère Lyons, Texas, 28 septembre 1980 ». Image tirée de « In the American West », par Richard Avedon, à voir au Jeu de paume pour la première rétrospective depuis la mort du photographe américain, en 2004. © 2008 The Richard Avedon Foundation
< 02'07'08 >
L’Amérique de Richard Avedon, des clichés sans cliché
Puisqu’il est question de photographie, autant commencer par un cliché. Richard Avedon est au glamour ce que la cerise est au gâteau ou le gratiné au gratin : le top. Avec son noir et blanc impeccable, ses modèles sublimes dans leurs robes Dior et ses éclairages naturels, le photographe américain s’est forgé un statut d’icône qui explique l’ampleur de sa première rétrospective française. Parmi les 217 tirages réunis au Jeu de Paume, des portraits de Catherine Hepburn, Giacometti, Chaplin, Burroughs, Duchamp, Björk et j’en passe : de 1946 à 2004, tout ce que l’Occident compte de mannequins, d’artistes et de puissants a posé pour Avedon. De quoi rassembler dans une même extase name-droppers et fashionistas. Pourtant, le double portrait de Beckett qui sert de prologue à l’exposition tord d’emblée le cou au cliché. Comme entrée en matière, on a fait plus glamour –mais on ne peut plus révélateur : dans les œuvres d’Avedon, c’est une fin de partie qui se joue. Il y a d’abord le jeu du photographe avec son modèle. Sur un fond neutre, généralement blanc, celui-ci est cerné par la sobriété du dispositif, et comme sommé de dire sa vérité. Donc Marilyn est triste, Truman Capote hautain et Marguerite Duras espiègle. On ne triche pas avec Avedon, et d’autant moins qu’il s’en tient aux strictes apparences. Après tout, il se peut que la chose la plus profonde chez un individu soit ce qu’on y lit en surface... Du reste, ces portraits donnent lieu à un autre jeu, mené cette fois à grande échelle. Noir et blanc oblige, on pense à une partie d’échecs –celle que l’Amérique livrerait contre elle-même. Sur les murs du Jeu de Paume, Eisenhower jouxte William Casby, ancien esclave, et Jean Genet fait face à l’establishment. Dès les années 60 et jusqu’à sa mort en 2004, Avedon est allé grossir à sa façon les rangs de la contre-culture : en photographiant la société toute entière, il a mis à nu ses contradictions. Imaginez la rencontre, en couverture de « Vogue », de Malcom X et de Coco Chanel… Donc, à tous les mythes forgés par l’Oncle Sam, le photographe réplique par des clichés qui en montrent l’exact envers. A commencer par « LE » mythe américain par excellence : l’Ouest. Dans la série qu’il lui consacre, Avedon ravale l’épopée conquérante au rang de baliverne. Lorsqu’il parcourt les Etats de l’Ouest en quête de nouveaux visages, il y photographie tous ceux qu’Hollywood ne montre pas, ou si peu : serveuses, mineurs, ouvriers, vagabonds... Ces working-class heroes dominent la rétrospective, et réussissent le tour de force d’y éclipser les peoples. Logique : ils vérifient comme personne ce constat d’Avedon selon lequel un fait, s’il est pris en photo, « cesse d’être un fait pour devenir une opinion ». Petites phrases du grand photographe en anglais (et en pdf) :
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commentaires
écrit le < 02'07'08 > par <
yellooboy007 EmB yahoo.fr
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a la lecture, quelques interrogations : "Richard Avedon est au glamour ce que la cerise est au gâteau ou le gratiné au gratin : le top." et Helmut Newton… "y compte pour du beurre" Passons, les jugements de valeur c’est comme les goûts et les couleurs, ça se discute… "une même extase " 1-Pourquoi extase ? Je savais pas que la photographie fonctionnait comme les retables du Moyen Age ou les oeuvres du Bernin... 2- C’est un peu vite passer sur la spécificité des images d’Avedon, formé et bossant au Harper’s Bazaar. Point de conjonction de tous les grands artistes Us "Avedon est allé grossir à sa façon les rangs de la contre-culture : en photographiant la société toute entière, il a mis à nu ses contradictions." Voyons voir avant Avedon, y avait rien et après bah rien alors !!!….Dommage pour Weegee et quelques autres, non ? "il y photographie tous ceux qu’Hollywood ne montre pas, ou si peu : serveuses, mineurs, ouvriers, vagabonds..." Oui sauf que d’un point de vue historique, c’est nier les "vrais pionniers" de la photographie us, de Dorothea Lange à Walker Evans, et j’en passe quelques-uns, dont Robert Frank, Ansel Adams,… Peut être faudrait-il lire ou relire "le style documentaire en photographie d’August Sander à Walker Evans" d’Olivier Lugon.... Bref, Avedon est un photographe très intéressant et dont les photographies sont impressionnantes ! La richesse d’Avedon est d’être à l’intersection de plusieurs courants photographiques us et européens, le passage mode-doc-paysage, est beaucoup plus subtile et mérite que l’on s’y attarde sérieusement. Pourquoi le jeu de Paume, se transforme-t-il en un lieu servant de promotion des grandes valeurs us de la photographie, cf. Friedlander, Ruscha etc… Je veux bien qu’il récupère ou fasse des coprod avec le Moma ou d’autres institutions car c’est moins dispendieux que de produire des expos, mais qui y a t il derrière….Pourquoi promouvoir ceux-ci particulièrement et moins les européens ? Est-ce lié à l’ histoire de marché ? au marché lui même ? à une réécriture de l’histoire de la photographie ? à la mise en place d’une stratégie culturelle ?
écrit le < 02'07'08 > par <
not.sosoft GyQ yahoo.fr
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Yellooboy, ta lecture de l’article est d’une telle mauvaise foi qu’elle soulève, elle aussi, quelques interrogations... Il ne me semble pas que le propos du journaliste soit de refaire l’histoire de la photo américaine. Il se trouve qu’il y a en ce moment une expo sur Avedon. Donc c’est de lui qu’on parle. Juste là rien à redire. L’article ne prétend à aucun moment qu’il est le meilleur photographe américain (son côté "top du glamour" est présenté comme un cliché), ni même qu’il soit le seul à avoir lorgné du côté de la contre-culture (on dit qu’il est allé en "grossir les rangs", c’est donc que ces rangs existaient, non ?). En tout cas, chapeau pour tes connaissances sur la photo américaine.
écrit le < 03'07'08 > par <
yellooboy007 9TX yahoo.fr
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Ok, je le reconnais, j’ai tapé un peu fort ! Milles excuses ! Ce qui m’intéresse dans la photographie d’Avdon c’est son traitement du paysage mais delà à en faire un "maître de la photographie" sans besoin de recontextualiser sa production faut pas exagérer non plus... Avedon est important ok, mais d’autant plus quand tu retraces précisément ses influences et les gens avec lesquels il a travaillé. Pourquoi et comment ils gèrent les accessoires ? comment il gère sa lumière en studio ? En quoi sa photo de mode est-elle plus prisée que les autres, à l’époque ? Pourquoi il a influencé et continue à influencer la jeune génération ? Comment place-t-il son appareil pour un paysage par rapport aux autres photographes cités.., .autant de choses, qui se sont pas abordées. De plus, je sais pas si c’est une maladresse mais l’argument tournant autours du " mythe américain". Poncif, non ? Désolé je suis pas un colonisé, donc je rentre pas dans cette dialectique éculée ....ouhh regarde derrière le mythe us se cache .... L’expo du Jeu de Paume s’inscrit dans une machine politique et culturelle... autours de thématique mode et photographie... photographie humaniste à la française versus (ou parallèle) avec la photographie humaniste américaine....Il serait bon par exemple de se pencher sur la programmation en "photographie historique" depuis cinq ans du jeu de Paume pour voir quels sont les enjeux... mais c’est un autre débat !
écrit le < 04'07'08 > par <
abel.a75 ed4 gmail.com
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Une super expo (ça devient rare au Jeu de Paume). Avedon est un grand portraitiste. Par contre, pour ses paysages, faudra qu’on m’explique. Y’en avait aucun...
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